Merci monsieur Ma Buse

Dans la cours j’installe une dizaine de mangeoires pour mes amis à plumes. Ils viennent en grand nombre, mais cela attire aussi beaucoup d’écureuils et de tamias. Cette année c’est vraiment l’infestation, il dévaste tout, j’ai dû agir. Je sais le jeu de mot du titre n'est pas fameux. Mais mon maître Angel, démontre qu'il ne faut pas laisser passer un jeu de mot même pas si bien, il y en aura pour le rire.

Le spécialiste en dératisation ici habite la montagne, c’est la buse à queue rousse. Les anglophones l’appellent « hawk » comme les éperviers, mais c’est faux. Il est plus ou moins équipé pour chasser les oiseaux ( épervier = chasseur d’oiseaux), il n’a pas la vitesse nécessaire pour se nourrir de passereaux. Par contre, son extraordinaire puissance et son agilité lui permettent de voler dans les forêts très branchues, et de monter pratiquement à la verticale en suivant un écureuil qui grimpe. Quand il veut bouffer de l’oiseau, il va chasser les carouges à épaulettes qui ont la stupidité de l’attaquer.

Sa résidence est très facile à trouver. Les buses sont fidèles non seulement à leurs conjoints, mais aussi à leur domicile. Ils construisent un aire, un très vaste nid qui grandit d’année et année, jusqu’à ce que les branches (ou l’arbre) n’en puissent plus et cassent. Heureusement ici c’est le poids de la neige l’hiver qui fait tomber les nids, pendant que madame et monsieur se prélassent au soleil.

J’ai expliqué mon problème, mais j’ai dû faire vite. Il y a trois petits dans le nid, pire que des ados, la tête toujours dans le frigo, et qui réclame à grands cris, de la bouffe, de la bouffe, de la bouffe. Monsieur Buse m’a dit « on verra, dès que j’ai une minute ». Je sais que c’est monsieur, ils sont exactement pareils sauf que monsieur est plus petit d’un tiers environ. Ça explique peut-être la fidélité, il ne survivrait pas à une querelle avec madame ( avis au chéri d’Angel, qui a peur d’une grosse araignée, mais pas d’un petit monsieur).

Il a tenu sa promesse. Dans l’après-midi, je remplissais une mangeoire quand j’ai entendu le fameux « Keeerrrr » par trois fois. Silence total autour de moi, plus personne ne bouge d’une seule plume, la mort est là. Il a tout de suite vu un écureuil qui cherchait désespérément un abri. La terrible patte est descendue du ciel, c’est la fin.

Comme je l’attendais un peu, j’enregistrais ce qui se passait. La buse a au moins trois différents cris, dont un gentil « grou-grou » d’amour. Le « Keeerrr » ( qui ne sonne pas comme ça, mais c’est la convention des oiseaulogues) sert à terroriser les proies, leur interdit de bouger pendant que la mort choisit. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi ça marche :