Ce n’est pas par choix
mercredi 4 avril 2007, 17:16 General Lien permanent
Je ne sais pas si vous avez lu le billet d’hier, mais les commentaires… fantastiques! Drenka surtout, me fout un coup de poing avec son : « ce n’est pas par choix qu’on va au discount du coin. »
Oui, c’est un de mes thèmes récurrents : en 60 ans la population humaine de la terre est passée de moins de 2 à presque 7 milliards grâce à une industrialisation massive de la production des aliments. Cette industrialisation consomme des quantités insoutenables de pétrole. Nous devons rapidement trouver d’autres solutions où la population de la Terre retournera à ce qu’elle est capable de soutenir.
Il n’y a pas « trop » d’humain sur la Terre. Sinon je devrai considérer que moi, riche parmi les riches et forcément grand consommateur de ressources, est celui qui est « de trop », et agir en conséquence. Ce n’est pas par choix qu’on va au discount du coin, qu’on mange des aliments sans saveur qui détruisent notre si petite planète.
La bouffe industrielle n’est pas nuisible pour la santé, la preuve c’est que la longévité s’est accrue. Mais la dégradation de la qualité par le principe bien expliqué par Drenka fait que maintenant le diabète tue de plus en plus jeune et que l’espérance de vie de nos enfants commence à diminuer. Avez-vous remarqué? Avant, c’étaient les riches qui étaient obèses maintenant ce sont les pauvres. Je ne sais pas en Europe mais ici c’est tout à fait évident.
Les mers étant maintenant pratiquement vidées par la surpêche, la viande est et sera de plus en plus chère, si bien qu’une des rares sources possibles de protéines est la pisciculture. Les arguments de Drenka sont encore une fois tout à fait justes. Il n’y a pas les contrôles qui nous assurent d’une qualité minimale. C’est l’État qui peut mettre en place ces contrôles.
Oui, éduquer nos enfants! Mais que peut notre petite voix contre la puissance des lobbys et de la publicité? C’est bien de prendre des douches plus courtes, mais c’est dans l’assiette qu’on peut le plus faire des économies d’énergie, beaucoup plus que dans le chauffage et le transport.
Drenka a raison, ce n’est pas par choix qu’on va au discount du coin. Il faut faire la bataille politique et forcer les discounts à vendre une bouffe décente. C’est ce que je tente d’expliquer. Bravo pour nos efforts individuels, mais si on ne change pas l’agro-buisness par des lois nous ne gagnerons pas. Trop de gens ne peuvent pas acheter ailleurs qu’au discount.
Nos efforts individuels ne peuvent pas, il faudra faire de la politique. Je sais, la politique c’est sale. Nous sommes dans la merde. Sortons-en!
Commentaires
Bonjour Moukmouk,
Tu abordes un sujet qui m'interpelle au plus haut point. Moi aussi, je suis très inquiète de ce que nous mettons dans nos assiettes et j'essaie autant que possible de faire vivre les petits commerçants, parce que ça me paraît plus humain et que je n'ai pas envie de mettre mon fric dans le portefeuille des actionnaires. Près de chez moi, il y a plusieurs grandes surfaces, dont deux qui sont à mes yeux ce qu'il y a de pire par leur taille gigantesque. Je n'y mets jamais les pieds. J'aurais l'impression de vendre mon âme au diable et puis de toute façon, je deviens dingue devant tout ce monde et cette profusion de brols. Les adeptes de ces mégasurfaces commerciales sont persuadés que c'est moins cher qu'ailleurs mais comme tout est fait pour tenter les gens d'acheter des trucs complètement inutiles, ils en sortent avec des quantités astronomiques, si bien que personne n'y fait vraiment des économies.
Je fais attention à l'éclairage, au chauffage, à l'eau et j'essaie de l'inculquer à ma fille de vingt ans, au risque de lui taper sur les nerfs. Je passe ma vie à la suivre pour éteindre derrière elle :-)) Mais il faut savoir qu'ici en Belgique, nous sommes le seul pays au monde à avoir notre réseau routier éclairé toute la nuit. Il faudrait peut-être que l'Etat serre un peu la vis à ce niveau-là, non ? Pourtant les Belges ont des voitures équipées de phares, il doit y avoir un "stuut" comme on dit chez nous. A propos de bagnoles, 2006 a été une année record en matière de vente d'automoniles en Belgique. D'accord si c'est pour éliminer les vieux tacots qui polluent mais les voitures les plus prisées sont les 4x4. Ahem... il paraît que "ça fait bien" de circuler en pseudo jeep en ville. Je suggère qu'on les tague toutes et je me demande si je ne vais pas créer un gang
La viande ? On n'en mange quasiment pas. Ma fille et moi sommes définitivement dégoûtées de voir circuler des camions remplis de bêtes en train de gémir. De toute façon, ici comme partout, la production de viande est soumise aux lois de la mafia et un véto contrôleur a d'ailleurs été assassiné il y a quelques années parce qu'il mettait son nez où il ne fallait pas. Malgré les contrôles, le trafic d'hormones et autres joyeusetés continue et tant qu'il y aura des montagnes de fric à se faire, ça n'arrêtera pas. Bien sûr, il ne faut pas faire de généralités et je m'efforce de croire qu'il y a encore des gens honnêtes mais dans la plupart des cas, l'appât du gain est le plus fort et puis, c'est tout le système qui est contaminé. Celui qui veut se différencier y laisse souvent des plumes. Donc en ce qui concerne la viande, je privilégie la qualité plutôt que la quantité mais comme je ne suis pas très riche, eh bien, on s'en passe et on ne s'en porte pas plus mal. Quant au poisson, on sait très bien qu'il est surpêché, et d'une façon lamentable avec filets dérivants et tous les "dégâts collatéraux" qui en résultent. Je boycote le cabillaud et le thon qui sont en voie d'extinction, ainsi que la perche du Nil parce que j'ai vu "Le cauchemar de Darwin" et que ça m'a révoltée. Voir le site ci-après :
www.afrik.com/article8183...
Le problème, c'est qu'au fil des infos que je glane ici et là, je boycote des tas de choses et je me demande en fin de compte ce que nous allons bien pouvoir nous mettre sous la dent ! Idem avec les autres produits de consommation.
Oui, bien sûr, il y a les produits bio, mais le problème c'est qu'ils sont chers. C'est quand même dingue qu'il faut payer plus pour manger des légumes et des fruits "normaux" ! Comme j'habite en ville et en appartement, difficile de produire moi-même. Et puis de toute façon, on ne peut même plus se procurer des graines qui ne soient pas "manipulées". Donc, nous sommes tous roulés dans la farine.
J'achète les légumes et fruits de saison et en été j'essaie désespérément de trouver des tomates qui ont un vrai goût de tomate. Je me demande si ça existe encore. J'ai vu un reportage sur un industriel hollandais producteur de tomates qui les transforme à volonté pour les rendre plus appétissantes. Il était content de lui, il avait réussi a en créer de toutes petites très sucrées destinées aux enfants Quant à celles cultivées en Espagne, c'est exclu que l'une d'entre elle mette un pied chez moi depuis que je sais qu'elles sont cultivées dans des tentes de plusieurs hectares, sur des substrats chimiques, sans connaître le goût de la terre ou voir un seul rayon de soleil, et où ce sont en majorité des imigrés nord africains, réduits à l'esclavage, qui travaillent dans une chaleur étouffante. D'ailleurs, à peu près partout où l'on cultive à grande échelle, on utilise les travailleurs précaires et on les exploite.
Je crois que plus que jamais nous devons tous ré-sis-ter mais pour cela, il faut être informé et l'information, eh bien, il faut aller la chercher et en parler les uns avec les autres, comme tu le fais.
Pardonne-moi d'avoir été si longue sur ton blog, Moukmouk, je t'avais prévenu que ce sujet m'intéressait et je t'assure que je me freine pour ne pas t'envahir davantage :-))))
JO--) envahie tant que tu peux. Il y a personne ici qui a le monopole de la vérité et s'est justement en se donnant des pistes qu'on a une chance de s'en sortir. Mais comme beaucoup, tu ( je, nous, eux aussi) te buttes aux murs de la propagande de l'agrobuisness et a l'impossibilité financière de manger tout bio et proche comme on le voudrait. Si tu peux choisir de ne pas aller dans les méga-surfaces et bouffer du chimique produit par des esclaves, tu es déjà une prévilégiée. Comment chez toi lutter contre la mafia de la viande? je ne sais pas... Est-ce que les Freemen de Belgique le savent? Dieu des Chats n'est pas là pour nous aider... zut! mais elle revient la semaine prochaine, on lui demandera.
Euh... c'est quoi les Freemen ? Ce dont je te parle au sujet du trafic d'hormones provient d'une émission de notre chaîne de télé publique, diffusée il y a quelques mois. J'ai trouvé un lien qui en parle :
michelbouffioux.skynetblo...
Heureusement, on a encore un service publique qui ose soutenir ses journalistes, ce qui parfois provoque des tollés incontrôlés au niveau national, comme lors d'une émission fiction le 13 décembre dernier ;-))
fr.wikipedia.org/wiki/%C3...
Voili voilà
Nos politiques à nous qu'on a en France, ont entrepris le Grand Combat Contre l'Agro-Business. Ils ont imposé, pour toutes les pubs alimentaires, un message du type "Manger trop gras/salé/sucré nuit à la santé". Mais j'ai lu (je ne sais plus où) qu'une étude avait montré que :
- les gens ne voient en général pas le message
- s'ils le voient, les plus jeunes et/ou les plus défavorisés (qui cumulent difficulté à lire et manque de connaissances en diététique) comprennent que le produit présenté est bon pour la santé
Des associations voulaient faire interdire complètement ces pubs, notamment celles destinées aux enfants, mais le législateur n'a pas osé, il s'est donc juste donné bonne conscience avec ces messages "santé".
Donc imposer des normes qualité, à mon avis, on n'y est pas encore.
D'où l'idée des AMAP : une association de paysans locaux qui proposent aux consommateurs un panier de fruits et légumes de saison. Pas de choix possible mais entre les tomates à peine mûres, les avocats noirs ou durs et les pommes sans goût...peut-on encore parler de choix ?
Dans une AMAP, les consommateurs choisissent avec l'agriculteur les légumes à cultiver, le prix de la souscription, et les modalités de distribution des produits (fréquence, lieu, horaires...). Ensuite, chaque consommateur achète à l'avance sa part de récolte qu'il viendra récupérer pendant la saison de production selon les modalités définies.
En général, une distribution de légumes en AMAP se déroule de la manière suivante :
A tour de rôle, un adhérent est responsable de la distribution de la semaine. Il est chargé d'installer les cagettes de produits que le fermier a apportées, d'indiquer sur un tableau la composition du panier de la semaine, et d'accueillir les autres adhérents (émargement des présents, remise d'un bulletin de liaison contenant notamment des nouvelles de la ferme et des recettes de cuisine, etc.).
Chaque adhérent peut alors composer son panier en suivant les indications au tableau. S'il n'aime vraiment pas un des légumes proposés, il peut le déposer dans le "panier d'échanges" et prendre de ce panier un autre légume.
De quoi choisir de ne pas aller au discount du coin ! Et on en trouve en France, au Japon, au Québec, aux Etats Unis...
Plus d'infos ici : alliancepec.free.fr/Webam...
Vous trouvez pas que les gens qui commentent ici ont du talent? je suis tout fier d'être content
Dom--) Oui c'est un des moyens les plus efficaces de manger écolo-santé.
Lune--) Ce que tu me racontes ne m'étonne pas. Au moins il y a un petit effort. Mais ç ava être un très long combat.