Surtout pas la honte

Louve Argentée de changer le rêve, me laisse un commentaire qui me force à réagir : « "Surprise au pôle nord", "Un autre jour de l'ours"... je lis ça, là, et j'sais pas, mais je deviens vraiment triste. Et tellement impuissante. Et tellement honteuse aussi, au fond. ». Je dis : surtout pas la honte.

J'ai souvent fait des billets sur ce sujet et j'ai dit que je n'en ferais plus. Mais, le mot « honte » m'interpelle trop. La tristesse je peux comprendre, mais la honte non, il faut que j'explique une fois de plus.

Tristesse de voir comment notre petite planète se détruit à une vitesse folle, que nous allons droit dans le mur et que rien n'est fait malgré les cris des scientifiques, les protestations des organisations, et l'évidence qu'il n'y a plus de croissance possible. Quand Sarkosy dit qu'il faut refonder le capitalisme, il a raison même si je doute qu'un capitalisme même refondé puisse répondre à nos présents défis. Mais les capitalistes lui ont dit d'aller se faire foutre. Ses propositions de refondation n'ont même pas été discutées. Obama fait une proposition pour limiter la croissance des banques, mais son projet de loi prendra la même direction que sa réforme de la santé. Le Sénat des USA représentent les intérêts des grandes fortunes, des grandes banques américaines et pour eux, une assurance maladie pour tous est une atteinte aux libertés fondamentales tout comme une limitation de l'action des banques.

Il y a un espoir dans la présente stupidité des élites financières américaines. L'immense dette qu'ils créent pour continuer à s'autodétruire, les autodétruit effectivement. La valeur du dollar devrait logiquement tomber. Il y a quand même le risque que la logique économique ne soit pas logique. Le pouvoir qu'ils exercent sur le monde s'effrite. Espérons qu'il s'effritera assez vite pour que nous ayons le temps de sauver ce qui reste du Monde.

C'est la croissance et la politique qui favorise la croissance qui est insoutenable.

Mais la honte, non. Ce n'est pas une question d'individus. Trier, recycler bien sûr, c'est nécessaire. Mais la politique canadienne d'extraction du pétrole des sables bitumeux pollue autant que tous les canadiens à l'exception de l'agriculture. La lutte est politique, et c'est collectivement que nous pouvons changer les choses. Même chose pour l'agriculture polluante, même chose pour la pêche commerciale, même chose pour le charbon, même chose que …

Le gestionnaire d'une grande banque qui impose à ses clients industriels une croissance insoutenable pourrait avoir honte, sauf que s'il adopte une autre politique, il sera remplacé. C'est la politique qu'il faut changer.

Ajout: On me signale que le billet pourrait avoir l'air de dire que les efforts individuels de tri et récupération, ne sont pas importants... Non c'est très important, ne fusse que ça sensibilise chacun à réfléchir à ce qui se passe. Mais tous nos efforts de recyclage et réduction de consommation ne changent pas les politiques destructrices.