Reprise: la sagesse d'Ijjilik
lundi 28 mars 2011, 14:54 Conte Lien permanent
Je plonge dans la cuisine, je reçois des amis ce soir. je reprends ce texte parce qu'il est un de mes préférés.
Pour ceux qui aiment les loups, et Ijjilik en particulier, j'en parle entre
autres ici et là
Il vente beaucoup sur la ville aujourd'hui, comme il ventait beaucoup
sur la plaine du Nord ce jour-là. Impossible de se déplacer, et donc une
bonne journée pour les longues conversations à l'abri, surtout quand le
soleil, qui joue à cache-cache avec les nuages, accepte de chauffer un
peu nos vieux os.
Nous étions presque au sommet de cette
petite colline et regardions vers le sud, pendant que le vent du Nord
passait au-dessus de nos têtes en grondant. Peut-être parce que je ne
suis pas vraiment capable de me taire, ou bien le bruit du vent me
faisait un peu peur, j'ai demandé à Ijjilik: «On t'appelle Ijjilik le
Sage, alors peux-tu me dire c'est quoi la sagesse? »
« Ridicule,
qu'il me dit, la sagesse n'est pas dans celui qui parle, mais dans celui
qui écoute. » Là-dessus, il fait une longue pause, comme s'il ne
voulait plus rien dire. J'ai presque réussi à faire taire tout mon corps
le temps que la suite vienne... ou peut-être jouait-il un peu de moi,
pour m'apprendre à avoir au moins la sagesse d'attendre que les choses
arrivent. -- « c'est simple pourtant, celui qui parle, tente presque
toujours de dire des choses sages, c'est celui qui entend qui sait si la
phrase est vraiment sage ou pas. »
Les loups sont les marcheurs
du Nord. La sagesse du loup est sans doute dans sa légereté, pour
pouvoir longtemps courir. La sagesse de l'ours est dans sa graisse. Sans
elle, il ne résistera pas au froid, à l'eau froide surtout et il ne
pourra survivre. Tu vois, tu peux réciter tous les adages, tous les
livres du monde, si tu ne t'occupes pas de ton propre corps, tu seras
toujours ridicule. Et ton corps est différent de tous les autres parce
qu'il n'occupe pas le même espace que les autres corps.
Encore
une longue pause, je frémissais de devoir me taire, mes muscles criaient
de ne pouvoir bouger. Ma pauvre sagesse était de pouvoir entendre, et
pour cela que je réussisse à faire taire le machin en dedans de moi qui
fait tellement de tapage, qui veut tout expliquer tout le temps.
J'ai
été sauvé de mes courbatures par un corbeau qui a eu pitié de moi et a
traversé lentement le ciel. Ijjilik reprit: « Tu vois, la sagesse du
corbeau est d'être gros et léger. Il est gros pour être fort, et il est
léger pour pouvoir voler. Tu devrais peut-être tenter d'apprendre du
corbeau, être gros dehors, mais léger dedans, léger parce que libéré du
toi que tu traines. »
Ijjilik a vraiment raison, je suis
tellement plein de moi que je suis ma propre prison. Au moins, j'ai
entendu cela.
Commentaires
Belle histoire riche d'enseignements pour chacun de nous... Nous sommes notre propre prison.. Apprendre à devenir plus léger de l'intérieur... ... .Apprendre à écouter...
C'est toujours un plaisir vrai de te lire, une source de réflexions...
Je te souhaite une excellente soirée.
Merci pour cette belle histoire.
Elle me plaît beaucoup, la sagesse d'Ijjilik !
ben si tu fais les reprises du dimanche le lundi, comment veux-tu qu'on s'y retrouve ??? Miam cela sent bon ? Tu me gardes un e part de gâteau au chocolat et de gravalax ?
tanakia--) oui, oui, il est reste... c'était farpètement réussi, je suis très content.
Loulou--) Nous avons tant à apprendre des loups.
Nackou--) un succès, merci beaucoup!