Pour de faux ?
samedi 23 janvier 2010, 16:54 Nokosa et l'amour Lien permanent
Pour de vrai ? Pour de faux ? Au théâtre, la vérité du jeu rend crédible le mensonge, la convention qui nous amène dans un autre temps, une autre ville, pour rendre vrai le mensonge où nous entraine la passion.
J'ai fait un billet là-dessus récemment. Des amies sur twitter discutent combien il est pénible d'avoir 40 ans, de constater que le corps n'a plus la fermeté de la jeunesse. J'ai envie de leurs dire que dans le théâtre de la vie, tout dépend de la convention, du décor et de la vérité du jeu des acteurs.
Écrire, ce n'est pas écrire qui est difficile, mais plutôt d'accepter la phrase comme valable. J'écris et je réécris et pourtant il faut bien que j'arrête de reprendre la même idée et que je décide que ça va... la phrase remplit son rôle. Quand je me sens bien, j'ai plutôt tendance à être indulgent avec mes phrases, mais quand je vais mal, tout ce que je fais est mauvais, nul, impossible à garder.
Quand je me sens bien, je me trouve assez beau pour me donner le droit d'être amoureux, d'être ouvert, de sourire et de chercher les sourires. Quand je vais mal, il me semble évident qu'il faut que je me cache, que je dois soustraire ma mochitude de la planète pour que le monde garde un semblant de beauté. Je me referme et bien sûr, je ne peux pas être amoureux. Ça me donne une gueule d'enterrement, et il n'y a pas de doute que je sois laid. Surtout moi, l'essentiel de ma beauté est dans mon sourire. La preuve, ma photo de passeport est un désastre, j'ai l'air d'un tueur frustré d'avoir raté son dernier crime.
Alors quand on vous dit que vous être belle et désirable, c'est peut-être pour de vrai, c'est peut-être pour de faux. Mais j'insiste pour te dire que tu es belle et désirable, parce que tu vas me sourire, que ça me fait sourire, et que je vais devenir beau à mon tour.
J'accepte le défi du pour de faux, de monter sur la scène du théâtre de l'amour, de prétendre pour que tu deviennes et que je devienne ce que je ne suis plus. Bien sûr, à voir nos enfants qui sont si beaux, prétendre que nous le sommes est un peu ridicule, mais j'aime mieux être ridicule que laid.
Commentaires
L'avant dernier paragraphe en particulier m'a fait penser à une pièce de Marivaux... La Dispute, tu connais ?
Elle pose, entre autre, la question de l'image de soi en amour et des effets de miroir qui en découlent : "ce que j'aime chez l'autre est ce vraiment l'autre ou l'image de moi qu'il me renvoie ?"
"Comment par mes gestes et mimiques je peux influer sur l'émotion, l'intérêt de l'autre ?"
etc.
Je pense que tu aimerais
Heidi--) Je ne connais Marivaux que de nom, et l'idée sans doute fausse de marivaudage. On m'a parlé d'une poésie bourgeoise prétentieuse et légère. Tu me diras sans doute que ça n'a pas de sens, mais je n'ai jamais lu.
oui le marivaudage est un terme qui dénature l'oeuvre de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux ( pas très bourgeois comme nom, si ?). Il fait la part tellement belle aux femmes qui je suis drôlement surprise que tu n'aies rien lu de lui. Ta sœur doit bien avoir Le jeu de l'amour et du hasard à te prêter !
;D
Saveur(s)--) le concept de poésie bourgeoise est assez ésotérique, et je suis loin d'être sûr que c'est une idée porteuse pour l'analyse. Je vais demander à ma soeur...
Etolane--) tu as bien raison, mais moi qui doit fuir les miroirs pour garder l'illusion que je peux être beau. Ma chance, avec le temps il y a de moins en moins d'hommes, et surtout d'hommes qui acceptent l'aventure amoureuse. Je suis de plus en plus choyé. Pour les filles c'est peut-être plus dur, pas qu'elles sont moins belles mais qu'il y a moins d'hommes disponibles.
L'autre billet où il y a un point d'interrogation c'est celui qui (par hasard) s'intitule "catastrophe naturelle" !
Etonnant non ?
De toute façon, un illustre a bien dit que la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde, alors autant ne pas trop s'en faire !!