L'idée d'identité
lundi 31 janvier 2011, 14:07 General Lien permanent
De puis longtemps je veux écrire sur la notion d'identité. Voici une première réflexion.
Rarement un mot a causé autant de morts. Dire : je suis Blanc ou je suis amérindien, encore je suis Canadien ou je suis Québécois, ou bien je suis Juif ou musulman et tout de suite l'objectif est de marquer la différence, de se définir dans un groupe par opposition à d'autres. Tous ces termes contiennent un potentiel de violence qu'on aimerait bien voir disparaître.
L'identité, ce qui permet de se définir à l'encontre des autres, n'est pas qu'une construction culturelle ou idéologique. L'identité a son origine dans une nécessité biologique : la reproduction.
J'ai souvent parlé de la Phényl-Éthyl-Amine, l'hormone de la reconnaissance. Quand nous voyons quelqu'un susceptible de devenir un partenaire amoureux, la production de P.E-amine se déclenche, et nous voilà qui marchons dans un petit nuage rose, vers la personne la plus désirable sur terre. Si l'amour rend aveugle c'est à cause de P.E-amine. Mais l'identité, c'est justement le phénomène qui déclenche cette hormone. Car, pour que la reproduction soit efficace, il faut à la fois éviter les unions consanguines mais ne pas trop s'éloigner de la stabilité du groupe.
Ce que la P-E-amine permet, c'est de faire la différence entre le clan et la tribu. Le clan, les personnes très très proches sont sexuellement tabou. Le clan est en quelque sorte la famille où l'identité est trop proche et il y aurait un grand risque de consanguinité. La tribu, c'est l'alliance d'un certain nombre de clans, et cette alliance marque les limites des possibilités de reproduction.
De toute évidence, tout ce qui n'est pas de la tribu représente un risque reproductif, et constitue donc l'ennemi. C'est vrai pour la presque totalité des espèces évoluées, autant les primates que les baleines, les dauphins, les ours et combien d'autres.
Sauf que ces notions s'appliquent à des petites populations réparties sur d'immenses territoires ( le clan une dizaine à quelques dizaines et la tribu quelques centaines) et qu'avec l'explosion du nombre d'humains, il est devenu presque impossible de définir ce qu'est notre clan et ce qu'est notre tribu.
Sauf que le besoin de se définir par un clan et une tribu reste. C'est alors que les idéologues nous proposent des solutions, la nation, la religion, l'ethnie, la classe ou la race qui conduisent à la folie de notre temps.
Serait-il possible de n'être qu'humain ?
Commentaires
C'est une vision très souhaitable mais on a un bon bout de chemin à faire. Tout le monde ne semble pas le savoir ou prèfère l'ignorer l'argent et le pouvoir prèdominent!!!
Claire--) oui le pouvoir et l'argent prédomine... mais la construction de l'identité est un bon moyen d,avoir du pouvoir sur les autres.
Hum, si chez certains, l'identité est un moyen de se définir contre les autres, pour moi, c'est plutôt un moyen de me définir tout un ensemble de liens complexes avec les autres. Je suis blanche, amérindienne, Française, Canadienne, Québécoise, Bretonne, catholique donc nécessairement juive, héritière de la culture gréco-latine, amoureuse de la culture japonaise, etc. Bref, j'ai tellement d'identités que je me sens proche de tout un tas de personnes dans le monde et que ces identités (certes parce qu'elles sont multiples), loin de faire de moi un être à part, me rapprochent au contraire de l'ensemble de l'humanité.
Nanouk--) oui, c,est justement le point que j,essaie d'étudier. Le concept d'identité a un fondement. Mais les définitions que tu en donnes ne cadre pas avec le fondement, les définitions que tous en donnent sont maintenant trop loin de l'origine pour être signifiant, et c'est ce contre-sens dont je veux faire le tour dans les prochains billets sur le sujet.
Coucou Moukmouk,
Qu'est ce que l'identité, c'est intéressant, et je suis d'accord avec toi que c'est générateur de bien des conflits chez l'humain, malheureusement...
En neurosciences quand on parle de la distance génétique du partenaire, on parle souvent en fait du complexe d'histocompatibilité majeur (Major Histocompatibility Complex, MHC) une série de gènes impliqués dans l'immunité et dont on teste la ressemblance.
La phénylethylalamine est un neurotransmetteur passionnant, certes, mais de là à imaginer que dans l'immense fatras chimique et électrique du cerveau humain ce seul neurotransmetteur soit l'explication du choix du partenaire sexuel, c'est assez osé
Et puis si tu dis ça, vu que le chocolat en contient des bonnes doses, ils vont tous se shooter au chocolat en moins de 2 secondes, la panique !
Tiens, un truc intéressant à ce sujet. les femmes en recherche d'un partenaire idéal (le père de leurs futurs enfants) ont naturellement tendance à choisir des mâles au MHC éloigné. MAIS si elles prennent la pilule, elles vont les prendre proche…
En dehors du fait que je trouve que cette information devrait être donné aux femmes qui prennent la pilule, on peut se poser la question du pourquoi… Certains avancent que sous pilule l'imprégnation hormonale est plus proche de celle de l'état de grossesse et que donc la femme (au cerveau, leurré) va chercher à se rapprocher du groupe protecteur…
Bises
Tili
tili--) très intéressant en effet. Oui, je sais que je force un peu le trait avec la PE-Amine, et j'ai plusieurs billets qui explique l'effet du chocolat comme consolateur. Tu as bien raison. Excuse mon raccourci.
Encore plus intéressant cette différence entre les filles qui prennent la pilule et les autres...
Moi je suis Cantabre ! Touts les études des archéologues et historiens montre un peuple de berger et guerrier pour les hommes, propriétaires terriennes et agricultrices pour les femmes. Un peuple matrilinéaire. Les historiens romain nous ont décrie comme un peuple barbare, mais au même temps, il reconnaisse que nous possédions un parlement et un conseille ou touts les villages était représenté l’autorité du territoire dépendait du conseil. La religion était de type naturaliste il ni avais pas de dieu, mais des déesses et prophétesses. Pour les romains on était vue comme des extrémistes qui préféraient mourir au combat que de perdre la liberté. Les guerriers et guerrières Cantabre chantés des chants de victoire quand les romains les crucifier !
ton texte m'a fait penser à cette chronique que j'ai entendue ce matin, différant le moment du lever en restant pelotonnée sous la couette, et dont le dernier paragraphe m'a complètement réveillée:
http://sites.radiofrance.fr/francei...
Des biz mon GroNours!
Là où il y a des gènes , il n'y a pas de plaisir.
J'ai été surpris et heureux qu' Albert Jacquard affirme: " la race humaine n'existe pas. Il y a plus de différence entre un breton et un chti qu'entre un africain et un français." Je m'en doutais bien sûr mais les politiques nous ont tellement fait croire le contraire. Merci les scientifiques!!!