Les cinq rêves

Il y a Pierre qui me fait l'honneur de parler de moi sur son blogue dédié aux dauphins. Pourtant je ne suis pas un dauphin mais... Pour fêter cela, je vais reprendre le conte des cinq rêves. C'est la version que j'ai entendu enfant. J'espère que vous noterez que la notion d'équilibre y est essentielle et que je ne la vois que très rarement dans les versions rapportées ailleurs. 

Encore une fois, la voix de Nojitacwin se fait assez douce, juste suffisante pour être entendue par ceux des derniers rang:

Rien, il n'y a rien. Ce rien triste de n'être rien s'agite et c'est comme un vent sombre qui tourne sur lui même. Un rêve lui est venu. Et ce rêve éclaira le monde : la lumière. C'est le premier sentier.

Et comme en toute chose l'Équilibre fonde la réalité, les étoiles sont apparues et la nuit pour les porter.

Longtemps la lumière chercha son accomplissement, son extase et ce fut la transparence

Comme en toute chose l'Équilibre fonde la réalité, l'eau se mit à couler.

Après avoir longuement exploré toutes les possibilités des couleurs et de la danse des formes dans l'air, la transparence découvrit le désir d'autre chose. Un rêve lui est venu : La terre. C'est le second sentier.

Comme en toute chose l'Équilibre fonde la réalité, le feu jaillit pour ensemencer la terre.

La terre dans sa passion des choses chercha son accomplissement son extase, et ce fut le cristal.

Mais après avoir longuement exploré toutes les possibilités des jeux avec sa soeur la lumière et compris sa relation avec le feu, le cristal découvrit le désir d'autre chose. D'une chose qui priserait sa prison de forme, qui pourrait s'étendre dans la liberté de la vie, le cristal fit un rêve: L'arbre et c'est le troisième sentier.

Comme en toute chose l'Équilibre fonde la réalité, les insectes se sont mis à pulluler.

L'arbre se multiplia en forêt, la vie, la vie dans sa diversification, l'odeur dans l'air et la complexité. Mais personne ne rêve autant que les arbres. Il rêva de danse, de mouvement, voir ce qu'il y a plus loin. Alors, son esprit conçut le ver de terre. Le ver de terre, le mouvement c'est le quatrième sentier.

Comme en toute chose l'Équilibre fonde la réalité, un oiseau se mit à battre l'air de ses ailes.

Manger, transformer, enrichir, le ver de terre chercha bien longtemps son but, son extase. Le serpent, la grenouille, la souris, le porc-épic, le lièvre, le renard et le loup et puis l'Ours, qui vit la mer, et devint baleine. La baleine comprit enfin que son extase est dans le chant de la Beauté du Monde, et les baleines firent une chaine tour autour pour unir leurs voix multiples, et faire vibrer toute chose de la douceur de l'amour.

Pour réussir l'exploit de la mise en place du Chant de la Beauté du Monde, les baleines ont du choisir de devenir si énormes qu'elles sont limitées à vivre dans l'eau. Alors ensembles, elles se sont emplies du désir fou de marcher sur le sol, de voler dans l'air, de dépasser les limites de la terre pour occuper du Chant de la Beauté du Monde la totalité de tous les espaces, que même les étoiles vibrent du chant qui unit tout.

Alors, les hommes sont apparus, fouillant cherchant, voulant tout nommer et comprendre. Voilà le cinquième rêve, le cinquième sentier.

Comme en toute chose l'Équilibre fonde la réalité, la haine a commencé sa tâche de destruction.

Nous n'en sommes qu'au tout début de ce sentier, et la haine a progressé plus vite que nous. On n'entend presque plus le Chant de la Beauté du Monde, et il faut une longue méditation pour sentir vibrer la douceur de l'amour.

Il reste à découvrir comment réaliser le rêve des baleines.