Reprise: la version d'Isali
dimanche 6 février 2011, 13:38 Baleine Lien permanent
Vendredi, je parlais d'épaulards qui attaquent des dauphins. Ce qui me rappelle qu'Isali, adolescente épaulard, a déjà eu une aventure avec un grand requin.
Commençons par un petit cours de langue épaulard. Le système de vocalisation des épaulards est très complexe et ils peuvent émettre plusieurs sons en même temps. De plus, le registre est beaucoup plus étendu que la capacité de nos oreilles, alors on est souvent obligé de regarder l’onde à l’oscilloscope pour comprendre ce qui se passe. Quand Isali me parle, elle coupe volontairement les ultra-sons pour que je puisse suivre ce qui se passe, mais cela limite ses enthousiasmes. Les épaulards sont souvent dans une soupe très riche de plancton où les yeux sont pratiquement inutiles. Aussi avec l’écholocation, ils sont en mesure de construire une image très précise de leur environement, de « voir » une crevette de 2 cm à dix mètres, et surtout de percevoir les positions des membres du clan au millimètre près.
Pour cela, les épaulards « parlent » presque continuellement. Bien sûr, on entend surtout les « tocs » de l’écholocation longue distance, et une sorte de bruit de friture qui est la partie audible, la majorité étant trop haut pour nous, de l’écholocation courte distance. L’épaulard répète aussi très souvent une identification sonore, son nom en quelque sorte, qui fait que les autres membres de son clan savent où il est.
Un exemple : Isali :
En voici maintenant son meilleur ami, Nirlik :
Dans cet extrait, il semble y avoir beaucoup de bruit de fond. Isa rajoute de l’écholocation courte distance pour indiquer que Nirlik est très « près » d’elle. Nirlik, en Inuktitut cela veut dire : le noiraud. Pour un épaulard cela veut presque dire, le beau garçon. Cela démontre qu’il n’y a pas que chez les ours et les humains que les mâles se trouvent beaux.
Alors, voilà ce qu’Isali dit des requins :
Mon interprétation : Moi Isali, nous étions Caro, Nirlik et Isali, nous nous étions éloignés du groupe parce qu’ils y avaient des phoques à chasser. La vitesse était belle. Et puis nous avons perçu un grand monstre silencieux, alors nous avons foncé dessus en criant très fort, et nous l’avons forcé à plonger très profond, et les membres du groupe nous ont entendus et son venus nous entourer.
Le ton indique vraiment : nous sommes braves n’est-ce pas? Puisqu’il y avait des phoques ( et pas des otaries) l’histoire se passe en eaux froides. La rencontre d’Isali est probablement avec un requin-pèlerin, qui est énorme (entre 16 et 20 mètres) mais ne mange que du plancton. Alors pour la bravoure…
Nous n’avons pas appris grand-chose sur les requins, mais beaucoup sur l’intelligence des épaulards et leurs capacités de raconter de belles histoires.
Commentaires
J'aime les entendre, c'est vraiment beau