La lame de Ramah-- un récit inuit ( 7ième partie)

Bon, il est temps que cela finisse. J’ai hâte de commencer la nouvelle histoire. Mais il ne faut pas gâcher le tout pas trop de précipitation. Si vous n’aimez pas, il faut me le dire, je corrigerai. Jusqu'à présent, j’aime assez bien cette histoire qui présente la culture inuit, c’était le but, je pense avoir réussi. La vie et la mort sont intimement liées, mais aussi le matériel et l’immatériel.

Qalingu sait qu’il doit se faire une éclisse, c’est la seule façon de survivre, et peut-être même de marcher après s’être reposé. Comment faire… oui, le couteau à neige, il est tout près de lui, il pourra servir de support et la ligne à pêche, en liant le couteau à la jambe à plusieurs endroits. Heureusement, le pantalon de cuir de phoque a empêché que les dents du loup ne déchirent la chair, ça ne saigne pas. Il ne sent pas de liquide chaud le long de sa jambe. Il est encore possible de s’en sortir.

S’asseoir, réunir ce qui reste de force, couper le pantalon, voir les traces des dents qui bleuissent déjà et attacher le couteau à neige à sa jambe. Il se permet un cri de douleur, ça ne sert à rien ici de se montrer résistant, personne ne le saura. La tête tourne, comment se rendre à l’abri et ne pas geler? Comment allumer la lampe? Où est la lampe? Cette dernière question épuise la dernière force de l’homme, qui tombe à la renverse inconsciente.

Combien de temps est-il resté là? L’Inuk ne le sait pas. Sûrement pas très longtemps, la lumière ne semble pas avoir changé. Se relever, se traîner jusqu’à l’abri, organiser la survie. Il tourne la tête et se voit entouré de loups. Les voilà donc. Dans ce Nord si exigeant une telle quantité de nourriture ne sera pas inutilisée, sa vie s’en va peut-être, mais elle continuera dans la vie de ces grands loups qui attendent, patient sachant que le repas ne peut aller plus loin, ils attendent que la Dame où le premier gardien décide que c’est le temps de manger. Qaligu était un bon chasseur, il sait que la proie s’offre pour que la vie continue, c’est à son tour de s’offrir…fermer les yeux et…

Et puis il entend dans sa tête la voix qui l’a entraîné dans cette folle course, dans cette inutile course. --Merci Qalingu. Tu as réussi. Ce grand loup que tu as retourné à la Terre, c’était Uiksalik lui-même, le plus puissant des loups. Sa dame est morte et il est devenu fou de douleur, il a tué ses enfants et tuait tout pour être tué. Tu as posé le geste qui rétablit l’équilibre, le geste qu’il cherchait. Nous t’avions choisi pour le poser, nous nous devons de t’aider.

Qalingu ne sait pas si le discours a continué, la douleur, la faiblesse ont raison de ce qu’il lui reste de conscience. Parfois pour continuer à vivre, il faut feindre la mort, au point qu’elle-même décide qu’il est trop tard et refuse de nous prendre.

Où suis-je se dit-il? Je ne suis pas mort, ni gelé. Je sais que j’ai fait une longue course dans mon cométique. Comment est-il sorti de l’eau? Qui tirait le cométique? comment la route a été trouvée? Combien de jours a-t-il voyagé?

Bien des questions aux quels il n’y aura jamais de réponse même en mettant ensemble les petits moments de conscience qu’il tente de remettre ensemble depuis ce lac là-bas. Mais il sait qu’il ne peut encore se lever, mais qu’il vit, qu’il vivra, et qu’il est allongé dans le lit, dans l’iglou de Mitiarjuk, qu’elle est là à coté de lui, et qu’il ne peut y avoir de plus grand bonheur