Traverser: une paire de gants

Il n'y a pas que les grandes rivières du Nord qu'il faut traverser, le quotidien nous entrave de ruisseaux où on a simplement à se poser la question où mettre les pattes. On peut simplement continuer le cours normal des choses, on peut s'arrêter un peu et en profiter pour sentir la Beauté du Monde.

Quand je suis en Ours pas de problème, j'aime l'hiver, la neige ferme qui rend la chasse facile, l'épaisseur de l'air qui transporte les odeurs sur de grandes distances, le vent qui brouille les sons. Mais en ville, je dois me transformer en humain. Les ours qui se promène sur le trottoir. Ça provoque toujours des paniques, les policiers interviennent et je dois en manger quelques uns pour que les autres se tiennent tranquilles. Je ne vous conseille pas de manger des policiers, ils goutent la mauvaise graisse et la fumée de tabac, franchement dégueu et mauvais pour les artères.

C'est le changement de saison. Les télés avaient organisé une course au premier flocon de neige ce matin. Ratée la course, il fait très beau ce matin. Mais c'est le signal pour moi qu'il faut que je me prépare des pelisses capables d'affronter ce qui s'en vient.

C'est qu'avec le climat continental de la ville, la température varie beaucoup. Entre les fréquents 30 de l'été, et les (quand même rares) moins 30 de l'hiver, ça prend beaucoup de vêtements d'épaisseurs différentes. Je mets les différentes vestes, manteaux et anoraks dans une armoire, et ils restent là jusqu'à ce que j'en ai besoin. Sauf qu'avant la neige, il est bien utile d'aller faire nettoyer tout ça, histoire d'éviter que l'odeur d'ours, que je ne peux pas vraiment camoufler, n'attire les forces constabulaires et patibulaires, dans une rencontre pénible pour mon taux de cholestérol. Donc, je sors le tout et je fais le tour des poches, inutile de faire nettoyer des vieux kleenex.

La veste la plus résistante aux froids, est un anorak nylon isolé de duvet d'eider, qui me permettrait d'affronter un moins 45 pour peu que le capuchon soit mieux dessiné. La dernière fois que je m'en suis servi c'est en février, j'avais fait un voyage, un très beau et tendre voyage à Québec...

Et puis en faisant le tour des poches, je retrouve ses gants... j'avais oublié les miens dans un taxi et elle m'avait prêté sa seconde paire... que j'ai oublié de lui remettre. Et que je suis bien content d'avoir maintenant comme un souvenir.

Oui ce ne fut qu'une brève et belle aventure. Cela ne pouvait probablement pas en être autrement. Et maintenant j'ai une paire de gants pour me tenir le coeur au chaud.