Le lait laid

Ce qu'on nous vend ici comme du lait est un vague jus d'usine. Dégueulasse.

Il n'y a pas si longtemps, le Québec était couvert de ferme laitière. Une certaine supposée rationalisation industrielle est en train de détruire ce mode de vie. On nous vend un jus insipide et résultat logique, la consommation de lait diminue rapidement. Je n'ai pas le goût de pleurer sur le sort des agriculteurs, mais je trouve triste de voir les villages se dépeupler à cause d'une politique agricole farfelue. De plus, je veux des produits de qualité, même s'il me faut payer un peu plus cher.

J'ai donc écrit à la Fédération des Producteurs de Lait du Québec. Je vous invite à faire de même. C'est la vitalité des campagnes qui est mon véritable objectif. Voici ma lettre :

Depuis plusieurs années, je consomme de moins en moins de lait. Les fromages québécois, oui, bien sûr, certains sont excellents, mais du lait, je cherchais par tous les moyens des substituts, et particulièrement le lait de soya.

Je reviens d'un séjour en France, et tout de suite j'ai compris pourquoi je ne buvais plus de lait au Québec. Le lait d'ici est simplement insipide et sans intérêt. Là-bas, où il y a un système de traçabilité efficace, j'ai pu gouter la différence entre un troupeau et un autre, une région et une autre. Du lait, qui est un produit local avec ses particularités plutôt qu'un jus d'usine, normalisé, stérilisé au point de gouter le plastique qui le contient.

Malgré tous vos excellents efforts de mise en marché, la consommation de lait diminue continuellement au Québec et elle va continuer à diminuer tant que vous privilégierez l'organisation industrielle plutôt que le client. Vous êtes des spécialistes du marketing, et la réflexion marketing devrait d'abord viser à vendre le produit que le client veut. Sans ce retour à la base, vous condamnez les producteurs de lait du Québec à la faillite.

La tentative des gens de l’Outaouais de se doter d'une coopérative pour distribuer des produits qui respectent le goût des clients devrait vous montrer la voie. Je veux boire du lait, pas du jus d'usine.

Je souhaite de tout cœur la survie des agriculteurs d'ici. Et si vous continuez à vouloir me vendre un produit sans intérêt, vous construisez votre propre tombeau.