encore-- Le Vent du Sud

Reprise, mais ça fait trois ans que je n'ai mis en ligne ce texte que j'aime beaucoup et le printemps m'y pousse. J'espère que vous aimerez.

Si je veux apprendre à écrire dans le style de ceux de la forêt, une seule solution : pratiquer. Je me permets donc un petit conte pour adulte. Une occasion en or de parler du bel Otoutagan…Iskouéou, c’est celle que les films USA appelle Squaw.

Loin très loin au-delà des montagnes habite Saoua-ni-Iotin. Chaque printemps il revient et Kiwétin, prend peur et s’enfuit. Otoutagan le beau, est ami de Kiwétin parce qu’il rend la chasse facile, le traîneau glisse bien, et que la lumière est belle.

Mais Iskouéou préfère Saoua-ni-Iotin. Les oiseaux reviennent avec lui, la rivière se libère de son lourd manteau et danse de joie. Hommes et animaux ne la fouleront plus aux pieds, mais devront pour la conquérir se fondre et faire corps avec elle. Les arbres vibrent sous sa caresse et les feuilles s’épanouissent.

Iskouéou préfère Saoua-ni-Iotin. Otoutagan voit comment Saoua-ni-Iotin sait toucher légèrement les jambes douces, couleurs de feuilles de tabac muries au soleil. Il se rappèle même l’avoir vu se glisser vers les cuisses d’Iskouéou et se perdre aux endroits les plus intimes! Et combien de fois devenait-il fou de rage en voyant Iskouéou sourire de bien-être et d’extase sous ces attouchements!

La coutume veut qu’Iskouéou cherchant la tendresse laisse une chandelle de suif allumée à l’entrée de son wikuwam. Combien de fois Otoutagan avait-il vu Saoua-ni-Iotin, souffler la chandelle et dormir chez Iskouéou alors que lui tournait en rond autour du feu. Comment faire pour battre ce diable de rival?

Il fallait donc que Otoutagan ruse. Il attendit la nuit, souffla la chandelle d’Iskouéou et entra dans la tente. Il vit et sentit le corps, l’odeur magnifique d’Iskouéou, et un violent désir s’empara de lui. Mais il fallait imiter Saoua-ni-Iotin pour ne pas se dévoiler. Alors aussi doucement que la caresse du vent, la main d’outagan se mit à suivre le long sillon des jambes, épousa un instant la forme du ventre traversa la vallée des seins jusqu’à la gorge. Sa tête se pencha sur le corps d’Iskouéou et à son visage naquit cette « chose ». Infiniment, le visage d’Outatagan effleura le corps, du bout des monts à la fleur du front, au cœur de la forêt du corps, et de ce cœur d’herbes se glissa jusqu’à l’extrème pointe du sillon.

Le souffle d’Iskouéou appela alors Otoutawan à la dernière danse, et quand la lente coulée des corps se termina, il nagea longuement dans l’expression d’indicible bonheur qui irradiait du visage d’Iskouéou.

Alors Otoutagan compris pour toujours, qu’il ne servait à rien d’être fort comme le vent du Nord, s’il ne savait être doux comme le vent du Sud.