Pour de faux ?

Pour de vrai ? Pour de faux ? Au théâtre, la vérité du jeu rend crédible le mensonge, la convention qui nous amène dans un autre temps, une autre ville, pour rendre vrai le mensonge où nous entraine la passion.

J'ai fait un billet là-dessus récemment. Des amies sur twitter discutent combien il est pénible d'avoir 40 ans, de constater que le corps n'a plus la fermeté de la jeunesse. J'ai envie de leurs dire que dans le théâtre de la vie, tout dépend de la convention, du décor et de la vérité du jeu des acteurs.

Écrire, ce n'est pas écrire qui est difficile, mais plutôt d'accepter la phrase comme valable. J'écris et je réécris et pourtant il faut bien que j'arrête de reprendre la même idée et que je décide que ça va... la phrase remplit son rôle. Quand je me sens bien, j'ai plutôt tendance à être indulgent avec mes phrases, mais quand je vais mal, tout ce que je fais est mauvais, nul, impossible à garder.

Quand je me sens bien, je me trouve assez beau pour me donner le droit d'être amoureux, d'être ouvert, de sourire et de chercher les sourires. Quand je vais mal, il me semble évident qu'il faut que je me cache, que je dois soustraire ma mochitude de la planète pour que le monde garde un semblant de beauté. Je me referme et bien sûr, je ne peux pas être amoureux. Ça me donne une gueule d'enterrement, et il n'y a pas de doute que je sois laid. Surtout moi, l'essentiel de ma beauté est dans mon sourire. La preuve, ma photo de passeport est un désastre, j'ai l'air d'un tueur frustré d'avoir raté son dernier crime.

Alors quand on vous dit que vous être belle et désirable, c'est peut-être pour de vrai, c'est peut-être pour de faux. Mais j'insiste pour te dire que tu es belle et désirable, parce que tu vas me sourire, que ça me fait sourire, et que je vais devenir beau à mon tour.

J'accepte le défi du pour de faux, de monter sur la scène du théâtre de l'amour, de prétendre pour que tu deviennes et que je devienne ce que je ne suis plus. Bien sûr, à voir nos enfants qui sont si beaux, prétendre que nous le sommes est un peu ridicule, mais j'aime mieux être ridicule que laid.