Reprise du Dimanche: Au pays de la Belle Endormie

Je ne pars pas aujourd'hui comme je l'avais planifié. L'an dernier je voulais partir le 5 juin, et finalement j'ai réussi à m'évader le 20. J'espère partir en fin de semaine prochaine. Comme je m'ennuie beaucoup, je reprends un petit texte de septembre dernier. Une marche dans la montagne...

Pohénégamouk, cela veut dire : la Belle Endormie. Il y avait des rideaux de pluies qui passaient. La montagne était magnifique avec des tâches noyées de soleil et toutes les couleurs du monde, aussi des tâches très sombres, comme si elle méditait sur les couleurs à mettre pour la minute suivante. Je chauffe avec des aiguilles de pin. Dans le foyer, vous appelez cela l’âtre, ou la cheminée, je crois. Il y a deux buches tout en braise. Je jette dessus par petites poignées ( pattées, ça se dit?) des aiguilles, mais il ne faut pas en mettre trop parce que cela fume. Ça sent très bon, mais ça pique un peu les yeux. D’ailleurs, j’en suis à étudier les nuances d’odeur entre le pin blanc et le pin rouge. Le pin rouge à une odeur plus âcre un peu moins sucrée que le pin blanc. Cela produit beaucoup plus de chaleur aussi. Je me demande si c’est dû à la forme des aiguilles, ou si elles contiennent plus de résine. Je ramasse ces aiguilles, parce qu’elles sont très acides et empêchent la croissance des autres plantes. Une arme dans la bataille de ces guerriers de la lumière et comme plusieurs pins poussent autour de la ouache, cela fait une montagne que je ne peux mettre ailleurs qu’au feu. Ce matin, après une petite visite à Madame Kiounik, la loutre, j’ai marché longuement dans la forêt. Un doux soleil après les légères pluies de la nuit, provoquait des ombres très longues et à peine sombre. Les feuilles au sol étaient juste assez mouillées pour ne pas faire de bruit, mais pas assez pour tremper les vêtements que demander de plus? Cette montagne est un prodigieux « ravage de chevreuil ». Un ravage, c’est une zone où se concentrent à l’automne, les cerfs de Virginie pour passer l’hiver. Comme peu de gens chassent, il y en a beaucoup, tellement qu’ils mourraient de faim l’hiver si les gens ne les nourrissaient. En moins de deux heures, j’en ai vu une trentaine. C'est un nouvel arrivant ici, moins de 100ans, il est monté du Sud quand on a tué tous les caribous forestiers. Je ne peux vous transmettre l’odeur alors voilà comment je suis maintenant dans la paix de la Belle Endormie.