Glouscap et le Grand Aigle

Un conte traditionnel de la Belle-Rivière, ici résumé. Glouscap est le premier héros, l'esprit de la communauté de la Belle-Rivière.

Le jeune Glouscap dormait dans le wikuwam de Douce Marmotte, la première Grand-mère des clans. Par un très beau matin, Glouscap regarde la Belle-Rivière et voit de beaux canards près de l'autre rive et décide d'aller les chasser. Il saute dans son canot et traverse, mais quand il approche des canards, un grand vent se lève et repousse son canot. Il revient à la charge, mais par trois fois son canot se fait repousser.

Très fâché, il revient vers la Grand-Mère et demande : «  Mais qui fait se lever le vent? »

Elle répond: « pourquoi veux-tu le savoir? »

--Parce que...

--Ha Glouscap, chaque fois que tu poses ce genre de questions, je sais que nous allons avoir des problèmes. Mais tu es si stupide et têtu que tu vas répéter ta question jusqu'à ce que je te réponde. Alors, je vais te le dire, si tu marches toujours avec le vent dans ta face, tu arriveras à l'aire de Ouchouosen, le premier des aigles.

Glouscap part aussitôt et marche le visage dans le vent. Mais le vent est de plus en plus fort. Il devient si fort, qu'il souffle tous ces vêtements. Mais Glouscap est têtu, il continue malgré tout. Le vent devient si fort qu'il lui arrache tous les cheveux sur la tête, mais Glouscap continue. Le vent devient si fort que pour ne pas s'envoler, Glouscap doit prendre une énorme pierre dans ses bras. Et enfin il voit Ouchouosen, le premier Aigle.

Glouscap crie dans le vacarme du vent : « Grand sage »

L'Aigle arrête de battre des ailes et dit: Qui m'appelle grand sage ?

–) tu es vraiment très habile à créer le vent, je suis en admiration devant toi!

–) tu veux dire comme ça ? Et l'aigle bat si fort des ailes que sans sa grosse pierre Glouscap aurait été soufflé loin de la montagne.

–) Grand Sage !

–) Oui

–) Tu es vraiment le plus fort, mais tu serais bien meilleur si tu étais sur la plus haute montagne qui est là-bas.

–) Tu as raison, mais je ne peux pas monter si haut sans vent mais comme c'est moi qui fait le vent, je reste ici. Qui pourrait me porter là-bas

–) Moi, je vais t'attacher sur mon dos, et te porter jusque là-bas

Aussitôt dit aussitôt fait. Glouscap attache le grand aigle sur son dos et descend la montagne en direction de l'autre montagne encore plus haute. Mais le jeune héros sait qu'entre les montagnes, il y a une crevasse. Il jette l'aigle la tête en bas, et ficelé comme il l'est, Ouchouosen ne peut plus rien faire.

Glouscap revient à la Belle-Rivière, mais il faut très chaud, trop chaud... et il n'y a plus canards. Ils se sont tous cachés dans les hautes herbes et le héros ne peut pas chasser.

Il revient vers la Grand-mère Douce Marmotte qui lui dit :

–) Qu'as-tu fait encore, il fait trop chaud, et il n'y a plus de vent. Mon lavage ne sèchera pas, et les moustiques vont nous dévorer.

–) J'ai compris dit Glouscap. Et il retourna libérer l'aigle Ouchouosen

Il avait compris, que le héros, aussi puissant soit-il doit respecter les forces de la vie, sinon son action n'entrainera que des catastrophes.