Catastrophe Naturelle ?

Haïti a vécu l'horreur, vit toujours l'horreur. Un tremblement de terre ? Oui, mais aussi une attaque du FMI.

Haïti s'écroule, Haïti meurt de soif, de faim, de gangrène. Pourtant, c'était bien connu que cette zone allait connaître « bientôt » un grand séisme. Cela aurait pu être un ouragan, un incendie, une épidémie, les conditions de cette catastrophe étaient réunies. Le désastre, c'est de ne pas avoir agi avant.

Haïti a besoin d'argent, d'énormément d'argent, pour soigner et nourrir et surtout pour mieux reconstruire ce pays. Il faut donner généreusement et je suis persuadé que vous le faites comme moi. Haïti a aussi besoin d'experts qui sauront planifier et organiser la vie de façon à réduire le risque que de pareils désastres se reproduisent. Ces experts existent, ils enseignent dans les universités à Montréal, à Paris, à Miami où ils ont les outils et le contexte pour développer leurs expertises. A Port-au-Prince, Il n'y a pas les labos ni les conditions de travail qui permet de maintenir l'expertise.

Les images qui nous proviennent d'Haïti a provoqué le même constat tout autour de la planète : « Mais où est l'état ? » Où sont les services publics ? Qui coordonne ? Qui met en marche la reconstruction ? Qui fait la surveillance ? Qui contrôle l'équipement lourd ? La réponse est évidente, il n'y a pas d'état. Il y a une façade politique qui n'a pas de moyens matériels de remplir le rôle de l'état.

Le Fond Monétaire International annonce en grande pompe un nouveau prêt à Haïti, un prêt de 100 millions de dollars américains, qui s'ajoutent aux 160 millions que doit déjà l'État Haïtien. On ne peut être contre, ce pays dévasté a besoin d'argent, de beaucoup d'argent et tout de suite.

Sauf que ce prêt vient avec de grosses ficèles : a) une augmentation considérable du prix de l'électricité, ce qui veut dire que moins de familles auront accès à ce service de base, et plus de déboisement pour faire la cuisine au charbon de bois. b) aucune augmentation de salaire pour les fonctionnaires, mais comment cet état aura-t-il les experts nécessaires à son développement ? c) une politique de restriction du crédit pour empêcher l'inflation, mais comment les banques prêteront l'argent pour la reconstruction à ceux qui aurait les ressources pour emprunter ?

Ce n'est pas la première fois que le FMI tue le développement d'Haïti. En 1995, le FMI avait forcé ce petit pays de couper les tarifs douaniers sur le riz de 35 à 3%. Le résultat a été le dumping massif de riz américain très subventionné ce qui a détruit l'économie agricole. En dix ans Haïti qui était exportateur de riz importe maintenant 80% de la consommation interne.

Il va y avoir d'autres désastres naturels en Haïti comme ailleurs. Mais ce sera encore une fois une catastrophe, parce que ce sont les décisions prises par le FMI qui construisent les catastrophes.