Surtout pas la honte
lundi 25 janvier 2010, 18:35 Ecolo Lien permanent
Louve Argentée de changer le rêve, me laisse un commentaire qui me force à réagir : « "Surprise au pôle nord", "Un autre jour de l'ours"... je lis ça, là, et j'sais pas, mais je deviens vraiment triste. Et tellement impuissante. Et tellement honteuse aussi, au fond. ». Je dis : surtout pas la honte.
J'ai souvent fait des billets sur ce sujet et j'ai dit que je n'en ferais plus. Mais, le mot « honte » m'interpelle trop. La tristesse je peux comprendre, mais la honte non, il faut que j'explique une fois de plus.
Tristesse de voir comment notre petite planète se détruit à une vitesse folle, que nous allons droit dans le mur et que rien n'est fait malgré les cris des scientifiques, les protestations des organisations, et l'évidence qu'il n'y a plus de croissance possible. Quand Sarkosy dit qu'il faut refonder le capitalisme, il a raison même si je doute qu'un capitalisme même refondé puisse répondre à nos présents défis. Mais les capitalistes lui ont dit d'aller se faire foutre. Ses propositions de refondation n'ont même pas été discutées. Obama fait une proposition pour limiter la croissance des banques, mais son projet de loi prendra la même direction que sa réforme de la santé. Le Sénat des USA représentent les intérêts des grandes fortunes, des grandes banques américaines et pour eux, une assurance maladie pour tous est une atteinte aux libertés fondamentales tout comme une limitation de l'action des banques.
Il y a un espoir dans la présente stupidité des élites financières américaines. L'immense dette qu'ils créent pour continuer à s'autodétruire, les autodétruit effectivement. La valeur du dollar devrait logiquement tomber. Il y a quand même le risque que la logique économique ne soit pas logique. Le pouvoir qu'ils exercent sur le monde s'effrite. Espérons qu'il s'effritera assez vite pour que nous ayons le temps de sauver ce qui reste du Monde.
C'est la croissance et la politique qui favorise la croissance qui est insoutenable.
Mais la honte, non. Ce n'est pas une question d'individus. Trier, recycler bien sûr, c'est nécessaire. Mais la politique canadienne d'extraction du pétrole des sables bitumeux pollue autant que tous les canadiens à l'exception de l'agriculture. La lutte est politique, et c'est collectivement que nous pouvons changer les choses. Même chose pour l'agriculture polluante, même chose pour la pêche commerciale, même chose pour le charbon, même chose que …
Le gestionnaire d'une grande banque qui impose à ses clients industriels une croissance insoutenable pourrait avoir honte, sauf que s'il adopte une autre politique, il sera remplacé. C'est la politique qu'il faut changer.
Ajout: On me signale que le billet pourrait avoir l'air de dire que les efforts individuels de tri et récupération, ne sont pas importants... Non c'est très important, ne fusse que ça sensibilise chacun à réfléchir à ce qui se passe. Mais tous nos efforts de recyclage et réduction de consommation ne changent pas les politiques destructrices.
Commentaires
Le sentiment d'impuissance Moukmouk, cela invite à faire le point, à mettre de la lumière sur ce qui dépend de soi, sur le pouvoir que l'on a soi. La frontière est tenue avec la notion de responsabilité.
C'est mon choix de trier ou non, de recycler ou non, de manger des tomates en hiver ou non. C'est ma responsabilité. Cela me demande du courage de changer ce qui peut l'être pour moi, de nager à contre courant, de faire ma part comme dit le colibri dans l'incendie, cela demande du courage de faire de la politique, de pousser inlassablement les mêmes pions pour faire murir la cause. Du courage et de la patience. Parfois la digue rompt et le découragement l'emporte, la lassitude, l'accablement, le défaitisme, la honte même parfois de ne pas tenir son engagement. Et c'est là où c'est si important d'être inclus dans un groupe, dans des groupes. Pour ne pas abandonner.
Dans ma boite nous avons monté une formation assez éprouvante pour des personnes qui ont des conditions un peu extrêmes, pour qu'elles découvrent deux choses : comment elles se mettent à dysfonctionner sous stress et qu'elles fassent l'expérience de cette réalité simple là, dans une équipe, les crises d'abattement, d'impuissance tournent, quand l'un est en bas, un autre est plus haut et le soutient. Et ce qui est impossible seul devient possible à plusieurs. Pour moi, la politique c'est cela, se soutenir pour atteindre un objectif commun qui ne peut être atteint qu'avec des milliers de petits pas, et parfois des grands.
Je pense qu'il est important que nous continuions nos efforts individuels sans nous décourager. Depuis bientôt 3 mois que je vis en Inde, je m'aperçois de tout ce nous sommes parvenus à faire en France (tri sélectif, déchetteries partout alors qu'enfant, j'ai connu les décharges sauvages, etc.). C'est peu, et il reste encore beaucoup à faire (le lisier en Bretagne qui défigure les plages, par exemple) mais quand on compare nos pays "riches" aux pays en voie de développement ou à forte croissance (Inde, Chine...) mais avec des pratiques encore quasi moyen-âgeuses en matière d'environnement, on se dit que malgré tout, on avance.
Contente de voir que mon commentaire est passé, cette fois. Je sais que ce n'est pas toi qui censures, mais comme je te l'ai déjà écrit, certains de mes comm ou ceux de BrB n'ont jamais été publiés. Bizarre...
Honte n'est pas culpabilité...
"La honte est une émotion mixte, c'est-à-dire un mélange d'émotions simples (peur, colère, tristesse) et de sentiments (impuissance, rage retenue, désespoir triste, vide...).
Il s'agit d'une émotion plus archaïque que la culpabilité au sens où elle est souvent moins verbale et plus sensorielle que cette dernière." (source Wikipedia)
En ce qui me concerne, ce sentiment est d'ordre ontologique, spirituel. Une honte face à la responsabilité de l'espèce.
C'est un sentiment complexe, oui.
Louve--) piste intéressante... je confonds peut-être honte et culpabilité. merci de cette précision je vais m'étudier le nombril un petit coup pour savoir.
PPN--) si jamais ça se produit que comm est mangé, fais moi un petit courriel pour que je vérifie (et surtout que je demande à ma Fée gardienne).
PPN--) il faut cependant être conscient que Indien fait en moyenne 150 Kg de déchets par année, un Français 550, un canadien 1100 et un américain 1600 Kg (en 2004) d'accord ils sont beaucoup plus nombreux mais quand même.
Saveur(s)--) trop complexe pour répondre dans un commentaire, ta réflexion est juste, sauf qu'il y a des objectifs collectifs qui semblent contradictoires avec les intérêts individuels... j'ai besoin d'y réfléchir plus longuement. ( je n'ai pas dit que tu avais tort).
D'accord avec toi Moukmouk ! sauf pour "Sarkosy" qui dit n'importe quoi ! un exemple c'est un petit malin qui est très bien conseillé !
Bien d'accord avec toi, Moukmouk.
Nos efforts individuels sont nécessaires, mais loin, si loin d'être suffisants !
Électricité : On nous culpabilise à coup de "mettez un pull plutôt que de forcer le chauffage" alors que les vitrines des magasins restent allumées, dans les villes, toute la nuit, dans la seule hypothèse capitaliste qu'un chalant passe (et dans ma petite ville, s'il y a un passant par nuit devant le magasin de fringues à côté de chez moi, c'est le maximum...)
Pétrole : On nous rend honteux de ne pas partir travailler à vélo tous les jours quand un Paris-Dakar dépense l'équivalent des économies d'énergie réalisées à Paris dans l'ensemble des logements sociaux sur une durée d'un an !
Et je pourrais continuer ainsi pendant des heures.
oui, il faut un effort collectif et donc "politique" mais pour changer la politique, et bien ils faut avant en passer par une remise en cause au niveau individuelle... Trop de personne se regarde encore trop le nombril et refuse de voir que leur comportement individuel influe sur d'autres...
Il est nécessaire que chacun d'entre nous ait conscience de sa responsabilité individuelle et agisse. Si on attend après la politique... ça peut durer longtemps...
Non je ne culpabilise pas quand je prends ma voiture... mais je tente de la prendre qd c'est nécessaire, de faire des aller/retour utile et prendre des passagers.
Non je culpabilise pas d'utiliser du nucléraire puisque je ne l'utilise pas : autonomie énergétique par choix "politique". Mais je sais aussi que les panneaux photovolaiques sont pas terrible écologiquement. Mais c'est toujours mieux que le nucléaire et user des entreprises lobbies... alors je tente d'en avoir le moins possible.
etc etc