Ode à Montréal

Oui, j'aime Montréal.

J'écrivais : Oui Montréal est une fille, une fille qui aime tellement la danse et la fête. Une Punkette, un peu vieille pour ce rôle, mais qui refuse de l'admettre. L'important, c'est que la fête dure au-delà du raisonnable, et pour cela elle est prête à braver tous les temps et tous les dangers.

Je suis un lève-tôt, alors je la vois qui retourne se coucher, le maquillage a coulé, elle est fatiguée après cette nuit où elle a dansé pour qu'arrive un printemps, où elle a aimé pour que ce soit le printemps, aimé dans un lit de hasard peut-être et peu importe pourvu qu'on aille au bout de ce qui est possible.

Parfois je la vois le soir, parée d'argent sur cuir, audace et provocation, affirmation de sa force, de sa volonté d'être malgré tout. Un excès qui l'empêche d'être vraiment aussi belle qu'elle ne l'est. Mais il faut nier ses craintes et sa douleur, il faut un masque, une image, emprunter une énergie pour que passe la nuit.

 

En ce printemps qui se fait encore désirer, elle a toujours autant d'énergie et marche la tête haute, dans les rues sales peut-être, mais sans crainte. Un seul meurtre en trois mois se désole presque un quotidien populiste qui voudrait faire son beurre de la misère urbaine. Montréal est probablement la ville la moins violente du monde. Je me souviens d'un ami partant pour deux semaines en laissant sa porte ouverte par erreur, sans se faire voler.

 

Lausanne est un jeune homme de campagne qui aimerait s'encanailler, mais la tradition et sa bonne éducation l'empêche de s'éclater. Paris, une trop belle dame qui monte dans sa limousine en jetant un regard méprisant sur le petit peuple qui la siffle. Je préfère le petit peuple aux beaux quartiers.

 

J'aime Montréal et les Montréalais qui marchent souvent pressés mais très souvent souriant. On dit que la misère est plus douce au soleil… pas sûr, dans cette ville du Nord au climat si changeant et souvent trop froid, il y a de la misère comme partout, mais la misère est plus douce quand la plupart des humains voient les autres comme des humains.

 

Bien sûr, la ville n'est pas un bon endroit pour un ours. Je suis de la forêt et j'ai hâte d'y retourner. Mais un peu coincé pour vivre en ville, Montréal me va très bien.