L'agriculture Haïtienne

Préval fait un appel aux organismes internationaux pour redémarrer la production agricole Haïtienne. La mécanique de l'appauvrissement.

Haïti, terre d'origine volcanique, avec des plaines alluvionnaires et un bon régime pluvial, réunit des conditions presqu'idéales pour la production agricole. De plus, des zones de montagnes permettent des cultures variées et une utilisation très efficace des ressources hydriques. D'ailleurs le développement premier de l'Ile s'est construit autour de grandes exploitations agricoles très profitables.

Haïti exporte toujours des fruits et du café. Mais depuis quinze ans on voit la balance commerciale entre les importations et les exportations agricoles se détériorer. En 1970, les exportations étaient supérieures aux importations, en 95 les entrées ne représentaient plus que 15 % des sorties, et en 2004, 8 % et en 2008, 5%. On comprendra facilement qu'acheter pour 500 millions de dollars de nourriture à l'étranger, constitue la première sortie de devises pour ce pays très pauvre, et le principal frein au développement.

Le premier aliment consommé est le riz. Il y a moins de 20 ans, le pays était presque autosuffisant en ce qui concerne la production du riz. Mais en 1995, lorsque la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont réduit les taxes sur le riz importé (de 50 pour cent à 3 pour cent), du riz subventionné et bon marché provenant des États-Unis a commencé à inonder le marché haïtien. Au départ, les consommateurs urbains ont bénéficié des importations peu chères, mais celles-ci ont fait plonger la production nationale du riz. Aujourd’hui le Haïti importe 80 pour cent du riz qu’il utilise alors que les prix mondiaux ont doublé.

Même en tentant de développer les rizières, le coût des engrais importés est tellement prohibitif qu'on arriverait que très difficilement à rencontrer le prix du riz subventionné américain. Il faudrait hausser le coût des taxes, mais jamais le FMI ne le permettra.

On pourrait tenter du côté des légumes, qui pourraient être une bonne solution pour nourrir les campagnes. Mais les petits producteurs agricoles ne sont pas propriétaires des sols, et sans cadastre ni titres de propriété, c'est difficile d'obtenir un prêt pour développer la production, et le fermier n'a aucun avantage à faire une gestion à long terme des surfaces cultivées. Une réforme cadastrale et agricole est nécessaire mais la bourgeoisie nationale ne le permettra jamais.

L’agriculture, qui emploie plus de 60 pour cent des ouvriers haïtiens, est l’un des secteurs les plus touchés par la politique de libéralisation du commerce. La FAO calcule qu’environ 830 000 emplois ont été éliminés en Haïti ces dernières années ( avant le tremblement de terre), surtout dans l’agriculture.

De plus, l'absence d'infrastructure routière et le manque d'un système de distribution fait que plus de 50% de la production agricole nationale, n'atteint jamais le marché.

Je pourrais continuer longtemps cette déprimante énumération. Je voulais simplement souligner que la misère et la faim ne sont pas du à la volonté d'un dieu méchant, ni à des accidents naturels, mais à un système financier qui fait que les pays riches sont de plus en plus riches, et que les pays pauvres sont de plus en plus pauvres.