État des glaces

L'écologie du Nord a besoin de la glace, quand il n'y en a pas, toute la Nature en souffre.

Le Golfe Saint-Laurent est presque libre, la Baie d'Hudson ouverte sur plus de la moitié, la glace très mauvaise le long des cotes, c'est du jamais vu. C'est vrai que les années avec le phénomène El Nino, il y a moins de glaces, mais cette année la situation est pire que jamais.

Sur la Cote du Labrador, la glace est essentielle. L'été, il y a les petits bateaux, l'hiver se sont les routes de glaces qui permettent la circulation des personnes et des marchandises. Cette année, la glace est trop mauvaise et plusieurs communautés, sont à la limite des réserves de nourritures et de pétrole. La chasse et la pêche ? Peut-être, mais comment chauffer les maisons ? Et puis plusieurs communautés sont insulaires. Si on ne peut rejoindre la cote, comment chasser ? Et puis les légumes de temps en temps, ça fait du bien.

L'absence de glaces sur la moitié de la Baie d'Hudson forcent les ours polaires à monter plus au Nord pour trouver la nourriture. Trop d'ours sur le même glaçon, c'est ça le vrai danger pour eux. Ne pas manger, c'est détruire l'épaisse couche de gras qui recouvre leur corps et les voir mourir de froid. On a vu des cas de cannibalismes entre ours, plutôt que de mourir de faim et de froid, on mange ce qu'il y a de disponible.

Dans le Golfe Saint-Laurent, c'est la reproduction des phoques qui est menacée. Les femmes doivent accoucher dans les prochains jours et ce sera la bataille pour trouver des surfaces de glace. Ce n'est pas la première fois que ça se produit. D'aussi loin qu'on se rappelle, une fois tous les dix ans, il y a une forte baisse de natalité à cause d'un hiver presque sans glace dans les zones favorables. Mais dans la dernière décennie, c'est la troisième fois que cela se produit. Remarquez que le troupeau n'est absolument pas menacé, les phoques sont en surnombre et une année sans va simplement réduire l'énorme pression qu'ils exercent sur les populations de poissons trop pêchés.

Un couple d'amis sportifs adeptes du plein air, ayant 4 adolescents, se sont noyés près de Rimouski, à cause de glaces trop minces, là où ils se baladent chaque année depuis toujours. Des signes, plusieurs signes du grand changement. Cela ne prouve pas le changement climatique, cela peut être un phénomène météo particulier. Mais autant d'eau libre qui absorbe les rayons du soleil plutôt que les refléter comme le ferait la glace, entraine un effet de rétroaction à long terme.

Une étude de l'Université Laval vient tout juste de sortir, qui démontre que le pergélisol dans le Nunavik a reculé de 130 kilomètres en cinquante ans. Ça, c'est une preuve indiscutable.