Victoire pour les oreilles des baleines

Ça y est, le projet de port méthanier à Gros-Cacouna est abandonné. Cinq ans de luttes qui ont porté fruits.

J'en avais déjà parlé.  Il y avait un énorme projet d'un milliard et demi pour la construction d'un port méthanier en plein dans la pouponnière des bélugas. Nous n'avons pas besoin de ce gaz d'une part, et surtout construire un port dans cette zone aurait probablement été mortel pour la population de bélugas du Saint-Laurent.

C'est que pour faire une telle construction, il faut planter dans le sol marin des pieux en acier en tapant dessus ce qui fait un bruit énorme dans l'eau. Il est presque certain que l'audition des bélugas est déjà très affectée, un boucan pareil les aurait achevés. Sauf que ce n'est pas encore démontré scientifiquement parce qu'on ne sait pas trop comment fonctionne l'audition chez les mammifères marins.

Chez la plupart des grands mammifères marins, il y a encore une mécanique qui ressemble à la mécanique du système d'audition des autres mammifères, mais elle n'est plus utilisée. On pense que le son est capté par les os de la face, particulièrement le maxillaire inférieur, et que ça résonne dans le ballon avant d'être analysé par le système nerveux. Le ballon c'est une boule d'huile très pure qu'ils ont au-devant de la tête et qui amplifie (et très probablement, spatialise plus finement) les sons. C'est ce qui fait la grosse tête des cachalots, et sur cette photo de la jolie Caroline, on le voit très bien :


Si les mammifères marins ont abandonné notre système d'audition, c'est que le leur est particulièrement plus performant que le nôtre, surtout dans l'eau. Comment le mesurer? On ne sait pas. Surtout qu'on ne sait pas vraiment comment le son se propage dans l'eau. Les différences de salinité, de pression et de température permettent à certaines ondes de voyager très très loin (plusieurs milliers de kilomètres) alors qu'elles bloquent certaines ondes à quelques mètres.

Mais voilà le projet a été abandonné. Les baleines vont survivre encore quelque temps, le monde aussi j'espère.