Le lac de Pohénégamook

Pohénégamook signifie en langage malécite « campement d’hiver » car le lac entouré de collines était abrité des intempéries des plaines du Saint-Laurent. Mais notre ours poète préférait « La Belle Endormie » et son histoire qui pourrait être un pendant québécois de notre célèbre conte de Perrault « La Belle au Bois Dormant » se rapproche davantage des contes d’Andersen.

 

Un soir d’hiver et de neige, une jeune femme, arrive près du lac. On ne sait pas ni qui elle est, ni pourquoi elle erre seule, dans la nuit. On comprend seulement qu’elle marche depuis longtemps. Harassée, elle s’arrête enfin sur la rive et allume un feu. Puis, elle s’enroule dans une couverture de laine et tandis que les flocons se mêlent aux étincelles, elle s’endort tout doucement pour toujours.

Moukmouk me montrait alors les collines bordant le lac dont les formes arrondies rappelaient les courbes de la « Belle Endormie ».

 

Une autre légende circule sur le lac, beaucoup plus amusante.

De même que dans le fameux Loch Ness écossais, un monstre y séjournerait depuis très longtemps. Les riverains l’ont appelé Ponik. Il vivrait dans une grotte sous-marine située à l’une des extrémités du lac et aurait la forme d’un canot renversé orné d’une crête.

 

D’après Moukmouk, c’est une créature timide et craintive qui ne se montre que très rarement. D’après les études scientifiques, un gisement de gaz, le jaillissement d’une source ou juste la remontée d’un arbre mort seraient à l’origine de ce mystère.

 

Un groupe d’étudiants en zoologie a effectué une recherche très sérieuse en se basant sur le volume d’eau du lac afin de calculer s’il pouvait abriter suffisamment d’êtres vivants pour nourrir une créature de cette taille. Sans surprise, le résultat s’est révélé négatif.

 

Nous avions vu cet article sur Internet ensemble et je me souviens avoir fait remarquer à Moukmouk qu’il aurait plutôt fallu calculer le volume de bière à ingurgiter à la brasserie locale pour avoir une chance d’apercevoir la créature en rentrant chez soi.

 

Opinion confirmée après ma visite chez un artiste du coin : le sculpteur Sylvain « Elvis » Lavoie. Ce grand admirateur du premier rocker américain fabrique des meubles monumentaux en bois massif, ornés de motifs sculptés, très souvent marqués du sigle Harley Davidson et ornés quelquefois de la silhouette de Ponik. Il m’avait affirmé très sérieusement avoir aperçu le monstre nageant à la surface de l’eau quelques années auparavant, alors qu’il pêchait sur le lac. Il allait même être interviewé par une télé locale au cours des semaines suivantes et m’enjoignit de regarder le documentaire dès sa diffusion.

 

Je ne l’ai pas fait d’autant plus que Moukmouk m’a aussi confié que son père qui était très farceur avait imaginé un été, de se baigner dans le lac sous une vieille coque de canoë pour faire une blague aux touristes.

 

Alors, la Belle Endormie et Ponik : mythe ou réalité ? Peu importe. Le lac de Pohénégamook reste un lieu magique, féerique en automne et vaut largement le détour même si l’ours poète n’est plus là pour en raconter toutes les légendes.