Le chien thérapeute

Ça me console, Platon est inquiet. Je suis vraiment malade, ce n'est pas que mon imagination. Je peux justifier mes retards et me prélasser dans le lit avec un bon livre.

Le chien Platon continue ses observations et investigations diagnostiques. Chaque jour, il vient me sentir le souffle. Quand tout est normal, cela ne dure que deux secondes. Quand j'ai un problème, il le sait, sent beaucoup plus longtemps. Ce matin, après une longue observation, il s'est détournée la tête, et a éternué deux ou trois, fois.

Après, plutôt que m'inviter à sortir comme il le fait d'habitude, il s'est couché le dos tout contre moi et à fait semblant de dormir, un gros quinze secondes, un temps énorme pour ce petit être à l'énergie frétillante. Bon après, il avait autre chose à faire.

Donc, il l'a dit, je suis officiellement malade. D'habitude, le lundi je n'accepte aucune activité extérieure, et je me concentre sur la rédaction de tout ce que j'ai à écrire. Alors, aujourd'hui, je me suis concentré sur RIEN. Sur le simple bonheur de dire merde à la montagne de boulot, merde aux horaires, merde aux trucs compliqués et j'ai lu quelques bandes dessinées entrecoupées de délicieux petits rêves enfiévrées.

Il y a tellement de gens qui ont écrit des textes magnifiques sur les rêves que provoquent la fièvre, que j'hésite à en rajouter. Disons qu'Eros en profite pour s'insinuer et me proposer des langueurs très agréables.

Et puis j'ai eu plein de commentaires réconfortants, un bonheur de plus, meilleurs que le rhum et qui me fait autant tourner la tête.

Finalement, je serais presqu'heureux d'être malade. Mais j'ai mal à la tête, chacun de mes muscles se plaint, et j'ai la truffe rouge et douloureuse de m'être trop mouché. Le pire, c'est que je ne suis pas assez malade, je n'en mourrai pas. La montagne de travail m'attend pour me sauter dessus dès que le chien décidera que je me plains pour rien.