Contre l'école de la performance

Pour appuyer le beau billet de Tili.

L'École est attaquée. On prétend que c'est parce que l'état n'a plus les sous pour maintenir le système, mais ces difficultés financières n'empêchent pas les budgets militaires de continuer à augmenter. Non, sous le couvert de l'idée de « performance » et de rendre l'école « plus efficace », on veut recentrer l'école dans sa fonction première, construire la différence entre les riches et les pauvres, les patrons et les employés, les maitres et les esclaves.

L'exemple français est loin d'être unique, et dans plusieurs pays avec des gouvernements de droite, la même machine à écraser obtient les mêmes résultats, des écoles qui empêcheront les enfants des pauvres de s'en sortir.

C'est aux États-Unis que la destruction de l'école publique avance le plus rapidement. Sous le couvert de rendre l'école « plus efficace » et avec le programme « No child left bewind » le nombre moyen d'enfants par classe est passé de 26 à 32 au primaire. Avec la crise financière (et c'est à se demander quel est le rapport) les villes et les états de plus en plus désargentés congédient massivement les enseignants. Par exemple, Détroit vient de décréter la fermeture de la moitié des écoles et de porter le nombre moyen d'enfants par classe à 64. Les classes existantes ne sont évidemment pas conçues pour contenir 64 enfants, mais ce n'est pas grave, beaucoup d'enfants inscrits ne se présentent pas en classe, et les enfants des parents qui ont des sous, les enverront à l'école privée. On voit bien que c'est une grosse économie...

Le choix est entre une école qui tente de donner une chance égale, on une école qui sélectionne. Je ne crois pas qu'on réussisse une école qui donne vraiment une chance égale, mais on peut tenter de le faire, en s'occupant des enfants qui ont plus de difficultés. Les enfants brillants (au moins 30% à mon avis), n'ont pas besoin de l'école pour apprendre à lire et à écrire. Ils en ont beaucoup besoin pour apprendre les codes sociaux et se faire des copains. Par contre, les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, il y en a de plus en plus, ont besoin d'un encadrement particulier que seule l'école peut fournir.

Désinvestir dans l'école produit l'effet inverse, ceux qui ont des difficultés en auront de plus en plus, avec comme résultat que ces jeunes ne seront pas les ouvriers spécialisés dont nous avons besoin, parce qu'ils n'auront pas la formation et l'estime de soi nécessaire.

La France, ce n'est pas les États-Unis et l'école publique française me semble toujours capable de former les jeunes ouvriers. Mais il ne faut pas baisser la garde parce que rapidement vous vous retrouverez dans la même situation.

Allez lire le billet de Tili.