La lame de Ramah (quatrième partie)
mardi 20 octobre 2009, 16:48 Conte Lien permanent
Encore une fois, d'après mes stats vous êtes très nombreux à me lire, mais très peu à commenter. C'est si moche que ça ? L’écriture est l’amie de ceux qui ne dorment pas. Je me suis réveillé à 5 heures du matin, le temps de se préparer pour une bonne chasse. Malheureusement, le phoque est bien rare en ville… Il vaut mieux écrire.
Les chiens étaient contents de repartir. Ils sont nés pour courir, courir est le sens des choses, et être dans le sens des choses apporte la joie.
Au bout du territoire des gens du clan de Qumaq, du clan de la
grande rivière Korksoak, il y a encore la Korksoak. Ce qui fait la
frontière, c’est un affluent, une rivière assez large à son embouchure
et qui va toute droite entre deux montagnes assez hautes. Les chiens
n’ont pas hésité. Sans même ralentir, ils sont descendus sur la rivière
gelée et ils courent maintenant entre les deux montagnes. Qalingu a
bien crié plusieurs fois « Hra-Hra-Hra » pour les faire
tourner à gauche et reprendre une possible route le long de la
Korksoak, mais les chiens ne veulent pas. Il pourrait les faire
arrêter. Mais non, c’est clair maintenant que Kajualuk entend l’appel.
C’est logique, la grande chienne aura moins de doute que l’homme, elle
obéira plus facilement. Il vaut donc mieux suivre.
Ce qui inquiète l’Inuk, ce n’est pas tant d’avoir quitté le bord de la grande rivière. Ce n’est pas non plus la crainte de courir sur la glace d’une rivière. C’est toujours dangereux surtout à cette vitesse, qu’il y ait une faiblesse, un trou où le courant a affaibli la glace. Non ce qui inquiète l’Inuk, ce sont les montagnes. Ces falaises qui montent droites de chaque coté de la rivière et qui bloquent presque complètement la lumière, ce n’est pas un paysage qu’il connaît. C’est un homme de la mer, de la plaine au bord de la mer. Il y a des falaises au bord de la mer, mais il y a toujours un côté vaste où on peut fuir. Ici, il n’y a que devant ou derrière. Il y a que le passé ou l’avenir, sans possibilité de choisir.
Et voilà que cela se bloque aussi à l’avant. Il y a une chute. Se jeter par terre, pour freiner le traîneau, tout tenter pour stopper les chiens. Au pied d’une chute, la glace est mauvaise. Il réussit, se lève pour souffler et bien regarder, il faut trouver la solution.
Kajualuk est très nerveuse, elle cherche aussi une voie de passage. La chute à 3 hauteurs d’homme, ce n’est pas énorme, mais c’est impossible de monter le cométique chargé et les chiens attelés. Qalingu va à coté de la chienne et lui parle, lui explique les options pour la calmer et lui demander sa collaboration. Regarde là sur la gauche, il y a une voie possible, en attachant 2 chiens à un sac, et après le cométique vide, on pourra monter toute la charge en 3 voyages.
Le sac le plus léger pour les deux premiers chiens, un peu plus lourd pour les 3 autres, l’homme marche devant tentant d’ouvrir une piste dans la neige assez profonde de la berge. Ce sera une piste de 300 pas. Rien de terrible, mais avec la pente et la neige profonde, le premier voyage est vraiment une corvée. Le deuxième est plus facile, la piste est maintenant presque praticable. Pour monter le cométique cependant les chiens et l’homme devront mettre toute leur énergie, et c’est très épuisé qu’ils arriveront en haut.
En haut de la chute, on sent très bien que la rivière s’ouvrira bientôt en un lac. Encore un danger qu’il faudra bien comprendre. Les bords des lacs cachent les plus terribles pièges. Des sources et des petits ruisseaux empêchent souvent la glace d’être ferme. Cependant, la neige cache les zones chaudes, on ne voit rien, il faut deviner où est l’eau, parce que l’eau tue. Il sent que c’est très bientôt le but du voyage, les chiens ont la sagesse de se reposer pour être prêt, il doit en faire autant. Mais prêt à quoi? Non ne pas poser la question, il n’est pas sage avant l’effort de se fatiguer à poser des questions qui n’ont pas de réponse. Être prêt est le seul objectif à poursuivre.
Manger, se reposer, on ne peut rien faire d’autre. Il y a des arbres ici. Plutôt que de bâtir un iglou, il est plus simple de faire un abri de branches d’épinettes. Les chiens ont mangé et dorment déjà épuisés de l’effort. L’Inuk peut enfin se dévêtir et faire sécher ses vêtements. Dans son abri, la lampe fait une chaude lumière. On est bien, nu, assis sur un sac de fourrure, pour se découper et mâcher lentement des petits morceaux de viande bouillie, qu’il trempe dans la réserve d’huile. Ça ne sert à rien de penser à demain, ça ne sert à rien de penser. Il se laisse tomber dans le sac de fourrure, et le sommeil vient rapidement.
Commentaires
C'est pas moche, voyons !! Au contraire. C'est juste que c'est difficile de commenter.
Alors voilà, un commentaire bien niaiseux et pour autant parfaitement sincère : j'aime beaucoup, merci pour ce récit.
oui, c'est ça, c'est difficile à commenter.
Pour ma part, je l'ai imprimé pour lire tout à la suite tranquillement !
On est là, l'ours. Mais comme dit plus haut, ce n'est pas toujours facile de coller des mots pour des mots, même si on aime.
Mère Castor--) Ouf! ça me console.
Claude--) merci j'imprimerai tes commentaires.
Anne--) oui c'est difficile à commenter un conte, on ne peut pas être contre.