Nouvelles du Nord- De la glace

La glace, ce n'est pas une nouvelle. Mais trois énormes bateaux qui restent pris dans les glaces, dont un brise-glace durant 72 heures! Mais alors que font les baleines?

La glace dans le golfe Saint-Laurent, ce n'est pas une étendue uniforme comme un lac. C'est plutôt des blocs d'un mètre carré à la dizaine de kilomètres carrés, qui se déplacent, s'entrechoquent, réagissent aux vents et aux courants. Parfois, s'il y a un obstacle comme un quai, il peut se former des empilades de quatre, cinq, dix mètres d'épaisseur sur des kilomètres carrés. Ça ce produit au moins une fois par année à Matane où le quai des traversiers semble avoir été dessiné pour provoquer ces amoncellements de glaces.

La semaine dernière, un traversier avec une centaine de passagers, un bateau de croisière avec 500 cents personnes à bord, et un assez gros brise-glace sont restés coincés. Si vous voulez voir des images, j'aime bien celles de la BBC.  Le brise-glace Terry Fox, avec ces vingt-deux milles HP qui reste pris dans un glaçon, ça donne une idée de la grosseur du glaçon. Mais alors que font les baleines dans un environnement pareil?

Les baleines sont des mammifères qui ont besoin de respirer et doivent faire surface régulièrement. Les bélugas et les narvals sont particulièrement bien adaptés à la glace. La peau surtout très élastique qui résiste bien aux pointes de glace acérées, et l'aileron dorsal qui a disparu pour faire place à une crête osseuse qui peut défoncer jusqu'à 15 centimètres de glace. La peau des bélugas est tout à fait exceptionnelle. Cent fois plus épaisse que la peau d'un humain, elle contient d'énormes quantités de vitamine C, elle possède d'exceptionnelles qualités de régénérescence et d'élimination des peaux mortes, dont la mécanique n'est pas encore comprise. La vitamine C de la peau des bélugas est essentielle à la survie des Inuits qui n'ont ni fruit ni légume pour la trouver ailleurs.

Enfin, leur système d'écholocation permet des fréquences assez hautes (trop hautes pour nos oreilles) que la glace réfléchit très bien. Alors le béluga descend à une centaine de mètres, chante et écoute. il saura s'il y a un trou ou même une faiblesse dans la glace à trois cents mètres tout autour de lui.

Par contre, la vie est plus difficile pour les grandes bleues. D'abord la peau qui est très sensible pour lui permettre de sentir tant la température, les champs magnétiques que la présence d'objets autour d'elles. Et puis la glace est probablement plus transparente aux longueurs d'onde très basses qu'utilisent les grandes baleines. Sauf que la vie est tellement riche dans les espaces libres de glace du Nord, que c'est bien tentant de prendre le risque de rester pour manger à sa faim. Une année sur 3 ou 4 il y a une baleine qui reste coincée dans les glaces du golfe et meurent.

C'est une année avec beaucoup de glace, espérons qu'aucune ne se fera prendre.