Mahyconie

Il faut étudier la joie des loups. Ils vous diront qu’elle vient de l’action, de la responsabilité assumée dans l’équilibre du monde. Du choix aussi, de l’acceptation de sa condition, une fois le choix posé.

Mahyconie est coureuse. Elle a perdu son amoureux alors qu’elle était très jeune. Je ne connais rien de ce terrible accident, et n’ai jamais osé poser de questions. Elle a choisi de ne pas reprendre l’expérience de l’imprégnation, de ne pas revivre l’amour, de ne pas devenir mère de clan, pour simplement courir.

On pourrait la dire petite, elle est légère. Comme pour les coureurs de marathon, le poids est un obstacle, il faut se concentrer sur l’objectif qu’on s’est fixé et devenir ce que l’on a choisi.

Mahyconie ne fait partie du conseil de Mahyénipigane, elle n’a pas à décider du sens de la chasse, à organiser l’équilibre du troupeau, à choisir qui va survivre et qui va mourir. Elle a à courir. Aucune tristesse, sinon la vieille blessure de son amour perdu, le choix de courir, elle l’assume comme la liberté qu’apporte une jeunesse qui se prolongera toute sa vie.

Je n’ai vu cette petite louve que de loin. Elle n’a pas de rôle de gardienne, et préfère logiquement se tenir le plus loin possible des humains et de tout ce qui n’est pas sa tâche. Je n’ai donc pas de photo d’elle de près ou de face. Ce que je sais d’elle me vient d’Ilaquk, qui je crois admire sa joie simple, son plaisir de vivre.

Mais que c’est beau de la voir toute à sa passion, courir, rejoindre, rabattre la bête vers les loups plus lourds qui arrêteront la bête qui a choisi de se sacrifier. Ce n’est pas le rôle qui apporte la joie, mais l’intensité qu’on met à sa réalisation.