C'est la faute de l'école

Avez-vous remarqué que tout va mal et que c'est toujours la faute de l'école ? Pour Hortensia et tous les autres qui en pleurent parfois.

J'ai à pondre un texte sur la campagne du gouvernement canadien sur la littératie financière. L'école ne formant pas les jeunes aux questions économiques, le gouvernement canadien fait une campagne pour dire aux citoyens qu'il est important de s'occuper des sous. C'est vrai que je fais campagne pour s'occuper d'autres choses que les sous, je ne suis pas objectif.

Juste le barbarisme « littératie financière » pour parler de culture économique, me fait dire que l'école canadienne est un échec évident, et que de choisir un fonctionnaire capable de pondre une bêtise pareille démontre que nos élites ne sont plus ce qu'elles étaient.

Mais c'est vrai, si les boutons n'ont pas tous quatre trous c'est aussi la faute de l'école, comme les viols, le désengagement, la méconnaissance de l'histoire, l'absence de culture scientifique et la pluie le samedi. Et bien sûr, l'école coute trop cher et c'est à cause de ces salauds de profs, trop payés et avec deux mois de vacances qui ne foutent jamais rien. Je me demande comment il se fait que ces gens qui n'en font jamais une, soient si nombreux en épuisement professionnel, et qu'ils quittent le métier en si grand nombre.

On demande à l'école de s'occuper de nos enfants, parce qu'on a pas le temps de le faire, je suis occupé à faire de l'argent, faire tourner l'économie du pays, je suis productif moi. Mais ce que fait l'école est forcement mauvais puisque mon enfant n'est pas le meilleur du monde.

Bientôt, sur la place publique, un débat récurrent revient (pléonasme malheureusement vicieux), l'intégration scolaire. Trop d'enfants à problème de toutes natures ( santé, handicap, problème psychologique, etc.) dans les classes empêcheraient les enseignants de s'occuper convenablement de mon enfant qui lui, bien sûr, n'a pas de problème. Enfin pas un problème assez sérieux pour le mettre dans une classe spéciale, ghetto qui débouche sur l'exclusion à vie.

Sauf que personne ne pose l'autre problème : que demande-t-on à l'école ? Un lieu d'intégration sociale ? Cela limitera l'apprentissage. Un lieu de sélection ? Cela provoquera du décrochage. Un lieu de culture générale, mais les connaissances de bases ? De fait, l'école n'est que le miroir du compromis social et l'enseignant ne peut que s'y soumettre.

Mais ce compromis social démontre en même temps que la société québécoise réussit plutôt bien. Contrairement à ce que clament les médias et la ministre de l'éducation (qui cherche à éliminer les enfants de l'école) notre école est parmi les meilleures du monde pour les compétences en science, mathématique et assez forte en lecture (voir PISA) . C'est certainement la faute des profs qui ne foutent jamais rien.