Le chien fantôme, ou le fantôme du chien

Quel est ce bruit étrange que j’entends dans la maison?

Je me lève généralement vers 4 heures du matin. C’est le temps idéal pour écrire. Tout est extraordinairement silencieux, surtout quand les glouglous de la cafetière sont terminés et qu’il ne reste que le bruit du clavier de l’ordinateur. Il m’a fallu longtemps pour le choisir ce clavier. Je ne voulais pas de tic-tic qui m’agacent, ni les flacs-flacs des claviers de plastique trop léger. Pas de résonances, pas de bruit de ressorts, que du net, mais sourd. Il est presque parfait ce clavier, il n’y a que la barre d’espacement qui est trop molle et vibre. Il a des prises USB et un bouton pour monter on descendre le son de la musique. Mais comme je ne mets pas de musique quand j’écris, ce bouton n’est là que pour m’assurer que le silence sera là.

 

La barre d’espacement est très importante. Cela marque non seulement la fin d’un mot, mais surtout la fin des phrases, la pause pour se relire et surtout réfléchir. C’est pour cela que je voudrais une barre ferme, pour vraiment dire voilà le moment important de l’écriture, le silence qui permet le choix.

 

Dans un temps aussi silencieux, oui il y a la phrase, mais aussi tout ce qui empêche la phrase. Tout les petits bruits de la maison qui geint, le vent dehors, le chien qui se retourne, soupire, parfois marche et retombe dans le sommeil. Oui il tombe dans le sommeil, et j’entends ses os se répandre sur le sol.

 

Mais le chien Platon est parti. Il ne vient plus vérifier que tous ce passe bien malgré l’heure matinale, il ne devrait plus soupirer de mes mauvaises habitudes de le réveiller aussi tôt.

 

Mais je l’entends encore. Et ça me perturbe encore plus que quand il était là…Surtout ses grands soupirs.

 

Ce matin, j’ai voulu en avoir le cœur net. Qu’est-ce que j’entends? Oui il me manque beaucoup, mais de là à halluciner ses soupirs à période régulière…

 

Et j’ai trouvé. C’est l’humidificateur qui, aux cinq minutes, soupire un jet d’air humide en produisant le même son que le chien.

 

C’est bon je n’hallucine pas. Mais je m’ennuie tout autant de Platon.