Que pensez-vous du PISA?
mercredi 12 décembre 2007, 01:46 General Lien permanent
Si je pose la question c'est que je n'ai vraiment pas de réponses. Il y a beaucoup d'enseignants qui me lisent et je présume que ces données les intéressent au plus haut point. Cherchons un peu.
PISA c'est le grand processus d'évaluation de l'OCDE auprès des élèves de 15 ans qui permet de comparer les systèmes d'éducations de 57 pays. Comme tous systèmes d'évaluations et enquêtes internationales, on peut en critiquer les méthodes. Cependant j'ai de la difficulté à bien cerner des axes pour améliorer l'école. Vous serez probablement meilleur que moi c'est pourquoi je pose la question.
Pour ceux qui n'ont pas encore lu : ici il y a un bon descriptif de la recherche. Je voulais mettre les documents en lien, mais il ne sont disponibles que via les agences de presse ou les universités. J'ai des abonnements, mais je ne peux les transférer.
Première constatation, mon premier argument ne fonctionne pas. La Finlande, qui représente pour moi le meilleur système scolaire, le moins sélectif, peu ou pas d'examen, et l'essentiel de l'attention vers les enfants en difficulté, est le premier en lecture et compréhension de textes. Mais les premiers en Math et science, sont le Japon et la Corée, les pays les plus sélectifs avec les écoles qui excluent le plus facilement les élèves en difficulté.
Deuxièmement l'argument de la cohérence culturelle ne fonctionne pas. La Finlande, le Japon et la Corée sont des sociétés culturellement très homogènes ce qui facilitent l'enseignement. Mais le Canada qui est troisième au total est probablement le pays avec les écoles les moins homogènes. A Montréal et Toronto, il y a en moyenne plus de 10 langues maternelles par classe, et une fois la connaissance du Français ou de l'anglais assurée, les groupes fonctionnent très bien. Ne pas oublier que maintenant plus de 50% des canadiens ont des parents nés à l'extérieur du Canada.
Troisièmement: C'est l'évaluation des compétences : S'informer, Interpréter, réagir ( page 4 de ce document) que ce mesure le mieux la relation qui se fait entre les acquis de l'école et la vie. Et si le Canada est fort à ce chapitre, c'est peut-être que moi comme les autres canadiens considérons comme prioritaire que l'école ne soit pas un monde à part, mais d'être dans la ville, dans la vie des gens. C'est le document de 2000, mais celui de 2006 a très peu varié à ce chapitre et il n'est pas encore disponible en ligne.
Quatrièmement: pourquoi les pays méditerranéens Portugal, Grèce, et dans une moindre mesure l'Espagne et l'Italie ont de si mauvaises écoles?
Que conclure? Je ne sais pas. Peut-être que l'école est le reflet des valeurs et de la culture du pays?
Commentaires
"Quatrièmement: pourquoi les pays méditerranéens Portugal, Grèce, et dans une moindre mesure l'Espagne et l'Italie ont de si mauvaises écoles?"
...Parce qu'il y fait trop beau pour rester dans des salles de classe, pardi !
Il faudrait que je me penche sur ton document parce que tu parles de "bons résultats", d'être "bon en maths", etc. mais je ne sais pas à quoi tu fais référence exactement, quels sont les critères d'évaluation de ça. Et sans ça, je ne sais quoi penser...
...si ce n'est que pour tes arguments : c'est sans doute parce qu'ils manquaient un peu de flexibilité. En l'occurrence p.ex., la cohérence culturelle n'est pas tout, et parfois quand on se retrouve dans l'extrême opposé (tel que ce que tu décris à Montréal et Toronto) on en arrive au même résultat pour une sous-partie de la population (i.e., les élèves, qui ont de commun la langue pivot qu'on leur apprend à l'école p.ex.). Qu'en penses-tu ?
Je ne connais pour ainsi dire pas ce sujet, mais j'ai entendu que ce qui a été reproché à cette étude ici est que la manière de poser les questions était tout à fait inhabituelle pour les gamins belges donc ils ne comprenaient pas ce qu'on leur voulait... difficile dans ce cas de donner la bonne réponse. Je ne sais pas quelle est la pertinence de cet argument, n'ayant pas vu le type de questions.
DDC--) les gamins ont quand même 15 ans, et un des aspects du test qui fait sa qualité c'est qu'il réussit assez bien à mesurer la pertinence de l'école: est-ce que les jeunes peuvent se servir des notions apprises à l'école dans d'autres contextes. La différence entre connaissances et compétences. Une pareille étude crée toujours des batailles d'experts, mais ça crée un point de comparaison intéressant.
Mirza--) la cohérence culturelle est un argument utilisé par plusieurs pour justifier différentes formes de racisme, et proposer des écoles séparées dans plusieurs pays. Ici on voudrait démontrer que les écoles à forte mixité seraient moins performantes ( et ça ne se vérifie pas). J'ai entendu des Français dire que les écoles de banlieue sont plus faibles à cause de la mixité. Je pense qu'on peut dire maintenant non, elles sont peut-être plus faibles mais c'est pour d'autres raisons.
Les Allemands se font beaucoup de soucis, parce qu'ils sont insatisfaits des résultats obtenus aux tests. Ils envisagent des réformes. En France aussi, PISA a le mérite de questionner les gens, mais plutôt les bureaucrates des ministères que les professeurs, malheureusement trop attachés à leur manière de faire. Je crois qu'un stage dans certains pays nous ferait du bien: voir comment on fait ailleurs pour en tirer des leçons et arrêter de se regarder le nombril en se plaignant de la mauvaise note qu'on vient d'avoir.
Bismarck--) tu as tout à fait raison, on croirait presque que l'éducation c'est une bataille d'expert entre eux... alors que si on allait voir les praticiens d'ailleurs, on apprendrait vraiment. C'est d'ailleurs pourquoi cela m'intéresse, j'ai fait ( il y a longtemps) un documentaire télé avec des enseignants qui tentaient de s'entraider...
je n'ai lu ce PISA, mais je sais que le canada en matière d'éducation nouvelle est pionier. Je suis une militante de l'éducation nouvelle
Puce--) la Finlande aussi, il y a une piste là.
je ne cherche pas à défendre le système français, bourré de graves erreurs au demeurant.
il y a une chose qu'il faut cependant lui reconnaitre et sur laquelle il mise particulièrement, c'est la fameuse dissertation, l'organisation de la pensée etc., et d'après ton lien, on n'en tient pas compte.
ma petite expérience du système universitaire québécois me permet d'affirmer que les étudiants y sont plus "confus" que les français, de mon point de vue français.
Oui tu as bien raison, mais l'effort du coté de la dissertation se fait à et surtout après 15 ans dans le système français( si j'ai bien compris). Le test mesure l'acquis mais surtout la capacité à utiliser les compétences des jeunes de 15 ans.
La rédaction/dissertation se travaille à partir de 10 ans dans le système français (pour répondre à ton précédent commentaire).
Pour avoir été élève dans deux systèmes différents, espagnol, puis français, je confirme une grand différence entre les 2. Les profs du côté espagnol sont moins stricts, plus souples. A ce que je vois, moins il y a de discipline, plus il y a des difficultés d'apprentissage.
Ce qui expliquerait le problème des banlieues, il s'agit d'enfants moins disciplinés, moins bien élevés disons, parce que leurs parents ont peut-être jeté l'éponge. Quand on ne respecte plus les autres, on n'écoute pas le prof, donc on n'apprend pas. Quand le prof fait 3/4 h de "ne fais pas ci, ne fais pas ça", il ne lui reste plus qu'un quart d'heure de cours, dont 10 mn d'installation. Reste 5 mn de cours...
Effectivement, je ne crois pas que la mixité soit un problème. Ici, plusieurs nationalités se côtoient à l'école, et beaucoup d'enfants ne parlant pas le français sont mis à l'école française. Ils rattrapent les autres enfants en 2/3 ans.
la dissertation à partir de 10 ans, ça c'est la meilleure...
on fait des *rédactions* dès le CE1 ou CE2 (7-8 ans) et jusqu'en 5e (12 ans). entre ls 4e et la 3e on passe doucement de "rédaction=je-te-raconte-quelque-chose" à "rédaction=je-réfléchis-sur-un-sujet-abstrait", mais toujours sous la forme "rédaction".
la *dissertation* c'est très différent : exigence de plan, de parties, sous-parties, introduction, conclusion, évolution logique de la pensée d'un début vers une fin en passant par quelques étapes et/ou retournements de perspective, c'est tout autant et parfois plus un exercice de style qu'une réflexion aboutie !
pour continuer avec Poutine Girl - et pourtant je suis LOIN d'être une ardente "défenseuse" du système d'éducation français - LE mérite de ce dernier est l'apprentissage de la MÉTHODE. méthode appliquée à tout - fiches de révisions, organisation de la pensée, production de travaux, etc. - et parfois à grand tort, au mépris de l'originalité de chacun. c'est justement à cause de cette omniprésente méthode-hors-laquelle-point-de-salut que ce système qui se veut universel est un des plus sélectifs et des plus inégalitaires qui soient : celui qui ne comprend pas, qui ne capte pas la "méthode", qui ne rentre pas dans le moule, il est hors-circuit et tant pis pour lui.
Dieu sait si j'ai encore du mal aujourd'hui à m'abstraire des questions de *forme* pour aller au *fond* des choses dans toute discussion à laquelle je participe. le système français en plus de mettre l'accent sur l'abstrait-avant-tout est très formaliste et ne laisse pas de place aux originaux, aux créatifs, aux manuels, etc. quand vous vous y prêtez, il vous formatte, quand vous vous n'y prêtez pas, il vous rejette.
Dodinette--) tu le dis beaucoup mieux que moi... Le système finlandais est exactement l'inverse. L'école c'est fait pour les enfants, pas les enfants pour l'école.
Ma préoccupation, c'est la pertinence. Comme faire le lien entre le savoir et la vie, c'est de cette façon qu'on ira chercher tous les enfants y compris ceux qui ont des problèmes. Ceux qui n'ont pas de problèmes n'ont pas vraiment besoin de l'école. ( mais d'une garderie à très long terme).
étant un produit du système français, au moins jusqu'au bac, je confirme ce que Dodinette décrit très bien.
j'ai toujours été une bonne élève car j'exécutais fidèlement les instructions, mais je me souviens aussi d'un certain ennui, car on ne laissait pas mon originalité s'exprimer !
ceci dit, le système français, bien compris et assimilé, forme très bien l'esprit de méthode ET de critique. Ce qui est catastrophique en revanche, c'est l'université ! Je suis contente d'avoir pu faire des études secondaires ailleurs qu'en France, où le manque de moyens est scandaleux et les étudiants livrés à eux-mêmes !
BM