De quelques loups
dimanche 1 novembre 2009, 16:42 Nouvelles du Nord Lien permanent
La réserve faunique des Laurentides, c'est un territoire de 10 000 km2 d'espace naturel protégé, entre deux autres parcs qui en doublent la superficie. Une vraie forêt avec une seule route.
Certains diront une route, c'est une route de trop. Mais un espace aussi grand que presque deux fois l'Ile de France, sans trop de présence humaine, sans village, cela semble suffisant pour que les équilibres de la nature jouent pleinement leurs rôles.
D'après les données officielles, il y aurait 7000 loups au Québec. À mon avis, c'est une sous-estimation comme on sous-estime les autres grandes populations. Il y a certainement plus que les 600 000 caribous dénombrés par le gouvernement du Québec ( 800 000 pour la seule harde de la Rivière George, 400 000 pour celle de la rivière aux Feuilles, et on pourrait continuer à compter) 300 000 cerfs de Virginie et 90 000 orignaux. Alors 7000 loups cela fait très peu de bergers pour de si grands troupeaux. Mais comment compter des loups ?
Les loups sentent l'homme à plusieurs kilomètres et savent continuellement le localiser. On ne voit un loup que s'il accepte d'être vu. Alors, quand on compte des loups on ne compte que ceux qui nous considèrent comme peu dangereux. On voit des loups quand on réussit à ne pas sentir la violence, à être en paix avec soi-même, à être en équilibre, je considère cela comme un énorme défi pour la majorité des humains. Il y a bien les petits avions et les hélicoptères, mais encore comment savoir si les lignes de vol nous montrent une petite ou une grande partie des membres d'une meute ?
Il y a aussi le nouveau problème des loups imprégnés. Un louveteau qui a été en contact avec des humains ne considère plus les humains comme un danger immédiat et évident. Il a bien tort, mais il m'arrive moi-aussi d'avoir tort et de faire des bêtises. Comme maintenant il y a des humains presque partout, il y a de plus en plus de chance qu'un jeune loup rencontre un humain et accepte son odeur. À cause de la fameuse route, c'est ce qui est en train de se passer dans la réserve faunique des Laurentides.
De gens qui vont faire des excusions et du camping en grande forêt dans cette Réserve voient des loups s'approcher des campements, tenter de voler de la nourriture, ou simplement être curieux de ce bizarre bipède sans plume. Et là, il y a danger.
Il n'y a pas d'histoire crédible « d'accident » impliquant des loups. Pas de preuve qu'une meute aurait attaqué un humain vivant et en santé. Un humain très blessé ou mort c'est différent, le coût des protéines est très élevé dans le Nord et le cadavre sera rapidement nettoyé. Sauf que si les loups commencent à se rapprocher des humains, la situation pourrait changer. Même à taille équivalente, la gueule d'un loup est beaucoup plus puissante que la gueule d'un chien, parce qu'elle est conçue pour broyer les os d'une patte de caribou, alors que le chien s'attaque au muscle et généralement à la gorge.
Il devient de plus en plus important de ne pas accepter le contact avec un loup (sauf si vous le connaissez depuis plusieurs années). Si un loup s'approche, il faut crier, lui lancer des pierres, avoir l'air méchant. Il retournera en forêt. Un loup ce n'est pas un grand chien.
Commentaires
Belle constance de ton approche, à moins que ce ne soit moi qui mette des lunettes déformantes. Si individuellement c'est tentant de se rapprocher d'un loup, collectivement et à long terme, c'est un acte dangereux. L'inverse du vaccin, quoi !
Mais comment fais-tu pour penser "autrement" de la sorte et glisser des coins dans nos individualités occidentales ?
Saveur(s)--) je ne sais pas penser autrement, alors il m'est bien difficile de le définir, de marquer la limite. C'est justement comme les loups, la meute est toujours plus importante que chacun des loups. Il n'y a pas de loups solitaires, c'est impossible, il ne survit pas. Il n'y a pas d'humain solitaire, c,est impossible, il ne survit pas. Le problème, c'est que l'humain occidental ne le réalise pas.
Moi j'ai entendu ici des histoires de loups poursuivant des gens à motoneige. Même si l'histoire se termine bien pour les humains, je ne doute pas qu'en plein cœur de l'hiver il puisse arriver de vrais accidents...
Mais ici, on sait bien qu'un loup est un loup et les promeneurs nocturnes hâtent le pas quand ils entendent des hurlements à la lune...
Je voyais l'autre jour que près de 50% des humains vivent en ville aujourd'hui et je me disais que nous avons beaucoup perdu notre lien a la nature et a la place que chacun occupe. Il y a quelque années, un calendrier animalier avait pour Décembre une magnifique photo d'ours polaire et la légende titrait quelque chose comme "Ce gentil pataud...."... je me suis dit que ceux qui l'avait fait n'avait jamais du voir un ours polaire, même de loin....(désolée Moukmouk, je sais que toi tu es le plus gentil ... toujours est-il que les animaux sauvages sont et doivent rester sauvages, même si nous aimerions en faire des animaux apprivoises, domestiques... (bon en même temps, c'est surement grâce a cette tendance des humains que nous avons maintenant des chiens, des chats etc...)