Notes sur les langues alghonkiennes

Plus que 9 heures pour savoir si Nokosa a raison et que Accité-Ataciyé fleurira un jour après la lune de la neige. J’apprends que Tto2 aussi est de cette douce lune. Je lui souhaite tout le bonheur qu’elle mérite. En attendant, je prépare le prochain long texte que je veux écrire le plus près possible de la langue alghonkienne. Il vaut mieux faire un peu de révision.

Presque tous les contes Alghonkiens et Inuits décrivent comment un « vivant » devra dépasser les limites du vivant pour devenir un humain : un Anish-nabé. L’ascendance, la naissance, l’éducation ne suffisent pas pour devenir un humain. Il faut le choisir et agir au-delà de la stricte nécessité. Alors, par l’effort, les forces de la Nature choisissent celui qui deviendra humain, et il le restera tant qu’il respectera, qu’il sera dans les forces de la Nature. Il n’y a pas de victoire personnelle, c’est la victoire du monde sur l’individualité, pour que soit maintenu l’équilibre des choses. C’est exactement l’inverse du policier américain qui lutte seul contre le monde pour une justice personnelle.

Dans ce contexte la démarche du « héros » demande d’abord une étape de méditation et d’introspection qui lui permettra d’être en accord avec les forces de la Nature. Le conte « la lame de Ramah » est on ne peut plus un conte traditionnel.

« Mains de Feu » est plus complexe à écrire parce que des hommes dont plusieurs sont déjà reconnus comme Anish-nabé sont ensembles confrontés pour trouver une façon de rétablir l’équilibre. C’est le défi pour vraiment montrer comment s’est vécue de l’intérieur pour les alghonkiens, l’arrivée des Européens.

Parmi d’autres, trois écueils me guettent. Dans la langue alghonkienne il n’y a pas de « si » pas de conditionnel, une seule réalité qu’il s’agit de comprendre. C’est que cette grande réalité qui est l’équilibre doit être protégée. Le mal c’est l’histoire, ce qui change l’équilibre. Il faudra qu’un Anish-nabé se dépasse pour que l’équilibre revienne.

Il n’y a pas de possessif direct non plus. Je ne peux rien posséder. J’appartiens au monde comme tout ce qu’il contient. Ce ne peut pas être mon canot, mais les objets de la nature assemblés pour en faire un canot, et qui appartiennent toujours à la Nature.

Il n’y a pas de pronom personnel non plus. Il n’y a pas de dialogue comme tel, mais une recherche commune pour décrire l’état des choses. Bien sûr il peut y avoir des différences d’interprétation sur ce qu’est « l’état des choses », mais c’est une recherche en collaboration.

On s’en doutera, certains ( même des anish-nabé) se trompent, et brisent l’équilibre. C’est pour cela qu’il y a des affrontements.

D’aussi petites contraintes ne devraient pas m’empêcher d’écrire, enfin presque pas ( comment vais-je faire pour m’en sortir?). Ah! Vous n’avez jamais vu le mot alghonkien (ceux de la forêt) écrit comme cela… Cela me prendrait au moins 4 pages de textes pour tenter d’expliquer pourquoi je choisis cette graphie. Mais disons que puisque les langues alghonkiennes n’étaient pas écrites, il n’y a pas d’orthographe. Fiou! D’habitude on dit « je ne suis pas sorti du bois! » mais pour moi, il s’agit d’y entrer et d’y aller jusqu’au cœur. J’espère que vous me suivrez.