Petit retour sur la question des phoques

Caroline, une gentille lectrice me demande de parler de la chasse aux phoques.

Je l’ai fait souvent mais je vais tenter de me mettre à jour.

Je vais parler ici de la population de phoques gris, qui pour l’essentiel met bas sur la banquise du Golfe Saint-Laurent, celle dont on parle quand on parle de la chasse aux phoques. J’ai suivi avec attention la cette population des années 1980 à 2010… mais depuis je ne suis pas vraiment à jour. J’espère que les données que j’ai reçu sont fiables.

 

Autant qu’on a pu le mesurer, la population qui se reproduit dans le golfe était à peu près stable autour de 2 millions d’individus jusque vers 1983. Puis la population a commencé à croître rapidement (plus de 3% par année) pour atteindre le chiffre hallucinant de 8 millions de tête vers 2006, presque 9 en 2008. J’ai beaucoup crié à l’époque qu’il fallait intervenir, qu’il n’y avait pas assez de nourriture pour autant de phoques qu’il y aurait rupture. Un phoque mange 2 tonnes de poissons par année, surtout du cabillot quand il en trouve.

 

On me dit que la population se reproduisant dans le golfe serait maintenant d’un demi-million. Que s’est-il passé? Il y a bien eu durant la période 2 années de mauvaise glace, la banquise ne s’est pas vraiment formée et les mères perdaient leurs petits qui se noyaient. En 2011 on a trouvé beaucoup de phoques morts. Probablement qu’un virus est passé et a tué les phoques trop maigres incapables de se défendre. Les phoques sont morts de faim. En 2015, les chasseurs ont tué 1500 individus, rien à voir avec la diminution des populations.

 

Mais pourquoi la population de phoques augmentait de 1980 à 2008? Sans avoir de preuve, j’aurais tendance à mettre la faute sur les ours polaires, et la diminution des stock de poissons. C’est la période où la population d’ours polaires a décliné assez rapidement. Le grand prédateur n’assurant plus l’équilibre, il y a eu une épidémie.

 

Oui, c’est bien l’Homme le grand responsable du déséquilibre dans la population des phoques. Pas par la chasse, négligeable, mais par la pêche au chalut, qui a vidé la mer de ses poissons. La faim, la vraie faucheuse.

Avec le réchauffement climatique le phoque gris n'a aucune chance de survivre. Il se reproduit sur une banquise qui disparaît rapidement. Avec eux disparaîtra les ours polaires qui en mangent chacun une centaine par année. Il est déjà trop tard pour ce combat, il faut maintenant tenter de sauver nos enfants.