Un soir sur le Monde
mardi 31 août 2010, 14:15 General Lien permanent
Le réalisateur de mon film préféré vient de s'éteindre.
Je ne parle presque jamais de cinéma, simplement parce que la très grande majorité de ce qu'on présente sur les écrans m'emmerde profondément. Oui, il y a des exceptions comme Shutter Island, le dernier Scorsese, et quelques autres. L'exploit technologique me laisse de glace, ce qui ma passionne, c'est la direction d'acteur et une bonne histoire.
Je viens tout juste de revoir « Le seigneur des anneaux » une présentation magistrale d'un texte que j'ai lu une bonne vingtaine de fois... et j'en sors maintenant déçu parce que la grosse machine technologique, l'exploit de la représentation nous coupe de la réalité des personnages, le jeu des acteurs se perd, écrasés qu'ils sont dans dans la représentation d'un monde.
Dans « Tous les matins du Monde » Alain Corneau réussit l'exploit de nous présenter la musique comme le personnage principal, dans une peinture du XVIIième siècle sans que le jeux des acteurs en soit écrasé ni diminué. Il y a la beauté, mais aussi l'échec de la rigueur, le désespoir où peut nous pousser l'aspiration à Dieu.
Jean-Pierre Marielle a très bien compris ce qu'est le calme et la force du contemplatif, qui poursuit sa quête absurde d'un absolu jusqu'à tout détruire autour de lui. La folie des saints, les désastres qu'ils causent.
Il fallait que le réalisateur garde son esprit fixé sur l'objectif sans jamais sacrifier à la facilité technologique pour atteindre cet équilibre et cette pureté. C'est un peu stupide de parler du plus grand film... disons que c'est film qui me touche le plus que je revois avec le plus de plaisir. Ce que je vais faire ce soir en pensant à la qualité d'humanité Corneau a atteint pour rendre possible cette démonstration. Il faut avoir touché à la perfection pour savoir que ce n'est pas la voie à suivre.
Commentaires
Un très bel hommage pour un film magnifique et un réalisateur exceptionnel. Merci Moukmouk de nous faire partager de si belles émotions et de les dire si bien.
Constance--) merci, la voie des hommes plutôt que celle des dieux. C'est ce que je tente de dire, et ce film le fait très bien sentir.
Je partage ton point de vue. En particulier sur la folie des saints et les désastres qu'ils causent. C'est magistralement dit.
Je partage ton point de vue. En particulier sur la folie des saints et les désastres qu'ils causent. C'est magistralement dit.
Oxygène--) tu me le dis deux fois, mais j,aime tellement cela que je vais les garder. Merci beaucoup.
J'ai peur de ceux qui jugent à partir de leurs qualités supérieurs, de leurs valeurs morales au-dessus des autres. j,aime mieux l,adage africain, avant de juger quelqu'un marche quelques heures dans ses souliers.
un beau film, particulier, très beau parce que très particulier. Tu en parles bien.
Mère Castor--) merci beaucoup. Cette question de la sainteté me questionne beaucoup.