Des nouvelles du Nord

Bien sur le départ de la glace est un signe évident que le printemps s’en vient dans le Nord. Mais plus sur encore, c’est le retour des capelans. Ha! Les capelans, ces petits poissons d’argent d’une quinzaine de centimètres arrivent par banc de dizaines de millions pour frayer sur les grandes plages du golf Saint-Laurent. Pour améliorer les chances de reproduction, les capelans se jettent sur la plage, deux mâles pour une femelle et dans le temps entre deux vagues réalisent l’acte de vie, féconder les œufs.

Dans le coin de Sept-Îles, sur une cinquantaine de kilomètres et durant les 3 ou 4 nuits autour de la pleine lune de mai, pour les 2 heures de la pleine mer, le capelan roule. Chacune des vagues apporte dans un immense effort, plusieurs tonnes de ces petits poissons prêts à tous les sacrifices pour que la vie ait son sens : continuer.

Bien sûr cette frénésie amoureuse fait vibrer la mer et les baleines répètent le message que les arbres amplifient. Ne vous étonnez pas de vous sentir le cœur léger prêt à toutes les aventures, c’est le chant du Monde qui vous emporte.

Bien sur aussi, la loi de l’équilibre se met en marche. Il faut que la vie soit protégée. Les saumons qui chassaient les harengs près du Groenland, les baleines qui prenaient leurs vacances d’hiver dans les îles du Sud, d’un lointain sud, les oiseaux de partout, tous criant la vie, la vie, la vie, se précipitent au banquet.

4000 mouettes de Bonaparte aux Bergeronnes, 500 Kakawis à Rivière au Tonnerre, 600 Garot d’Islande traversant depuis Anticosti, et puis les baleines, des bleues, des communes, 10 mégaptères dansant avec les vagues, 15 petits rorquals dans un banc compact faisant route à toute vitesse, suivi de deux clans de bélougas, allons, c’est la fête du printemps.

Il faut en faire autant, partageons le pain, partageons nos mains, partageons nos corps, la vie est là.