Les yeux de la princesse

J’ai reçu des beaux messages pour mes deux billets sur la Princesse de la Toundra. Plusieurs parlaient de ce regard si particulier qui contribue à l’autorité du couple royal. Il y a un truc.

Bien sûr les strigidés sont des oiseaux très impressionnants. Hiboux, chouettes, certains s’appellent même Effraies. La plus part ont même cultivé des cris particulièrement glaçants qui fixent la souris de peur. Il faut les en remercier, sans cela il y a longtemps qu’il n’y aurait plus de place pour les humains sur terre. Les souris auraient pris toute la place disponible.

Pour voir une souris qui court dans l’herbe durant la nuit, il faut des yeux d’une qualité remarquable. Les strigiformes sont d’abord des oiseaux de nuit. Si certains chassent le jour, ce n’est qu’une question d’adaptation. Les chouettes préfèrent le Nord, et dans le Nord, l’été il fait jour.

La performance de la vision du harfang est stupéfiante. Son yeux est presqu’aussi gros que celui d’un humain, mais le nerf optique au moins deux fois plus large. Alors il passe vraiment beaucoup plus d’information. Évidemment, il y a un prix à payer. L’œil est fixe dans l’orbite. Pour voir autour, les strigiformes doivent tourner la tête. C’est cela qui donne le caractère hypnotique au regard du harfang.

Pour voir à 30 mètres, en pleine nuit, courir une souris blanche dans la neige, il faut utiliser chaque grain de lumière. Aussi le fond de l’œil est un miroir jaune qui rend disponible toute l’information. Oukpialouk, c’est le prince aux yeux jaunes qui sait tout de son domaine.

Sur la neige brillante, les Inuit doivent porter des lunettes spéciales pour éviter la cécité de la neige. La lumière est tellement éblouissante qu’elle rend aveugle et fou les gens qui s’y exposent trop longtemps. Comment l’harfang avec ses yeux si performants à capter le moindre rayon peut-il survivre? De la même façon, ses yeux se ferment en une fine ligne et des petites plumes réflètent l’excès de lumière.