La lame de Ramah-- un récit inuit ( 5ième partie)

Ça se corse. Le danger est maintenant partout. Que faire? vivre en Inuk. Toutes les autres solutions sont pire. Je penses finalement avoir besoins de 7 parties. Il manque trop de détails pour dire tout ce que je veux. J'espère que vous aimez cela.

C’est Kajualuk qui réveille l’homme. Elle poussait de son nez dans le cou de Qalingu mais ça ne suffisait pas, alors un bon coup de langue dans la face donne généralement de bon résultat. Elle se recule à temps pour éviter la baffe et s’assoit en souriant pour le voir se demander ce qui se passe. Oui ça presse, lève-toi l’homme, c’est maintenant.

Le langage de la chienne est aussi précis que si elle avait parler en humain. Oui, mais on ne court pas avec un ventre vide, alors avant même de s’habiller, la viande est distribuée. Les bêtes se jettent dessus avec la férocité du besoin de tuer, pourtant c’est un phoque mort depuis longtemps. Il y a une énergie particulière.

De gestes précis mais lents pour être sur que tout soit en ordre, le chasseur s’habille et prend des morceaux de viande pour lui-même. Il aimerait bien un thé, mais ce ne sera pas possible, les chiens ne voudront pas. Alors on mangera de la neige. Kajaluk a englouti sa portion et elle vient glapir au pied de l’homme lui disant de se dépêcher. Les autre chiens prennent place près des sangles, eux aussi entendent l’appel sans doute, ils veulent courir, finir le travail, se rendre là où on doit aller.

Les grands chiens de traîneau sont absolument silencieux quand il court. Mais quand ils attendent de courir, ils sont capables de faire un tapage épouvantable. Alors c’est dans l’espoir de retrouver le silence qu’enfin Qalingu, se dépêche, fait une dernière vérification de l’équipement, met son sac de survie à l’épaule, et lance le « HUA! » que les chiens attendaient. Aussitôt l’effort tend les lanières à les rompre, les chiens tirent comme jamais ils n’ont tiré, l’air est bon, très froid, la neige ferme, toute cette énergie se transforme en vitesse.

C’était comme prévu, la rivière ne faisait pas plus de mille pas de long avant de commencer à s’élargir et prendre la forme d’une feuille de saule. Sur le lac le chasseur est inquiet. Oui les chiens savent, ils évitent les points chauds où la glace est brisée mais recouverte de neige, si bien qu’on ne voit aucun indice du piège. Quoique, si on est habitué, il est possible de sentir, de deviner où il sera. Les inuit ne vont que très rarement sur la glace des lacs. La lecture du paysage est totalement différente. Un lac c’est autre histoire que la mer, c’est comme une autre langue qu’il faut comprendre ou mourir.

Les chiens semblent confiants. ils mettent toute leurs énergies à faire avancer le cométique le plus vite possible. Ça sent aussi le jour, il se lêvera bientôt. Les montagnes sont si hautes de chaque coté du lac qu’il est difficile de sentir le temps, encore une fois, ce n’est pas un paysage pour un Inuk. Que fais-tu ici à tenter de comprendre sur quoi se refermera ce bout du monde. Où suis-je et pourquoi suis-je ici? Mais le vent ne répond rien, il se contente de dire l’incroyable vitesse que l’attelage a atteint.

Kajualuk dérive maintenant vers une des berges. Elle a quitté le centre du lac et va vers une pointe. Danger, il doit y avoir une rivière-là, et s’il y a une rivière, la glace doit être plus faible. Non, la chienne y va si confiante, si rapide et déterminée que le danger ne doit pas être là. Qalingu cherche à comprendre, il veut sentir ce que les chiens sentent, ce qui les attire avec autant de puissance. Ils courent comme à un rendez-vous qu’il ne faut pas rater. « AU! » Qalingu veut ralentir les chiens, il n’a plus le temps de comprendre ce sur quoi il glisse, tout peut arriver avant qu’il n’ait vu, ça va trop vite. « AU! » rien à faire, les chiens refusent de ralentir, il laisse traîner une de ses bottes pour freiner un peu, peut-être reverser le cométique pour stopper l’attelage, et sflouche! trop tard.

L’inuk se retrouve à plat ventre dans la neige, a-t-il vu disparaître les chiens? Cela s’est passé si vite qu’il est impossible de le savoir. Tout allait si vite, et par il ne sait quel instinct de survie, il a laissé les guides et est tombé, il a glissé un peu, pour s’arrêter `moi d’un mètre du trou. De la neige flotte maintenant cachant tout le drame, comme s’il ne s’était rien passé. Bien sûr les chiens avaient tenté de nager mais le poids du cométique et des bagages les avaient coulés en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Que faire? Surtout ne pas paniquer, ne pas poser de questions et organiser la survie. Ne pas se dépêcher, parce qu’on aura chaud et après on gèlera. Donc un abri, là sur la rive, mais il faudra contourner le point chaud , en regardant bien on voit que la neige change de consistance au dessus de la zone sans glace ferme. Alors attention, on regarde ou on met les pieds, et on y va lentement. Ça va le danger est derrière. Sortir le couteau à neige, façonner les blocs, sans se presser mais méthodiquement en moins d’une heure l’iglou est monté. Inutile de faire une plate-forme de neige durcie, il y a des branches de sapin qui feront un bon lit. Maintenant manger. Il a bien pour deux jours maigres de cubes de viande de phoque dans le sac de survie, mais retourner implique au moins 15 jours de marche. Ça ne va pas.

Mais il a un long bout d’une fine lanière et un hameçon. Il n’y a pas de phoque dans un lac, mais il y a Iqaluit, la truite, et c’est tout ce qu’il faut pour survivre. Il faut se coucher à plat ventre pour s’approcher du trou, le couteau à neige libère la surface, et on voit les ailes rouges de ce qui sera notre repas.