L'interdisciplinarité
mercredi 6 août 2008, 15:45 General Lien permanent
Sont bien compliqués les scientifiques. Faut dire que la science c'est développer un discours sur (un objet), alors la façon d'utiliser les mots sont très importantes.
Les oiseaux sont un bon exemple. Les oiseaulogues changent les noms des placoteurs à plumes parce que nommer et classer est la première fonction de la science. Construire des tablettes et mettre des oiseaux dessus pour ne plus qu'il bougent et qu'on comprenne que celui-là va à côté de l'autre qui va en dessous d'un tel, parce que tu as vu le bec? Moi je suis un oiseauphile, ce qui m'intéresse c'est le bonheur des oiseaux. Je sais que pour être heureux les oiseaux préfèrent ne pas rester sur la tablette mais sauter partout, s'envoler et aller chanter ailleurs, surtout si sur la tablette un prétentieux à l'impudence de penser qu'il peut chanter aussi bien que lui. Nommer classer est certainement important, mais je suis un ours suffisamment bizarre pour savoir qu'il y a des oiseaux qui ne rentrent pas dans les petites cases. Par exemple une hirondelle qui chante malgré le temps qu'il fait...
Un commentaire de Nature plaide pour un effort conjoint de tous ceux qui font travail de science, dont l'objectif sera de mieux prédire les changements climatiques, les effets sur la société et ce qu'il faut faire pour minimiser les dégâts. Le papier souligne particulièrement que les économistes et dans une moindre mesure les ingénieurs ne participent pas ou mal à cet effort qui doit être collectif. Les auteurs voudraient aussi que les organismes subventionneurs favorisent les travaux qui cherchent à couvrir des champs de connaissance plus larges. Bien sûr, difficile d'être contre le crème glacée.
Parler d'interdisciplinarité c'est souvent parler des difficultés de vocabulaire et de méthodologie entre les champs de connaissances. Par contre, il est interdit de prétendre que la science ça fait aussi de la politique, qu'il y a des intérêts et que la connaissance pour la connaissance cela n'existe que dans les discours officiels de l'université.
La science économique, c'est le discours sur l'accumulation et comment la favoriser. Quand le bonheur se mesure en quantité, les objectifs de ce discours s'opposeront avec ce que démontre le discours sur les changements climatiques. On ne peut pas démontrer que la croissance est insoutenable et la favoriser en même temps. Et pourquoi pas une croissance soutenable? Peut-être, mais alors il faudrait tellement détruire l'organisation économique qui favorise une croissance insoutenable, que la croissance telle que mesurée actuellement ne pourrait plus exister.
Commentaires
Y te manque juste un peu des avocats. ET la ca sera vraiment la pagaille dans ta tablette
Drenka--) effectivement! Et si je connais des oiseaux journalistes ( les geais bleu) Je connais un oiseau avocat, superbe et parfait pour mettre la pagaille : le cardinal Omer Vit-Vit
Tant qu'on sera aussi nombreux, il est difficile d'arrêter la croissance. Il faudrait commencer par réduire la population humaine, ce qui va sûrement se faire si on continue sur cette voie...
Le problème c'est que vu comment vont les choses, il est fort possible que l'homme disparaisse totalement, et beaucoup d'espèces avec lui.
Enfin ce que je dis n'est pas trop politiquement (ou humainement) correct, généralement quand je dis qu'il faut que la population humaine se réduise, on me regarde comme si j'étais une folle extrémiste...
Sara, il existe bien une association (je ne sais plus leur nom) de gens qui ont décidé de ne pas avoir de descendance
Quand j'ai appris leur existence, je trouvais ça un peu fou (de faire un tel engagement), pis maintenant je crois que j'en fais officieusement partie ^^
DDC+ Sara--) c'est une question que je trouve vraiment trop complexe, trop engageante pour avoir une réponse. Oui, la population de la terre est passée de 2 à 7 milliards grâce aux engrais azotés ( la révolution verte, les subventions agricoles etc) et c'est insoutenable. Ça va certainement retomber à quelque chose comme 2 milliards.
Mais demander à une femme de ne pas avoir son premier enfant, ça m'est insupportable, comme dire qu'il faut éliminer tant d'oies tant de bêtes ou tant d'humains. Alors on commence pas qui? et si je devais poser cette question la seule réponse possible c'est: moi.
Oui, il y a trop d'humains, oui il faut cesser les politiques qui encouragent les naissance, mais en même temps c'est un des enfants actuellement portés par sa mère, qui a la clé, la solution, et l'espoir d'une découverte qui aidera peut-être un milliard de personnes à survivre.
Je suis d'accord avec toi Moukmouk, difficile de renoncer à avoir des enfants, la régulation je crois se fera de la pire façon qui soit: catastrophes naturelles, famines...
L'histoire a montré que dans les longues périodes de stagnation technique, la population humaine se stabilisait autour d'une valeur compatible avec les techniques disponibles et le climat de l'époque. Il y a 100000ans, ou davantage, la question d'avoir ou de ne pas avoir d'enfant se posait évidemment différemment d'aujourd'hui, avec son cortège d'exigences morales, la morale des sociétés d'alors associée aux connaissances et aux croyances d'alors, tout un contexte que je nomme culturel par simplisme, qui faisait que la régulation s'opérait.
De leur plein gré, à l'insu de leur plein gré, sans qu'ils n'y comprenne rien ou, au contraire, en sachant parfaitement ce qu'ils faisaient ou ne faisaient pas, je l'ignore évidemment. Et ceux qui prétendent savoir ont surtout envie de poser leurs certitudes d'aujourd'hui sur des hypothèses vagues qui ne leur permettront que de conforter leurs certitudes incertaines.
Ce furent peut-être des maladies des guerres ou des catastrophes qui maintinrent ainsi, pendant ces paliers, la population au niveau compatible. Ce fut peut-être une politique consciente de régulation des naissances, ou des passages à l'adulte, par le jeu de sacrifices collectifs et d'initiations meurtrières, ou tout autre chose.
Ainsi survécu l'humanité jusqu'à nous, avec de brusques crises de croissance, repérées par les archéologues et les paléontopareils, à chaque nouvelle survenance technique, le feu, la roue, la métallurgie, que sais-je.
A cette échelle, l'ensemble des techniques d'aujourd'hui, dont la soi-disant accélération n'est qu'une illusion d'optique, après tout il y a trois siècles on vivait grosso modo comme il y a trois mille ans, est un phénomène ni plus ni moins important que la maîtrise du feu: la maîtrise de l'énergie et ses applications mécaniques, qui entre aujourd"hui dans une phase de consolidation par le seul fait que l'énergie illimitée n'existe pas et qu'on s'en aperçoit enfin.
A la fin de ce siècle, il n'est pas absurde de penser qu'un nouveau palier pourrait être atteint, et que la régulation prendra sa place. Avec de la bonne volonté, ou avec des guerres impossibles, avec des millions de morts ou avec une régulation consciente. Quand bien même une guerre nucléaire multiforme surgirait, je ne parie pas forcément sur la disparition de l'espèce et de son savoir, mais plutôt sur les souffrances qu'elle devra endurer, celles de nos enfants, de nos petits enfants, les nôtres si tout va encore plus vite, mais nous avons déjà fini notre passage, en gros, et fait tous les dégâts qu'on sait.
Les savoirs ne disparaîtront pas, et l'humanité continuera sa route en disant comme d'hab plus jamais ça.
Ce n'est pas de l'optimisme, hein, ce que je prétends, bien au contraire. Mais ainsi va la vie des espèces, jusqu'à ce qu'un jour elle disparaisse pour de bon dans un grand éclat de rire de dinosaure mal adapté.
Andrem--) je suis presque d'accord avec toi sauf sur un détail très important: le régulateur des populations de tous les animaux c'est la faim! la guerre et les épidémies ne sont que les conséquences de la faim. ex: la guerre de 100 ans et la grande peste noire ont pour origine un refroidissement des températures.
Depuis 1945 on utile le pétrole pour faire de la bouffe ( les engrais azotés) c'est cela ( le maïs) qui a permis de passer de 2 à 7 milliards de personnes, quand il n'y aura plus de pétrole...
Nous ne sommes pas en désaccord sur ce point important que tu soulèves. Les modes de régulation sont innombrables, ils peuvent être voulus ou subis, organisés ou catastrophiques.
La population du moyen âge a très lentement augmenté au fur et à mesure des travaux de drainage et de cultures pratiqués en particulier par les moines et les abbayes, du 5ème siècle au 13ème. Puis, en effet, il y eut les querelles de Dynastie et une récession économique, chacun réagissant sur l'autre sans bien toujours pouvoir faire la part de ce qui est oeuf et de ce qui est poule, mais où l'on comprend vite que le refroidissement climatique n'est pas anodin, qui allait durer plusieurs siècles, avec une rémission légère comme par hasard, à la Renaissance, et finir comme par hasard, à la Révolution.
Alors les guerre et la peste, en matière de régulation, on ne fait guère plus efficace, sinon nos guerre et notre sida, ou peut-être le surgissement de la grippe aviaire après mutation attendue du virus. Ce que j'ajoute à ces évidences, c'est que même si les 14ème et 15ème siècles n'avaient pas connus la peste noire (deux fois moins de gens après qu'avant, quand même), face à la misère et à la faim engendrée par les guerres de cents ans (ce ne fut pas une guerre, mais plusieurs entrelacées, avec de longs moments de calme), la régulation aurait fonctionné.
Il y a bien longtemps que hommes et femmes savent à quoi ils servent dans la reproduction, et ce qu'il faut pour éviter la naissance. Non avec des certitudes de réussite, mais satistiquement, toute population se régule en fonction de son environnement. Tôt ou tard, la durée moyenne de vie cessera de croître, la phase actuelle est provisoire, on s'arrêtera à 85, ou 90 ans (sans guerre ni épidémie), ou on régressera si catastrophes il y a. Et la croissance deviendra décroissance. Un palier se formera. Bon gré mal gré. Politique nataliste ou politique malthusienne. Autoritaire ou libérale.Avec ou sans souffrance. Avec ou sans conscience.
A nous de tenter qu'il y ait conscience, liberté, et qu'on échappe à la souffrance, à la contrainte, à la catastrophe. Ce n'est pas gagné, ce n'est pas perdu.
Petit point final à quoi je ne sais pas répondre: le lien de cause à effet entre climat et paste noire (hormis l'affaiblissement sanitaire d'une population affamée, qui pour moi est la seule réponse que je trouve).