L'interdisciplinarité

Sont bien compliqués les scientifiques. Faut dire que la science c'est développer un discours sur (un objet), alors la façon d'utiliser les mots sont très importantes.

Les oiseaux sont un bon exemple. Les oiseaulogues changent les noms des placoteurs à plumes parce que nommer et classer est la première fonction de la science. Construire des tablettes et mettre des oiseaux dessus pour ne plus qu'il bougent et qu'on comprenne que celui-là va à côté de l'autre qui va en dessous d'un tel, parce que tu as vu le bec? Moi je suis un oiseauphile, ce qui m'intéresse c'est le bonheur des oiseaux. Je sais que pour être heureux les oiseaux préfèrent ne pas rester sur la tablette mais sauter partout, s'envoler et aller chanter ailleurs, surtout si sur la tablette un prétentieux à l'impudence de penser qu'il peut chanter aussi bien que lui. Nommer classer est certainement important, mais je suis un ours suffisamment bizarre pour savoir qu'il y a des oiseaux qui ne rentrent pas dans les petites cases. Par exemple une hirondelle qui chante malgré le temps qu'il fait...

Un commentaire de Nature plaide pour un effort conjoint de tous ceux qui font travail de science, dont l'objectif sera de mieux prédire les changements climatiques, les effets sur la société et ce qu'il faut faire pour minimiser les dégâts. Le papier souligne particulièrement que les économistes et dans une moindre mesure les ingénieurs ne participent pas ou mal à cet effort qui doit être collectif. Les auteurs voudraient aussi que les organismes subventionneurs favorisent les travaux qui cherchent à couvrir des champs de connaissance plus larges. Bien sûr, difficile d'être contre le crème glacée.

Parler d'interdisciplinarité c'est souvent parler des difficultés de vocabulaire et de méthodologie entre les champs de connaissances. Par contre, il est interdit de prétendre que la science ça fait aussi de la politique, qu'il y a des intérêts et que la connaissance pour la connaissance cela n'existe que dans les discours officiels de l'université.

La science économique, c'est le discours sur l'accumulation et comment la favoriser. Quand le bonheur se mesure en quantité, les objectifs de ce discours s'opposeront avec ce que démontre le discours sur les changements climatiques. On ne peut pas démontrer que la croissance est insoutenable et la favoriser en même temps. Et pourquoi pas une croissance soutenable? Peut-être, mais alors il faudrait tellement détruire l'organisation économique qui favorise une croissance insoutenable, que la croissance telle que mesurée actuellement ne pourrait plus exister.