Resolution No 1: Défendre l’école
lundi 1 janvier 2007, 18:13 General Lien permanent
La saison des résolutions commence. Les trucs comme faire un régime, je les laisse à ceux qui n’ont pas l’intention de tenir leurs résolutions. Plusieurs ne veulent pas en faire en disant que c’est inutile. Pourtant, changer le monde commence par décider de changer quelque chose. Je veux défendre les jeunes, leur donner espoir et je pense que ça commence par une défense de l’école.
Vous avez tous vu la petite présentation sur l’école publique, où on voit en 1950 une école extrêmement exigeante, et qui se dégrade de plus en plus jusqu’à ne plus que souligner des mots dans une phrase. Vous entendez et peut-être répétez aussi le discours du monde terrible qui attend les jeunes. Un monde où ils n’auront pas de place, où il n’y a plus d’emploi, plus d’avenir, plus de vie.
Je sais moins pour l’Europe, mais ici, les entreprises ont un énorme problème d’embauche. Il n’y a tout simplement pas assez de jeunes qualifiés pour remplir les postes qui s’ouvrent. Elles doivent aussi s’adapter à cette jeunesse qui a des exigences nouvelles, refuse d’être dominé et pratiquement esclave comme leurs parents et pour qui la vie en dehors du travail existe. Il y a du chômage bien sûr, parce qu’il est impossible de trouver un travail adapté pour tout le monde, tout de suite. Mais il y a aussi énormément de postes à combler.
C’est vrai que l’école a changé au moins autant que la société. En 1950, l’école publique éliminait jusqu’à 80% des jeunes parce qu’on avait besoin de mains-d'œuvre dociles dans les usines. Il était important d’avoir une école qui sélectionnait et choisissait qui allait dominer et qui serait dominé.
On a exporté l’esclavage ailleurs, et maintenant nous avons besoin de jeunes qui ont des compétences, qui ne veulent pas seulement exécuter les ordres, mais découvrir, développer, inventer. Alors, il n’est pas question d’éliminer un jeune de 15 ans sous prétexte qu’il a des difficultés dans sa famille, qu’il n’a pas découvert le plaisir d’apprendre, qu’il ne trouve pas pour l’instant la force en lui pour avancer.
C’est vrai que les défis qu’affronteront ces jeunes sont immenses. Avec la planète qu’on leur laisse, ils ont intérêt à être inventifs et débrouillards. Mais justement parce qu’on a besoin de l’intelligence et de la créativité de chacun d’eux, il faut tout faire pour qu’ils restent à l’école. Peut-être découvriront-ils un champ d’intérêt, un lieu de passion, un domaine où il faudra se battre.
Il y a 100 ans, il n’y avait peu d’avenir. Le choix était de soit subir le père-patron sur la ferme jusqu’à ce qu’il meure, soit d’aller mourir à la mine ou dans l’usine. Oui les enfants des patrons avaient une autre vie possible, mais que les enfants des patrons.
C’est pourtant évident que cette école qu’on juge si médiocre n’a jamais formé autant d’experts, d’ingénieurs, de chercheurs et d’artistes. C’est pourtant évident que le niveau de connaissance dans la population est largement supérieur à ce qu’il était il y a 50 ans. Bien sûr, dans nos pays développés il y a encore entre 10 et 20 % de gens qui ne peuvent pas lire. C’est quand même mieux que le 60% de 1950. Oui, il y a de l’espoir, tant que nous avons de l’espoir pour chacun des jeunes, il y en aura pour chacun d’eux. Et si nous n’avons pas d’espoir en eux, quel espoir reste-t-il pour nous? Ne serait-ce pas la preuve de notre total échec?
Bien sûr, il reste encore des écoles pour les enfants des riches, où ils apprennent à diriger. C’est pour cela que je prends la résolution de défendre l’école publique. Voilà l’espoir d’un monde peut-être pas meilleur, mais je l’espère différent.
Commentaires
Bien vu et bien dit. Je me souviens avoir fait des entrainements sportifs en association pour les raisons que tu évoques.
Voilà qui me va droit au coeur. Belle année à toi.
en temps que prof, que je peux qu'être entièrement d'accord avec toi! au boulot
Kwé Moukmouk!
Voilà qui est une première pour moi de t'écrire un commentaire, mais si j'ai le courage de mes opinions, j'y suis obligée.
Ce que je critique à l'école ce sont les méthodes d'apprentissage. On sait que la société se divise en classes alors pourquoi ne pas s'adapter à ce que les élèves savent afin d'élever le niveau, car jusqu'ici, je parle pour la France, le constat est qu'un élève issu d'une certaine classe a peu de chance d'en changer et ceci parce qu'on élude la question essentielle : pourquoi? Alors engageons le dialogue afin que le fossé ente école et extraécole pour obtenir des réponses, car le mélange dont tu parles rend propice à cela. Moi aussi j'ai espoir en l'école et heureusement!!!
Bisoux
bien d'accord avec toi et bonne année 2007!
Bonne année à toi, quelle belle résolution...
Evidemment j'ai l'air maline à dire que je voulais en profiter pour arrêter les brocolis, maintenant...
Je t'embrasse (et merci pour ton petit message pendant les fêtes, ça m'a touché plus que je ne saurais dire).
Anne--) mais je suis absolument d'accord! la purée de brocolis c'est dégueulasse, ma fille me les crachait à la figure jusqu'à ce que j'en goute. Et j'ai tout de suite été d'accord avec elle! Vive la purée de citrouille
Clem--) merci, il faut défendre l'avenir sinon nous n'en aurons pas.
K'line--) l'école demeure au service de la classe dominante. Mais le savoir la recherche est un réel espace de liberté, et à 14 ou 15 ans nous ne pouvons pas juger qu'un jeune ne mérite pas de continuer ses études.
Les autes--) merci, mais je sais que ce n'est pas mon mais notre combat ( enfin un de mes très nombreux, je sais je suis dispersé).
L'intelligence et la créativité ne se trouveraient qu'à l'école?
Je suis désolée d'adorer la purée de brocolis
Défendre l'école... sur le fond, bien sûr que l'école publique doit être défendue. Maintenant, peut-on encore parler de l'école au singulier ? Pas grand-chose de commun entre Henri IV et une ZEP de province. Et je ne fais pas dans la caricature, j'ai rencontré l'an dernier une fille issue d'une ZEP près de Thionville qui avait eu l chance d'intégrer Sciences Po Paris suite aux conventions ZEP. Elle me parlait du décalage entre elles et les autres, pourtant disposant des mêmes diplômes, officiellement. Elle avait le sentiment qu'on ne lui avait rien appris.
L'école est de plus en plus un lieu où l'on ne réfléchi pas. On apprend. A l'université on récupère des étudiants qui travaillent, mais sans méthode et qui pensent que le simple fait de travailler suffit, que l'on attend d'eux qu'ils recrachent des connaissances. Or aujourd'hui plus qu'hier les connaissances sont secondaires. Elles changent vite et il faut s'adapter, disposer plus de méthodes que de savoirs. L'école va dans l'autre sens.
Défendre l'école, oui, mais pas celle d'aujourd'hui (et certainement pas un retour vers celle des années 50 !)
Anastomoses, d'autant que l'école de Moukmouk, elle est sur un autre continent que celui de celle que tu connais
Anastomoses--) je ne sais pas ce qu'est une ZEP, mais je présume que c'est le même truc qu'entre l'école d'une réserve amérindienne, et celle de Westmount. Je ne suis pas un spécialiste de l'école, mais c'est mieux que celle des années 50, et je tente d'indiquer des directions... Je pense que nous avons les mêmes objectifs.
Lalie--) Non mais celle de la rue n'est pas reconnue par l'université ni le pouvoir économique. Pour les brocolis peut-être la fais-tu mieux que moi? Dommage qu'il n'y ait pas une adresse courriel, je pourrais te souhaiter officiellement la bienvenue