Ode à une andouillette

Petite excursion en France aujourd'hui, rien de vraiment exceptionnel sauf une andouillette
La route est longue sous la pluie. Le trafic n'avance pas, et me voilà en retard. Et comme toujours quand le temps file très rapidement j'ai faim. Drame, un ours qui a faim devient rapidement colérique et dangereux. Il faut sacrifier quelques bêtes pour calmer le courroux du dieu estomac. Un village et le bistrot du village, qui pour une fois ne s'appelle pas bistrot de la gare ou de la place, mais café de la paix, comme à Paris (Londres, Genève, Montréal, New-York etc.) ça promet... on y va. Les camionnettes stationnées devant annoncent déjà la clientèle et le menu. Des plombiers, des menuisiers, des travailleurs qui ont besoin d'un solide repas du midi, parce que les journées sont longues et qu'il faut refaire ses forces. Le menu est très court, mais de toute façon c'est le genre de resto où il faut prendre le plat du jour comme tout le monde. Alors va pour l'andouillette à la monde de Lyon. C'est, si je me souviens bien la deuxième fois que je mange de l'andouillette... la trop propre Amérique manifeste un dégoût certain pour ce genre de plat (alors qu'on met pire dans des assiettes stérilisées). Je me souviens de la délicieuse andouillette que m'avait servi Akynou à Tours l'an dernier. C'était parfait, mais je ne sais plus si c'est le plat ou bien la qualité de la rencontre (probablement les deux) qui rendait le plat exceptionnel. En entrée, une généreuse salade de museau qui aurait pu servir de plat principal dans bien des restaurants. Puis vient l'assiette de légumes et trois minutes plus tard, deux andouillettes dans le plat en terre qui a servi à la cuisson. Attention c'est chaud! On s'en doute bien à entendre grésiller le beurre et le gras dans le fond, et puis monte un odeur riche d'ail et de persil. Je vais me régaler. C'est bon, un peu salé à mon goût, mais c'est bien connu je suis beaucoup plus sucre que sel. Je dévore. Le vin est de circonstance, rien de raffiné, mais du solide qui se défend bien contre une nourriture aussi goûteuse et qui contient assez d'alcool pour dissoudre la riche graisse saturée qui bloquerait autrement les artères. Tiens, je vais en prendre un autre verre. J'en ai laissé dans mon assiette. Les quantités sont prévus pour assoupir même un ours, la route par un jour de pluie et de brume c'est déjà assez endormant comme cela. Je suis content. C'est un privilège de trouver dans un bistrot de petit village, une nourriture aussi goûteuse. Bien sûr, ce n'est pas de la gastronomie, ce n'est pas ce que je recherchais. Mais de la bonne bouffe bien faite sans rien de fadasse, il faut le célébrer.