L'école Québécoise et les garçons
mercredi 1 septembre 2010, 15:07 General Lien permanent
Une étude très intéressante de J.C St-Armand et mes conclusions.
Ce chercheur vient de publier une étude sérieuse, très bien appuyée par des recherches partout dans le monde, sur la différence de diplomation entre les garçons et les filles à la fin du secondaire. Cette analyse devrait mettre fin à l'idéologie voulant que l'école dominée par les femmes décourage les garçons de poursuivre des études... si elle était lue, mais justement ceux qui hurlent contre l'école ne lisent pas les études sérieuses.
Ce que le livre dit: le taux de décrochage des garçons au Québec était moins de 24% en 2004 ( probablement moins que 22% maintenant d'après mes donnes) et de 14% chez les filles. Que ce décrochage se produit essentiellement dans les milieux socio-économiques défavorisés. Elle dit aussi que c'est une nette amélioration par rapport à 1979 (44%) et je rajoute par rapport à 1960 où c'était autour de 80%.
Et ce n'est pas parce que l'école québécoise donne des diplômes à rabais. Les tests PISA le démontre, l'école québécoise est une des meilleurs du monde, la compréhension des jeunes québécois de 15 ans en sciences et mathématiques, est égale ou supérieure aux jeunes du même âge partout dans le monde. Bien sûr, il y a partout des génies et des cancres, je parle de moyenne.
La connaissance de la langue maternelle (lecture et écriture) est le seul secteur où les filles ont de meilleurs résultats que les garçons. C'est vrai ici, mais c'est vrai aussi partout dans le monde. Dans toutes les autres matières, les garçons font aussi bien que les filles. Changer les méthodes d'enseignement de la langue ? Je doute fortement qu'on trouve des solutions dans cette direction.
Par contre, il y a deux facteurs que l'étude ne considèrent pas. Le premier l'horaire de l'école. Demander à un adolescent de penser, lire et comprendre avant 11 le matin est une aberration biologique. Le jeune homme est physiquement en classe, mais son cerveau dort encore. Cela tient au cycle de sérotonine, et même si on mettait tous les garçons sous luminothérapie, je doute qu'on réussisse à changer une donnée aussi fondamentale. Il s'agit encore une fois de moyenne et il y a partout des exceptions.
Le second facteur est plus important. Dès la première année du primaire, il est possible de détecter les retards qui feront décrocher le jeune avant la fin du secondaire, et cela tient beaucoup plus de l'estime de soi que des capacités intellectuelles. Il est donc de la plus haute importance d'investir massivement dans le développement de la petite enfance. Le succès de l'école québécoise est peut-être dû à la valeur de son système des garderies.
Si on couple cette analyse avec le fait que ce sont des jeunes de milieux défavorisés (moins présents en garderies)qui majoritairement décrochent, me fait poser l'hypothèse : « un enfant dont les parents se sentent exclus, se perçoit comme exclu et travaillera beaucoup moins à son propre développement ». Du moins, ces projets de développement ne se feront pas dans les champs de compétence que mesure l'école.
Bien sûr, moi aussi je veux qu'on améliore l'école. Mais ce n'est pas dans le sexe des enseignants qu'on trouvera des solutions, mais plutôt dans l'effort d'intégration des enfants avant et au primaire.
Le livre ; « les garçons et l'école » Jean-Claude St-Armand, Éditions Sisyphe
Commentaires
Hé oui, le départ, la petite enfance est primordial. C'est aussi ce que révèlent bon nombre d'études psychologiques.
Et l'estime de soit... C'est aussi ce qui fait que les garçons réussissent mieux que les filles dans les études "compétitives".
Il y a quand même une différence certaine entre "c'est pas grave au moins tu as essayé" et "c'est pas grave, essaie encore". Il y a une chose fondamentale à mes yeux qui n'est pas transmise à l'école au Québec, c'est la notion d'effort. Tout se mérite. Il n'y a rien de facile, d'immédiat. Et ce qui est plus simple pour certains l'est moins pour d'autres - rien d'universel non plus. Chacun apprend différemment, mais chacun doit apprendre...
Dodinette--) je ne peux pas être d'accord. Ceux qui décrochent qui abandonnent sont persuadés (pour la plus part, tous les cas se présentent) déjà depuis très longtemps (depuis la première année sans doute) que l'école n'est pas pour eux, qu'ils sont incapables de réussir. ce n'est pas qu'ils n'ont pas le sens de l'effort mais qu'ils sont persuadés que l'effort est inutile qu'ils ne peuvent pas.
Comment construire l'estime de soi chez un enfant persuadé qu'il ne peut pas réussir ?
c'est en cela que l'école finlandaise réussit mieux que toutes les autres écoles.
le sens de l,effort... cela veut peut-être aussi dire à ceux qui ne se sentent pas capables que c'est trop difficile et que c,est évident qu'ils ne peuvent pas passer à travers.
si on avait la réponse à cette question, les enfants seraient tellement plus heureux.
Tili--) oui, ceux qui ne décrochent pas... ceux qui ne se sentent pas battus d'avance accepte le jeux de la compétition. C,est pour ceux qui pensent ne pas être capable qu'il faut trouver des solutions.
C'est peut-être pour ça qu'en France on voudrait faire venir plus souvent les parents à l'école. Il faut que les parents s'impliquent, sentent qu'il y a là une possibilité de réussite, pour que ça marche.