Mes voisins : l’amant élégant

Je n’ai pas renoncé à continuer la discussion d’avant-hier. J’ai même écrit un petit truc, mais je n’aime pas, je vais recommencer. J’aimerais vous parler d’un dandy un peu hautain, mais tellement beau, le pic flamboyant.

Je ne sais pas si c’est le colibri ou le pic flamboyant qui part le dernier de notre forêt. Je dois partir avant eux. Quand j’arrive, ils sont déjà là. Durant l’été, le pic flamboyant comme les autres pics quitte les abords de la ouache pour aller en forêt profonde. Chez les pics, on aime sa tranquillité. Mais quand les humains s’en vont à la fin du mois d’août, ils reviennent débarrasser les arbres du surplus d’insectes et de chenilles qu’ils abritent. Je gardais même un arbre mort dans la cours pour que les pics puissent faire des nids. Malheureusement, cet arbre est devenu dangereux ( ils risquent de tomber) et je devrai l’abattre.

Élégant et flamboyant, il l’est certainement. Du rouge comme chez tous les pics, une très belle bavette noire, et des mouchetures sur de doux roses et beige, il porte fièrement la tête et défie le monde entier de son puissant bec.

C’est un amant fidèle et jaloux. Il protège son aimée de toute concurrence par cris stridents et des attaques féroces. Ce n’est pas de la menace, il cherche à blesser l’opposant. La femelle aussi se défend, elle est aussi puissante que son partenaire et n’accepte pas les avances des beaux de passages. Oui vous me direz que de savantes études démontrent que des infidélités se sont produites. Il s’agit d’établir une règle pour que mère nature nous démontre le contraire.

Le pic flamboyant est plutôt silencieux, il préfère s’affirmer par son tambourinement qui est le plus rapide de tous les pics. Il a pourtant une dizaine de mots, de sons différents qu’il emploie pour affirmer son territoire ou pour se défendre.

Je ne connais pas le mot qui décrit le chant d’affirmation du territoire. C’est une série de ouika-ouika et si je dis qu’il ouikasse je vais recevoir un coup de Larousse sur la tête. On emploie le terme « picasser » pour décrire le chant des pics, mais je ne vois pas à quoi cela correspond.

Alors je mets en premier le tambourinement, ensuite le « picassement » et enfin le « ouikassement »

Vous l’avez compris, j’aime beaucoup les pics. Ils sont beaux, fiers, et mettent le Monde au défi parce qu’ils savent ce qu’il y a sous l’écorce.