La plus délicieuse voix

Mon dernier billet sur la chasse aux phoques m’a valu des remarques fort justifiées. La première est assez complexe et porte sur ma définition de l’intelligence. La seconde est plus simple : Isa imite peut-être très bien les phoques, mais ce n’est pas tout le monde qui écoute le chant des phoques pour savoir où est le dîner.

Pour l’intelligence, outre des considérations fort intelligentes sur bien des définitions possibles de la chose, mon lecteur notait que plus l’espèce parle plus je la considère intelligente. Compte tenu que je suis très bavard, le biais méthodologique semble évident. On remarquait aussi que chez les humains, faire du bruit avec sa bouche indiquait très souvent un manque de jugement patent, et que le silence pouvait très bien être une preuve d’intelligence. Mes lecteurs sont pour la grande majorité des blogueurs. Il partage avec moi le besoin de se raconter et considère donc le silence comme la preuve d’un vide entre les oreilles alors que nous souffrons d’un trop-plein (d’intelligence sans doute), qui doit être déversé pour sauver l’humanité de sa morosité certainement mortelle. Cela devrait clore le premier débat.

Pour les phoques, ils ont deux gammes de sons. Quand ils ne sont pas dans l’eau, ils se contentent de quelques jappements assez gutturaux, qui marquent le territoire et servent de signaux d’alarme. Les mères ont aussi quelques mots phoques particuliers pour parler à leurs bébés, mais c’est assez limité. Ici, il ne faut pas confondre les otaries et les phoques qui bien qu’extérieurement assez semblables, sont des espèces très différentes. Les otaries ont un vocabulaire beaucoup plus large, sont beaucoup plus intelligentes, au point même qu’elles font des blagues et rient, ce qui est supposé être le propre de l’humain. Convenons que c’est faux, un grand nombre d’espèces savent rire.

Dans l’eau, les phoques comme la plus part des mammifères marins se dirigent grâce à l’écholocation. Ils sont moins capables de fréquences basses, aussi l’écholocation sert surtout dans un rayon de quelques mètres, mais il est très précis.

Fait étonnant, si l’épaulard peut imiter le phoque, le phoque peut imiter les « tocs » de l’épaulard. Résultat le phoque peut parfois réussir à rendre son image floue dans la tête de l’épaulard et s’en sortir de cette façon. Pour un animal pas très intelligent, je trouve ce truc plutôt rusé.

La majorité des sons produits par les phoques dans l’eau sont bien au-delà du 16 Kilohertz que l’humain peut entendre. Aussi j’ai divisé la vitesse par 4 alors vous pourrez entendre cette douce musique :

Il s’agit d’un groupe d’une vingtaine de phoques en déplacement. Pour un ours, c’est la musique la plus douce qui soit : le ventre gargouille, la salive monte, bientôt on mangera.