Reprise : le soufle de brume
dimanche 29 octobre 2006, 21:58 General Lien permanent
J'ai du retirer ce billet. Je recevais trop de spams en commentaire. Mais on m'a très gentiment demandé de le remettre en ligne. Comment refuser? d'autant plus qu'il y a la très belle photo de Richard...
Il faut toujours se méfier des Tongats. Les Êtres de l’autre monde des Inuit n’ont peut-être pas la possibilité d’agir directement sur le monde, mais leurs voix peuvent nous influencer, nous amener à agir, à nous isoler, à nous perdre. Les Nuliarsak sont particulièrement dangereux.
J’ai déjà parlé des Nuliarsak quand l’une d’elles a attaqué l’ami Zub, dans une aventure qui a beaucoup troublé son cœur. C’est à mon tour d’être attaqué. En rêve ou réveillé, elle me souffle son âme de brume. Je la sens qui m’enveloppe et me caresse, elle limite mes mouvements me plongeant dans une douce langueur, elle voile mes yeux pour que je ne voie qu’elle, que je n’entende qu’elle. C’est si bon, et pourtant j’ai si peur.
Si vous ne connaissez pas le talent de Richard d’Avant la lettre, il faut le découvrir. Voilà, je répète que la fleur est l’organe sexuel de la plante, il l’a mis en image.
C’est aussi le portrait de ma Nuliarsak. Douce, éthérée, faite de brume, de chaleur, de tendresse, mais aussi de sang, de chair, de passion de plaisir, elle m’entoure et me veut. Elle veut m’aspirer dans son monde irréel, me lier à elle, m’aimer jusqu’à ce que j’en perde la raison, qu’elle prenne ma raison, ma passion, mon corps, pour elle, juste pour elle, jusqu’à ce que je disparaisse de ce monde, pour son monde.
Qu’il serait tentant de tout abandonner, de s’allonger dans la neige, et de mourir de la douce mort du froid. Après toute cette misère, on s’endort doucement dans des rêves magnifiques, on ne souffre plus, on n’en revient jamais.
Il n’y a qu’une façon de se libérer : le dire à notre clan, à nos amis. Le réel du lien qui nous lie sera plus fort que l’illusion qu’elle me susurre à l’oreille. Notre monde semble beaucoup moins beau que le sien, mais semble seulement, ici je suis avec d’autres à me battre pour que la vie ait un sens. Là-bas, il n’y a pas de sens, que des esprits avides de vie, jaloux et qui tentent de nous voler la notre.
Pourtant douce Dame des Brumes, vous existez peut-être…. Il me reste l’espoir que le monde vous porte, que vous n’êtes pas l’ennemie qui veut me voler ma vie, mais au contraire me la donner. Que vous voulez peut-être participer à ce qui semble cette inutile quête de sens, mais qui est le sens. Continuer, porter la vie.
Commentaires
Je relis ce billet et j'y trouve d'autres choses alors qu'à l'époque. Mais quoi qu'il en soit il est vraiment magnifique.
Le dire à son clan ? Parfois, dans le monde dans lequel je vis, ça semble tellement impossible...
J'aimerais bien faire partie de ton clan (enfin, j'en fait un peu partie, si l'on considère le clan au sens large, celui des hommes...)...
J'espère que cette "reprise" n'est pas d'actualité...
Voici le petit mot demandé. Mon adresse (saladeds@hotmail.fr) est la bonne mais je ne l'avais pas encore activée (c'est chose faite). En parcourant tes billets j'ai toujours l'impression de lire du Jørn Riel en plus poétique. Merci pour ça.
Uba--) merci Jorn Riel? je ne connais pas, je vais tout de suite tenter de trouver
Rose--) Malheueusement, je crois que nous sommes encore loin d'avoir réalisé l'objectif de faire des hommes un clan. Mais je crois que nous faisons partie du clan de ceux qui veulent devenir plus humains.
Anne-) je crois que c'est tout aussi impossible dans le Nord, c'est ce qui fait la force des Tongats. Souvent dans ton monde l'ennemi dans un couple, c'est que le conjoint qu'on imagine avoir à coté de soi est bien différent de celui qui est là.
Oh ! Cette photo me fait penser aux peintures de Georgia O'Keeffe !
Ou aussi à ce pastel de Redon qui représente un coquillage (www.odilonredon.net/coqui...
Moukmouk, n'oublie pas que dans ce monde, le nôtre, la réalité dépasse la fiction. Dans le beau aussi. Dans le beau, surtout.
Biz
Je ne sais pas si je suis une perpétuelle optimiste, mais si le monde est beau et plein de ressources. Je dirai même que les gens sont chouettes surtout dans leurs petits travers. Il en faut peu, de gens pas bien, pour mettre tout parterre.
Ou sont ces doulx plaisirs qu'au soir soubs la nuict brune
Les Muses me donnoient, alors qu'en liberté
Dessus le verd tapy d'un rivage escarté
Je les menois danser aux rayons de la Lune ?
Du Bellay