Reprise: comment tomber en amour
samedi 3 janvier 2009, 21:29 Conte Lien permanent
Tout simplement parce que je l'aime ce billet-là, et qu'il n'y a pas toujours de pouquoi. Je ne sais pas si je devrais révéler tous les trucs, mais une amie très chère me demande comment on fait pour tomber en amour. Alors, je vais en dévoiler quelques-uns, mais juste quelques-uns.
Tout cela a commencé vendredi. Il y a un très petit deux kilomètres à faire entre le bureau et chez moi, que j'ai fait à pied sur la rue St-Denis, une rue où les terrasses se succèdent sans relâche sur toute la longueur. Et comme c'était le premier vrai jour de chaleur, les filles de Montréal s'étaient données le mot pour faire le concours du plus grand coup de soleil... Ça m'a pris plus de quatre heures à faire la distance, et j'ai failli tomber en amour 300 fois au moins.
Jadis, il y a longtemps, Fabienne Thibeault chantait la rue Saint-Denis:
Dans la rue St-Denis
Au soleil du midi
Au milieu de l'été
Nous avons bien marché
Chaque mûr, chaque replis
Pignons et galeries
Dans la rue St-Denis
Nous imposaient leurs siècles de vie
Ceux qui sont sans passé
Ont réinventé nos lois
Et repris nos exploits
De chevaliers barbouillés
Un soleil brûlant
Sur vingt milliers de passants
Serrant le front et les paupières
Sous l'éclat de la lumière
Il y a là le premier secret, bien choisir sa journée. Un soleil ordinaire ne suffit pas. Il faut que la lumière scintille, que l'air goute un peu sucré. Ça peut très bien être une brume douce qui rend les contours mystérieux, une pluie tendre, où quand il neige des peaux de lapin, mais une soleil ordinaire, c'est moche. Très bon aussi les lendemains. Lendemain d'une tempête quand les gens veulent vérifier s'ils sont encore vivants en rencontrant d'autres vivants, tempête de vents, tempête de cris, tempêtes de coeurs, le lendemain de ces tempêtes est très propice.
Très important, vérifier à son agenda, si notre coeur est disponible. Il y a rien de plus terrible que de tomber en amour quand notre coeur est occupé à autre chose, c'est comme attraper une portière d'auto en bicyclette, ça fait toujours très mal. On peut aussi vérifier si c'est la pleine lune aussi, c'est bien la pleine lune, il faut juste vérifier qu'on ne tombe pas en amour avec un fantôme.
Se nettoyer le nez. C'est par l'odeur qu'on trouve l'amour. Oui, nettoyer un nez d'ours, c'est une tâche colossale, qui demande de l'attention. C'est peut-être pour cela qu'on ne tombe pas vraiment en amour par hasard, si on n'a pas un nez propre, peu de chance que cela arrive. Certains se lavent même les mains et les pieds avec attention, histoire d'avoir des senseurs propres pour bien capter les picotements... Rien de plus dommage que de passer à coté de l'amour sans s'en apercevoir. L'amour ne porte par toujours une affiche au néon affirmant c'est moi! C'est moi! Ça se produit parfois, mais pas toujours.
Très important aussi de laisser une partie de son poids à la maison. Parce qu'on ne peut pas marcher à 10 centimètres au dessus du trottoir si on le coeur emmitouflé d'un tas de vieux vêtements, c'est trop lourd. On peut aussi laisser les moches souvenirs, les plaintes, les factures, les emmerdes, la famille et aussi ce qu'on était puisque le but c'est d'être nouveau, à nouveau ou de nouveau.
Certains affirment que porter des lunettes roses facilite grandement. Je suis plus ou moins d'accord, il est plus facile de se tromper et de tomber en amour avec des lampadaires, ou des bornes-fontaines quand on porte ce genre de lunettes.
Bon ça suffit pour aujourd'hui. La prochaine fois on étudiera la façon de marcher pour tomber en amour sans tomber dans les pièges.
Commentaires
"Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connait à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
on songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lêvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir"
__Les Passantes Poème de Antoine Pol
chanté par Georges Brassens__
Tomber en amour m'a toujours paru beaucoup plus joli que tomber amoureux...
être léger et nouveau, si simple et si difficile...
C'est un très beau texte, et si plein de vérités...oui, pour en avoir entendu parler, il paraît que tout est histoire d'hormones...on a l'expression "je ne peux pas le sentir", et ma foi ça vient peut être de là...il faudrait sentir son amour comme on hume un parfum, il peut être capiteux ou décapiteux s'il vous fait tourner la tête, fruité comme une bouche rouge qui s'offre au baiser, léger comme une caresse qui fait frissonner...heureusement, il ne faut pas être un nez pour tomber en amour, car l'amour n'est pas inné, il se trouve ou il s'apprend;)