Le pyjama
jeudi 22 février 2007, 17:14 General Lien permanent
Madame Nati a l’immense bonté d’âme de venir chaque mercredi, faire le lavage et du ménage dans la ouache. Elle a des comportements bien maternels et n’hésite pas à me houspiller si je ne respecte pas ses consignes.
Aussi le mercredi matin, je fais scrupuleusement le tour de mes poches à la recherche du moindre papier-mouchoir. Sinon c’est l’engueulade assurée. Hier en faisant le tri, l’odeur m’est revenue comme sa réelle présence.
J’ai un pyjama de soie que je garde pour les grandes occasions. Il est très beau et détourne le regard de mes rondeurs peu gracieuses, met du flou autour des blessures que m’a infligées le temps. C’est mon habit de lumière pour affronter la charge de la passion, sans paraitre trop ridicule.
Bien sûr, je ne le porte jamais très longtemps, il est fait pour être enlevé dans la fièvre et rendre désirable mes excès de chair, cacher jusqu’au dernier moment l’indélicat, un emballage pour faire de l’acte de se joindre, un cadeau à la vie.
C’est une seconde peau, un peu plus sombre, un peu plus froide, pour que la chaleur de mon désir ne brule pas, n’éloigne pas celle que je tente de rapprocher. Cette seconde peau touchera la sienne, deviendra une caresse et un souvenir de la caresse, jusqu’à ce qu’on la laisse sur le plancher, pour enfin se joindre.
Alors, c’est son odeur que je retrouve dans ce bout de tissus à mettre au lavage. Ce fragrense si particulière, fait de ce qu’elle veut, son parfum, fait de ce qu’elle est, son corps et du désir qu’elle exprime. Impossible d’effacer cela volontairement, ce serait la trahir. Ce serait détruire ce qu’il reste de doux de nous, ce souvenir.
Alors, j’ai caché le pyjama derrière des livres de la bibliothèque, et je peux aller m’y plonger le nez quand je veux. Je sais, je suis poussière… et bientôt ce souvenir sentira aussi la poussière. Mais avant, laissez-moi sentir, pleurer un peu et être heureux.
Commentaires
Souvent, comme ça, j'ai gardé des traces d'odeurs jusqu'à...
Parfois, rien que de penser à la personne porteuse de ce parfum, de cette odeur, je l'ai senti comme une étrange autosuggestion...
Je t'embrasse, mon beau Moukmouk.
Moi, mon namoureux il m'a prêté son ticheurte à lui pour les vacances, même que c'est mon doudou
On est quand même des animaux, on a besoin des odeurs de ceux qu'on aime
Plein de bises, Moukmouk (pleure et sois heureux, oui).
Isadora--) nous ne sommes pas quand même des animaux, nous sommes des animaux comme les autres.
Lalette--) Attention c'est une drogue dangereuse
Anne--) essayons de travailler quand même (si c'est possible).
C'était mal formulé, mais c'était ça
C'est trop mignon. Comme quand on a 20 ans. A L'odeur !! Que de souvenir.
voilà un joli secret partagé, secret qui pour le coup "respire le bonheur" ...
je pense que pour celui ou celle qui est sensible du museau, une odeur peut transporter au delà de toute attente. La nature est bien faite, parfois.
Un ours en pyjama de soie, j'ai du mal à le croire. Bon, en y réfléchissant, je veux bien admettre que la lingerie puisse être un colifichet de la séduction virile.
Mais qu'un ours déplore quelques petits bourrelets, ça je ne peux pas du tout le croire. A-t-on déjà vu un ours qui ne serait pas gentiment enrobé ? Un ours sans ses rèconfortantes rondeurs serait-il encore un ours ?
Mais il est de quel couleur ce pyjama de soie ?
Oui moi aussi j'aime humer les odeurs, surtout celle du bonheur.