Deux nouvelles de bouffe
vendredi 13 juillet 2007, 17:33 General Lien permanent
C'est drole comment les médias réagissent aux questions de bouffe. Comme l'assiette est jolie, mais surtout nier le lien qui nous unit à la planète. Nier le fait que nous sommes des animaux comme les autres, nier notre dépendance au cycle de la vie.
Personne ne remercie plus le boeuf qui s'est sacrifié pour nous, simplement parce que ce n'est pas celui qui le mange qui a du le mettre à mort. Tuer est un geste qui porte à conséquence. Et quand on doit tuer pour manger, pour survivre, il serait bon que celui qui en profite en mesure toute la portée.
Ici, il y a une énorme campagne médiatique contre une entreprise qui élève des canards et fait du foie gras. Un groupe de farfelus ( qui se prétendent écologistes mais ne reconnaissent pas qu'ils font partie de la vie), a pris des photos clandestines et réussissent à émouvoir le public en hurlant à la bestialité, à la brutalité envers les animaux.
La photo qu'on montre partout est un canard la tête salie par sa nourriture parce qu'il s'est plongé la tête dedans. Il ne leurs est jamais passé par la tête que dans le Nord c'est même canard s'enfonce la tête dans la boue rouge pour manger les racines de scirpe. Ça n'a pas vraiment pas la propreté de l'étal de votre super-marché. Le gavage est possible parce que c'est un réflex chez les canard et les oies qui profitent de la manne quand elle passe. La différence c'est le maïs, mais c'est une autre histoire.
La grande différence depuis 60 ans, c'est qu'avant la guerre, on connaissait le producteur d'au moins 70% de ce qu'on mangeait. Maintenant qui connait d'où vient le contenu de son assiette? Qui a la moindre idée du processus de fabrication de la viande de hamburger? Et le crime horrible que représente la pêche au chalut?
La mort, donner la mort fait parti du processus de la vie. Je ne plaide que pour la responsabilité, l'acceptation de notre place sur cette planète. Les humains seraient beaucoup moins prétentieux dans leurs restaurants de luxe s'ils comprenaient combien ils sont dépendants de tout ce qui est vivant du ver de terre à l'éléphant, de la bactérie à l'oiseau, de l'humain à la baleine.
Il faudrait que tous ceux qui mangent de la viande ait déjà tué un chevreuil ou un orignal, voir le regard de la bête qui sait qu'elle va mourir et accepte. Après notre propre mort devient acceptable. Je n'ai aucune supériorité sur la bête qui vient de mourir, je ne suis qu'un élément dans la chaine de la vie.
Une bonne nouvelle: Un spectacle suivi d'un repas pour 12 000 personnes. Tout était recyclable ou réutilisable, si bien qu'une fois le ménage fait, il n'y avait qu'un seul sac de poubelle pour l'enfouissement.
Commentaires
J'aime toujours autant ton côté "indien" dans ta vision de l'existence (je ne sais pas pourquoi, mais ton regard sur la life m'évoque les indiens).
Vivre dans la nature ça remet les idées en place.
Par contre ton anti-spam il me demnde la couleur du cheval blanc de Napoléon et je ne connais pas la réponse parce qu'à moi on ne m'a appris que la couleur du cheval blanc d'Henri IV (mdr)
Quand tu parles du crime de la pêche au chalut, tu parles de quel type de chalut???? de quel point de vue????
Eor--) j'en ai déjà un peu parlé, il faudrait que je le fasse en détail, chiffres à l'appui et tout. Les chaluts, arrachent souvent les fonds marins et la vie devient difficile après. En moins de 30 ans ils ont détruits les grands bancs de Terre-Neuve, qui étaient la plus grande réserve de protéine du Monde. 12 ans après le début du moratoire, il n'y a aucun espoir encore de voir la pêche reprendre. ( je n'oublie pas ta demande pour les sons de bateaux).
Catherine--) Tippie dit qu'il est à l'épreuve des blondes, je rajoute qu,il est à l'épreuve des ours aussi.
Laflote--) il doit bien y avoir une raison.
Ah oui, mais non hein, moi j'avais une question vachement plus meta-physico-calcul-menthe-à-l'eau-difficilo que ça ! (meme après 3 jours, j'ai toujours pas compris la question, en fait !)
Y'avait quoi à manger après le spectacle ?
T'as pas tort pour les z'animaux qu'on tue qu'on chasse et qu'on bouffe sans faire de sentiments. (Sauf que, si je mange encore du veau, du boeuf, du poulet... Je ne sais plus manger ni canards, ni agneau (et pourtant j'adorais ça)... Sont trop mignons !)
test
Tip'--) je n'étais pas là, (c'était à Montréal), je sais que les assiettes et les ustensiles étaient en fécule de maïs mais c'est à peu près tout.
Prière de voir note à Catherine un peu plus haut... reste la grande question Catherine est blonde ou ours?
Tu crois que c'est parce que j'ai aimé très beaucoup plus mieux le film "Danse avec les loups" que je te vois comme un grand chef indien ?
Pinaise, ton captruc me demande la capitale de la Belgique... Je crois que je vais enfin savoir si je suis blonde du cerveau ou pas ;-D
Je me souviens d'une famille là où j'habitais, devenus ouvriers par la force des choses mais qui poursuivaient les gestes de leurs parents en les enseignant à leurs enfants. Ils faisaient un petit élevage de lapins "pédagogique" si je peux dire ainsi. Ceci étant dit, lorsqu'ils m'ont remercié avec un de ces petits lapinous préparé pour la marmite, je me suis trouvée face à mes contradictions : je mange une viande qui surtout ne ressemble à rien, dont je ne peux imaginer la provenance. En désossant mon lapin, j'avais l'impression de sacrifier le Pierre Lapin de mon enfance, poursuivi par le cruel fermier. Je manque d'éducation à la chaîne alimentaire ! ; )
Dom--) c'est cela que je propose, si nous ne jouons pas notre rôle de prédateur les espèces dont nous dépendons vont perdre leurs qualités de vivants. Mais nous devons être conscients et remercier ceux dont nous dépendons. Le problème n'est pas de manger de la viande, le problème c'est de ne pas savoir ce qu'on fait.
En nous éloignant de la mise à mort de l'animal que l'on bouffe, en ne voyant plus les conditions intolérables d'élevage auquel nous l'avons soumis, nous parvenons à ignorer ses souffrances et à nous rassurer en nous disant que nous ne faisons aucun crime contre l'animalité.
Lever le voile sur le statut que nous avons donné à l'animal notamment domestique, que nous avons enfermé dans des rapports de production et qui n'a plus d'existence hors sa rentabilité, et qu'en plus nous gaspillons à tout va, c'est important. Car le tuer nous-même, bon c'est impossible. Il faut voir combien le rapport des éleveurs à leurs animaux a aussi versé dans l'indifférence (obligé aussi vu l'horreur des élevages en batterie).
Tiens, puisque tu aimes Marguerite Yourcenar, voilà un bout de ce qu'elle a écrit dans Message à l'Oeuvre d'Assistance aux bêtes d'abattoir (je ne suis pas très d'accord avec ses paralléles, mais elle pousse à s'interroger sur notre volonté d'ignorance).
"Soyons subversif. Révoltons-nous contre l'ignorance, l'indifférence, la cruauté, qui d'ailleurs ne s'exercent si souvent contre l'homme que parce qu'elles se sont fait la main sur les bêtes. Rappelons-nous, s'il faut toujours tout ramener à nous-mêmes, qu'il y aurait moins d'enfants martyrs s'il y avait moins d'animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes de quelconques dictatures, si nous n'avions pris l'habitude des fourgons où des bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en attendant l'abattoir."
Oui, c'est ce que je tente de dire. Il ne s'agit pas de se nier dans notre role de prédateur, il s'agit de le faire dans le respect de la vie.
j'ai la chance de pouvoir manger boeuf cochons chevraux poulets et canards élevés et sacrifiés dans ma famille et je m'insurge contre certains propos tous les éleveurs ne sont pas des brutes sans coeur et qui ne respectent pas leurs bêtes.
par ailleurs j'ai appris et je continue avec mes enfants qu'on ne jette pas la viande... on mange tout, jusqu'au tour des os, et on utilise la viande de la carcasse aussi (d'abord c'est bien meilleur) et au lieu de faire un seul repas un poulet peut en faire deux!
mes enfant savent quelle bête il mangent qui c'était et ils lui disent merci pour le bon repas qu'elle nous offre tout en disant "mais il ne fallait pas la tuer" ...
d'autre part certaines espèces animales disparaitrons si elles ne sont plus élevées pour être mangée par les hommes, je pense notamment aux chevaux de trait qui ne sont plus guère utilisé pour le travail de la terre et qui le sont aujourd'hui pour la boucherie mais ça je n'arrive pas à en manger je n'aime pas le gout...
En effet, la question n'est pas de manger ou pas de la viande, je suis chasseur, un prédateur, et je remercie la bête qui se sacrifie pour son troupeau et pour moi. il y a des chasseurs aussi imbéciles que des fermiers, et des fermiers aussi respectueux qu'en vrai chasseur. Mais je veux poser la question à celui qui mange la viande, sans reporter la responsabilité de faire partie de la chaine de la vie sur un autre. La conscience d'être dans la vie comme les autres animaux c'est une responsabilité personnelle.
Bey, je parle des éleveurs qui font du hors sol, de l'élevage en batterie. Et là je persiste et signe. Toute leur relation à l'animal a s'est profondément transformée, l'animal vivant n'existe plus, c'est une marchandise, une machine. Et d'un autre côté, comment pourraient-ils faire autrement, quand ils sont confrontés à toute cette violence. Je ne vais pas me lancer dans un descriptif des conditions d'élevage industriel, mais je connais bien la relation à l'animal d'abattoir.
Vu un reportage la semaine dernière sur la vie de nomades de la toundra au nord de la Sibérie, qui vivent de l'élevage de rennes et d'un peu de pêche. Ca remet les choses à leur place.
J'ai de la chance de savoir où et grâce à qui poussent mes légumes, déjà, et c'est une rareté dans le monde dans lequel je vis.
Ce qui est fou c'est ce sursaut pseudo humaniste quand il s'agit de tuer pour manger, mais pas du tout quand il faut remettre le contact sur le 4x4, s'acheter des vêtements fabriqués par des enfants dans des conditions inacceptables et encourager nos dirigeant à nous assurer à tout prix une illusion de sécurité, hein ?
Il me semble que l'industrie agroalimentaire a mondialisé des formes de production pour répondre à une consommation qui n'existait que dans les couches aisées du monde occidental au XIXème : celle de viande, de laitages, de farine de froment, de sucres et de graisses.
On n'a pas tenu compte des traditions alimentaires et l'agriculture vivrière, source d'équilibre entre l'homme et la nature disparaît à grand pas. Même en Amazonie, l'on rencontre des Amérindiens obèses qui se nourrissent de chips et de yaourts (horriblement chers...parce qu'importés) alors que leurs parents prélèvent juste ce qu'il faut comme animaux sauvages pour se nourrir.
@ Anne : Ce qui est fou c'est ce sursaut pseudo humaniste quand il s'agit de tuer pour manger, mais pas du tout quand il faut remettre le contact sur le 4x4, s'acheter des vêtements fabriqués par des enfants dans des conditions inacceptables...
Tuer pour manger est une chose. Faire vivre les animaux que l'on tue dans des conditions effroyables en est une autre. En quoi s'en préoccuper mérite-t-il d'être qualifié de "pseudo humaniste" ? En quoi s'intéresser à la condition animale présuppose-t-il de se désintéresser d'autres problèmes ?
Cela ne présuppose pas, bien entendu, meerkat. Mais bien souvent on trouve des "illuminés" chez les extrêmistes de tous bords pour oublier un combat au profit de l'autre. Regarde Brigitte Bardot, par exemple ! (Quel exemple...).
Evidemment que tous les défenseurs de la cause animale ne sont pas de ce ressort, et heureusement.
Simplement, je crois, comme le suggère Moukmouk, qu'il faut se souvenir de qui nous sommes et de à quoi nous appartenons. Et qu'il faut faire justement la différence entre la maltraitance aux animaux (que nous leur infligeons en saccageant gentiment notre planète commune, tous les jours, d'ailleurs) et les principes alimentaires de base.
On est "mieux" d'accord comme ça ?
Bon oui, comme toujours il faut se méfier des mots. Il y a des gens qui se prétendent "chasseurs" et qui tuent pour le plaisir. Et je pense qu'en France les chasseurs sont en majorité dans cet esprit.
j'ai souvent expliqué ici, que le prédateur n'est pas au-dessus de sa proie mais au contraire en est le serviteur. Le caribou court plus vite que le loup, sinon il n'y aurait plus de caribous depuis longtemps (ni de loups en conséquence). Celui que les loups mange c'est le plus faible, celui qui s'est sacrifié pour que le troupeau soit meilleur.
La chasse n'est pas le carnage que certains pratiquent, c'est notre mise à niveau dans le grand jeu de la vie. Mais cela prend de l'humilité et du respect. C'est la différence entre le chasseur et le guerrier.