Prison de soi
lundi 2 novembre 2009, 18:56 General Lien permanent
Constance cite Yourcenar. “Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ? ” et voilà qu'à nouveau la question se pose.
Je n'avais pas noté ni l'auteur, ni le livre et pourtant cette phrase me revient en mémoire à la question de Yourcenar. « Elle détestait le Monde, la Nature qui n'avait aucun intérêt pour son existence éphémère. » Si quelqu'un sait qui a écrit cela... Même monsieur Gougueule ne veut pas m'aider.
Si il y a une évidence c'est que la Nature, le Monde enfin je ne sais comment appeler cela, n'a pas d'intérêt pour ce que je tente de définir comme moi. Le vivant est une totalité, à la quelle je participe parce que je mange, j'aime, je touche, j'écoute, je vois. Cette totalité ne s'occupe que d'elle-même, de son élan, de sa continuelle construction.
Le magnifique livre « Poussières d'Étoiles» décrit très bien comment ce grand courant de la vie est la conséquence du Big Bang. Il y a eu ce formidable explosion d'énergie et depuis tout ce refroidit. Mais la résistance contre le refroidissement s'est organisé, la matière puis les étoiles, puis les planètes, puis les protéines, puis les organisations multicellulaires, puis la pensée, puis le caractère écrit, puis la communication par ordinateurs, ce n'est que le même mouvement de conservation de l'énergie, la même lutte pour empêcher le froid de tout détruire.
La science en tant que mécanisme de construction et de continuel vérification de la connaissance, fait exactement le même travail que l'ADN comme réservoir de la connaissance qui permet sa construction, sa vérification et sa reproduction.
Il est toujours possible de se considérer comme une entité autonome, indépendante de l'énergie globale qui pousse à plus de connaissance ou plus de vie. Je ne fais alors que m'isoler du sens de la marche. Et oui de toute évidence, le Monde n'a alors aucun intérêt pour ce « je ». Il faut constater que je suis ma propre prison et je peux l'explorer en faire le tour, mais je ne comprendrai jamais ce qui se passe dans le Monde.
Commentaires
C'est effrayant, un peu, mais surtout rassurant, en plus, de se sentir appartenir à un immense quelque chose qui nous dépasse, je trouve...
(Merci pour ton mail. T'ai répondu)
Et pourtant, l'homme, certains hommes devrais-je dire, passent leur vie à construire des forteresses, des murailles, dans lesquelles ils s'enferment !
C'est un peu étrange, car oui, en voyant ma mortalité j'ai eu l'envie de faire "physiquement" le tour de ma prison.
Mais prison ce sera toujours quand même.
Bisous
Tili--) Ça prend du temps pour comprendre que ce qu'il y a en dehors de notre prison est plus beau que dedans. Mais tu as réussi je crois, bon voyage.
Constance--) c'est triste de ne pas connaitre plus grand que soi.
Anne--) terrifiant au début mais réconfortant de se sentir dans le flot de la vie.
Un ours qui philosophe et voila comment on contribue au réchauffement de la planète !
Intéressant.
On fait partie d'un tout, et on a plus de pouvoir ensemble qu'on ne le pense, pour faire bouger les choses positivement.
Pour le moment, on a beau vivre ensemble, il manque encore de bonnes doses de tolérance, de paix, et ce côté contemplatif (dont je parle aujourd'hui en critiquant l'iPhone), cette symbiose avec la nature, que tu vis avec justesse, même si ça isole un peu, tu es dans le vrai selon moi.
On perd une part de nous avec ces technologies, qui par ailleurs nous relient, bref on perd d'un côté, on gagne de l'autre.
Aude--) je viens de lire ton billet. Je suis assez d'accord mais je pense qu'il mérite une réponse, je vais tenter de faire cela pour demain.
Je connais très bien ce livre "poussières d'étoiles". L'ancienne édition, je l'ai eue pour le noËl de mes 12 ans je crois et ce beau livre m'a longtemps fait rêver. Je l'ai souvent ouvert, mais pour regarder les images... C'est peut être pour ça que quelque chose m'a échappé. J'ai été happée dans la toile et j'ai laissé les mots.