L'amour des loups

On me reproche de ne pas avoir fait de billet sur les loups depuis longtemps. C'est vrai mais je n'ai pas beaucoup de temps, et je n'ai pas ici la voix de Mahyécicin que j'aurais aimé ajouter à ma petite histoire. je le ferai quand je serai de retour. En attendant la reprise d'un billet qui explique un peu le comportement des loups.

Il y a tellement de mythe qui entourent les loups, qu'il va me falloir faire une longue présentation avant de vraiment d'aller au coeur du sujet. J'espère ne pas ennuyer avec de déboulonnage d'idées fausses, mais il y a un cout avant de voir dans les yeux des loups.

Les éthologues qui ont étudié les loups en liberté sont formels: le comportement des loups en cage n'a rien à voir avec un loup en liberté. Toutes les fadaises sur le mâle alpha, la domination et la structure rigide de la meute ne se rencontrent pas avec des loups en liberté. La meute est composée de parents proches qui partagent des objectifs communs. Il faut avoir une idée précise de ce qu'est une société clanique pour comprendre le fonctionnement de la meute. C'est d'abord la recherche d'un consensus, et la réelle volonté d'être ensemble qui oriente le groupe. Et il est possible à un loup, plus facilement qu'à un membre d'un clan humain, de changer de clan. Le lien du clan, est d'abord un lien chimique, un lien d'odeur, et cette odeur définit l'identité. La notion de « je » moderne telle que construite depuis Descartes, est un frein majeur à la compréhension des loups.

Ma thèse qui est moins acceptée mais qui me semble le point fondamental pour la compréhension des loups, ce n'est pas un mâle alpha, mais la génitrice de la meute qui est le pivot décisionnel du groupe. Evidemment, les manifestations d'autorité sont le fait du premier gardien, il dirige généralement la chasse, parce qu'elle est au liteau. La plupart des éthologues sont des mâles blancs, imbus de l'idée fausse de la supériorité du mâle, et n'acceptent pas de voir ce fait fondamental.

Il n'y a pas eu d'attaque d'humains par des loups en liberté ( par contre c'est très fréquent de la part de chiens). Il est impossible de trouver un seul rapport récent fiable d'un tel accidents, et quand on remonte, les documents deviennent très douteux. On homme meurt en forêt, sa carcasse sera nettoyé, on ne perd pas de protéines en forêt. C'est très facile à comprendre, les loups ont un odorat aussi puissant que celui des meilleurs chiens. Ils savent à l'odeur tout ce qui se passe à 2 kilomètres autour d'eux. Les humains puent beaucoup trop la violence, la peur et le mépris, pour qu'un loup accepte de s'approcher d'un homme, à moins que, et construire cet « à moins que » est l'oeuvre d'une vie. Il n'y a pas de savon pour laver la violence.

Ce qui unit le clan c'est l'amour, les loups sont plus que fidèles, ils s'unissent en enfance en partageant une odeur, et cela les lient par dessus toutes les contraintes et les difficultés. L'amour chez les loups n'est pas un objectif de reproduction mais un mode de vie.

Il y a les cas des loups qui ont été touchés par des humains lorsqu'ils étaient bébés. Eux, accepteront la proximité des humains mais dans des conditions bien particulières. Il n'y a pas de grands méchants loups, parce que les humains sont trop méchants pour qu'un loup s'approche. Les légendes Inuites et Innus surtout parlent de loups fous que tous les animaux cherchent à tuer, mais ce sont des légendes et parlent probablement plus de la maladie mentale des humains qui parfois ne trouvent pas de solution dans le clan.

J'ai eu la chance de voir des loups. Ou plutôt, des loups ont quelques fois acceptés que je les vois, ce n'est pas une question de chance. Seul jamais assez près pour voir dans leurs yeux, et puis je n'ai pas une très bonne vue. Il y a une exception le vieil Ijjilik, mais il a rencontré des humains lorsqu'il était louveteau, et à son age, il désire la mort.

Le loup est un prédateur, il est responsable de la santé de sa proie. L'humain est un prédateur qui ne tuant pas lui-même sa proie a perdu le sens de la responsabilité. Le regard du loup, le regard qu'il porte sur le monde, c'est la façon de voir que je veux apprendre, mais j'en suis encore loin. Mais je vis la plupart du temps dans le monde des humains et je n'ai pas la liberté que donne la forêt. Me comporter comme un loup, je serais depuis longtemps mort, il n'y a pas dans la ville, la possibilité de fuir.

Le regard du loup, c'est de comprendre qu'être vivant c'est être responsable de tout ce qui vit.