Chronique de la butte aux trois sœurs

J'espère que cette chronique se poursuivra jusqu'à la fin de l'été.

L'agriculture s'accorde assez mal avec le nomadisme. Un nomade cherche une utilisation la plus douce possible du paysage, ne prendre que ce qu'il y a de trop, respecter le rythme des croissances, ce qui impose de ce déplacer, parce que rester au même endroit longtemps impliquera une modification importante de l'espace utilisé.

Qu'on pense simplement au bois de chauffe et de cuisson. Il est tout à fait logique pour un nomade de couper un arbre pour favoriser la croissance des arbres autour, mais rapidement les besoins en bois vont imposer de modifier le paysage, de faire produire la forêt pour produire du bois de chauffe plutôt que de laisser l'Équilibre régir la croissance.

Dans la même logique, il est possible de faire de l'horticulture sans transformer la Terre, sans briser l'Équilibre. Un exemple : la butte aux trois sœurs. Dans une petite clairière naturelle, le nomade formera une petite butte (à sommet plat) en ramenant un peu du sol forestier, pour assurer un bon drainage des plantations. Au centre, il met quelques graines de maïs, autour des graines de haricots, et enfin à chaque bout de la butte un plant de courges.

Le maïs n'est pas une plante naturelle mais a été crée par les ancêtres des mayas (à partir de la téosinte), il a besoin d'un apport extérieur d'azote pour se développer. Les haricots sont des légumineuses qui favorisent le développement de mycorhizes fixant l'azote sous forme assimilable par les plantes ce dont profite le maïs. Les haricots ont besoin de support, sinon les gousses de graines au sol pourrissent. Le maïs en poussant fournira ce support. Enfin, les plants de courges avec les feuilles larges, servent de désherbant et gardent la butte bien humide ce dont le maïs a besoin.

J'expliquais tout cela à ma blonde, et je me suis dit que la meilleure façon de faire comprendre était d'en faire une :

butte76.jpg

Et voilà. La butte est en place, tout germe bien, je n'ai pas encore mis les plants de courges qui poussent actuellement dans des pots, mais je ne pense pas que cela nuise à la démonstration. Le nomade peut poursuivre sa route, il reviendra cueillir à l'automne.

J'espère d'ici là, faire une récolte généreuse de billets pour le blogue pour vous expliquer l'évolution de mes essais horticoles.