Les Québécois

 

 

On est bien d’accord : les Québécois sont des gens extrêmement sympathiques, extrêmement serviables (j’y reviendrai) et toujours positifs. Malheureusement, nous, les Français, ne les comprenons pas toujours quand ils parlent.

 

D’abord, ils n’utilisent pas les mêmes mots que nous. D’une part, leur vocabulaire a évolué différemment depuis le XVIIIème siècle et d’autre part, les Québécois font farouchement la chasse aux anglicismes qui fleurissent de plus en plus dans la langue française.

Ainsi, on ne dit pas « faire du shopping » mais « magasiner ». On navigue d’une rive à l’autre du Saint-Laurent sur un « traversier » et non pas sur un « ferry ». Enfin, on ne va pas au KFC (Kentucky Fried Chicken) mais au PFK (Poulet Frit du Kentucky) où l’on peut acheter son repas au « service au volant » et non pas au « drive ». Et pourtant…

 

Comme je devais rendre ma voiture à l’agence de location avec un réservoir plein, un employé m’a gentiment indiqué où je pouvais « tanker ».

 

Petite parenthèse : pour une Marseillaise, « tanquer » signifie planter quelque chose par terre. Par exemple, le mot « pétanque » vient du provençal « pied tanqué » c’est-à-dire les deux pieds joints à l’intérieur d’un cercle tracé au sol. Cette nouvelle façon de jouer aux boules a été inventée au début du XXème siècle par un Ciotaden atteint de rhumatisme et qui ne pouvait plus faire les trois sauts à la marseillaise avant de lancer sa boule.

 

J’ai rapidement compris bien sûr qu’il n’était pas du tout question de jeu de boules mais de faire le plein car « tanker » vient de l’anglais « tank » c’est-à-dire « réservoir ».

 

Comme quoi, il est très difficile de ne pas se faire envahir par la langue anglaise ou par les Anglais. C’est ainsi que Moukmouk appelait les Canadiens anglophones qu’il n’aimait pas particulièrement surtout depuis que l’un d’eux s’était marié avec sa fille.

 

Le deuxième problème, une fois qu’on a compris que le « cheum », c’est le petit copain et la « blonde », la petite amie, c’est l’accent québécois, cette façon si particulière de transformer les voyelles en diphtongues et d’accentuer la dernière syllabe. Et si mon ami Moukmouk parlait avec un accent assez raisonnable, il n’en n’était pas de même pour tous les Québécois : j’ai eu beaucoup de mal à comprendre la femme de ménage montréalaise de Moukmouk, les routiers qui s’interpelaient sur le traversier près de Tadoussac ou les acteurs d’une série policière que nous regardions le soir à Pohénégamook.

 

Et comble du comble, je dois avouer à ma grande honte que, dans l’avion pour Montréal, j’ai été obligée pour comprendre les dialogues de l’adaptation cinématographique du célèbre roman québécois « Maria Chapdelaine », de lire les sous-titres en anglais !